Alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 est toujours en cours dans le monde, certains pays ne vaccinent toujours pas contre le virus. Le pic du 1 milliard de doses de vaccins anti-Covid administrées dans le monde a été atteint le 24 avril, selon un décompte de l’AFP. Au moins 1 003 224 091 doses avaient alors été injectées dans 207 pays ou territoires, selon ce bilan basé sur des sources officielles.
La répartition reste inégale sur la planète : la vaccination est bien plus importante dans les pays à « revenu élevé » selon la définition de la Banque mondiale, qui hébergent 16% de l’humanité mais concentrent 47% des doses injectées dans le monde. Les pays à « faible revenu » se contentent, eux, de 0,2% des doses.
Et douze pays ne vaccinent pas encore : sept en Afrique (Tanzanie, Madagascar, Burkina Faso, Tchad, Burundi, Centrafrique, Erythrée), trois en Océanie (Vanuatu, Samoa, Kiribati), un en Asie (Corée du Nord) et un dans les Caraïbes (Haïti). Il y a parmi eux plusieurs cas de figure.
*Ceux qui attendent de recevoir des doses de vaccin
Plusieurs de ces pays bénéficient du dispositif Covax, un partenariat public-privé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en collaboration avec l’Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (Cepi). Cette initiative vise à apporter une aide à 92 pays pauvres en leur fournissant gratuitement des vaccins, entre autres. Mais Covax souffre de lenteurs considérables. Le programme devait atteindre le chiffre de 100 millions fin mars ; seules 40 millions de doses avaient été distribuées à la mi-avril.
Dans les îles d’Océanie, on attend aussi les doses. Le 9 avril, 24 000 doses d’AstraZeneca ont été livrées à Samoa, rapporte l’OMS ; 79 200 sont attendues au total. Toutefois, il n’est pas fait mention du début de la vaccination. L’Australie s’est également engagée à procurer des vaccins contre le Covid-19 à ses alliés du Pacifique, dont les îles Kiribati, Samoa et Vanuatu. En mars, le gouvernement a annoncé un plan de distribution d’un million de doses à partir du mois de mai ; toutefois, ce plan risque d’être retardé par les inquiétudes et les enjeux diplomatiques autour d’AstraZeneca, comme le rappelait The Diplomat en mars. Par ailleurs, la distribution peut s’avérer compliquée dans les pays constitués de multiples îles, comme le rappelle Slate dans un article sur la vaccination dans le Pacifique.
Le Burkina Faso, qui a validé un le 11 avril un plan « d’introduction du vaccin », doit bénéficier de l’aide Covax. Le 19 avril, le ministre de la Santé Charlemagne Ouédraogo a annoncé que le pays allait recevoir 1,5 million de doses d’AstraZeneca via Covax, sans donner de date.
Quant à Madagascar, elle attend les premières doses du dispositif Covax pour le 7 mai, rapporte RFI. L’État insulaire va recevoir le vaccin Covishield, de la marque AstraZeneca, qui se conserve entre 2 et 8 degrés. La vaccination est pour l’instant sur inscription et réservées aux soignants, aux forces de l’ordre et aux personnes âgées. D’autres doses doivent arriver dans le pays en septembre, via l’Union africaine. Dans un premier temps, les autorités de Madagascar refusaient le vaccin, l’exécutif encourageant l’utilisation de Covid Organics, une « tisane anti-covid » de traitement curatif et préventif contre laquelle l’Organisation mondiale de la santé avait mis en garde (OMS). Le chef de l’Etat Andry Rajoelina a finalement donné le feu vert pour le vaccin le 26 mars, après concertation avec les membres de l’académie nationale de médecine de Madagascar.
*Ceux qui ne comptent pas vacciner
Le gouvernement de la Tanzanie a fait parler de lui à maintes reprises depuis le début de la pandémie, le président John Magufuli ayant fait savoir son scepticisme face à la réalité de la situation sanitaire. Le 1er février, la ministre de la Santé tanzanienne, Dorothy Gwajima, avait déclaré que le pays ne commanderait pas de vaccin, rapporte Courrier international. Et ce, alors que la Tanzanie est incluse dans le dispositif Covax. Mais la situation pourrait changer après le décès inattendu du président Magufuli, le 18 mars, de « complications cardiaques ». Ses opposants avaient affirmé la semaine précédente qu’il avait attrapé le Covid-19, sans que cela ne soit confirmé. Selon Clemens Schwanhold, membre de l’ONG ONE interrogé par le média allemand DW, il est possible que la nouvelle présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, commande des vaccins. Mais ceux-ci pourraient alors mettre « plusieurs mois, au mieux plusieurs semaines » avant d’arriver.
Le Burundi n’est pas inclus dans l’initiative Covax de l’OMS, à la suite d’une décision de ses dirigeants, selon l’agence AP. Le ministre de la Santé burundais, Thaddée Ndikumana, a déclaré le 4 février que la prévention était plus importante et quétant donné que 95% des patients sont en voie de guérison, nous estimons que les vaccins ne sont pas encore nécessaires ». Les autorités érythréennes semblaient également réticentes, au mois de mars, à l’idée de la vaccination et n’avaient pas rendu les documents nécessaires à l’initiative Covax, selon la plateforme d’information Devex.
*Ceux qui sont dans une situation instable
En Haïti, actuellement marqué par une crise politique et une grande insécurité, les doses AstraZeneca du programme Covax sont attendues pour la mi-mai, rapportait Euronews le 8 avril. Mais le ministère de la Santé n’est pas certain d’avoir de quoi stocker et utiliser correctement les vaccins. « Si j’avais reçu trois millions de doses de vaccins, d’abord trouverions-nous un endroit sûr pour le stockage ? Ensuite, avons-nous la capacité d’utiliser toutes les doses avant qu’elles n’expirent ? Car lorsque vous recevez les vaccins et que vous commencez à les utiliser, ils peuvent expirer. Nous devons connaître tous ces détails avant de pouvoir commencer à recevoir les vaccins et dire que les gens peuvent se faire vacciner », expliquait alors Lauré Adrien, directeur général du ministère de la Santé d’Haïti.
De même, en République centrafricaine et au Tchad, des doses d’AstraZeneca doivent être livrées dans le cadre du dispositif Covax. Mais la Centrafrique est en guerre, tandis qu’au Tchad, le président Idriss Déby Itno a été tué le 19 avril dernier lors d’un combat contre une rébellion armée. Son fils a pris sa suite, dans ce que des opposants voient comme « un coup d’État institutionnel ». Difficile, donc, de savoir quand les vaccins pourront être livrés puis distribués dans ces contextes instables.
*Ceux pour lesquels il n’y a pas ou peu d’information
Pour plusieurs des pays précédemment cités, il est difficile d’avoir des informations précises sur l’absence de campagne de vaccination. C’est d’autant plus dur au sujet de la Corée du Nord, qui a fermé ses portes avec le reste du monde depuis le début de la pandémie. Le 6 avril, le ministère des Sports nord-coréen a fait savoir que le pays ne participerait pas aux 32e Jeux olympiques, à Tokyo. Selon l’Alliance du vaccin, la Corée du Nord a demandé à bénéficier de doses dans le cadre de Covax. Depuis, aucune information n’a été donnée sur le déploiement du programme dans le pays.
(L’Express)