Covid-19 : un vaccin déjà testé sur l’humain en Chine

Un chercheur travaille sur le vaccin contre le Covid-19 dans les laboratoires de Sinovac Biotech en Chine.

La Chine annonce débuter des essais cliniques sur l’être humain, en phase II, pour deux vaccins contre le SARS-CoV-2. Une annonce surprenante compte tenu du temps incompressible nécessaire pour mettre au point un vaccin.
La Chine annonce débuter des essais cliniques sur l’être humain pour deux vaccins contre le coronavirus Covid-19. Le premier est développé par la société pharmaceutique chinoise Sinovac Biotech, cotée au Nasdaq et l’autre par l’Institut de produits biologiques de Wuhan et l’Institut de virologie de Wuhan. Les deux équipes ont reçu le feu vert de l’agence chinoise des médicaments et de la sécurité alimentaire, l’équivalent en Chine de notre Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM.) « La vaccination de sujets durant la phase 1 des essais cliniques et le recrutement de volontaires pour la phase 2 des essais cliniques a commencé le 9 avril » 2020,  a déclaré Wu Yuanbin, un responsable du ministère chinois de la Science et de la Technologie, lors d’un point de presse.
Les deux vaccins utilisent des agents pathogènes inactivés. Les vaccins inactivés sont bien connus des scientifiques. Ils contiennent un fragment de l’agent infectieux (sa paroi ou sa toxine), rendus inactifs grâce à un produit chimique ou grâce à la chaleur. Ils sont totalement inoffensifs mais parviennent tout de même à provoquer une réponse du système immunitaire. C’est par exemple le cas des vaccins contre le tétanos, la coqueluche, la grippe les hépatites A et B et bien d’autres encore.
Concernant les vaccins chinois, « il s’agit des premiers vaccins contre le coronavirus au monde à entamer les études cliniques de phase 2 », a ajouté Wu Yuanbin. La phase 2 correspond au deuxième volet de tests nécessaires pour s’assurer de l’efficacité et de l’innocuité d’un vaccin. Il y en a trois en tout. La première phase, à laquelle participent quelques dizaines de volontaires en bonne santé, permet de tester la tolérance de l’organisme à la substance concernée, d’évaluer la réponse du système immunitaire et de surveiller les effets indésirables. La deuxième prend généralement place dans une partie du monde touchée par la maladie et inclut plusieurs centaines de participants, dont d’avantage appartiennent à des groupes à risque (maladies respiratoires, cardiopathies, diabète etc.). Enfin, la troisième phase examine l’efficacité du vaccin chez plusieurs milliers, voire dizaines de milliers de personnes au profil sanitaire large.
*Fabriquer un vaccin prend du temps
Avec une épidémie qui s’est déclarée à la toute fin 2019 en Chine, les experts et les équipes de recherche ont estimé qu’un vaccin ne serait pas disponible avant la mi-2021. « Le vaccin est quelque chose sur le long terme, car cela pourrait prendre jusqu’à 12 ou 18 mois. C’est se préparer à la pire des situations », a déclaré son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus, le président de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En France, l’Institut Pasteur prend encore plus de précautions et explique que dans le meilleur des cas, un vaccin contre le virus SARS-CoV-2 sera disponible dans 20 mois, soit la fin de l’été 2021.
La fabrication d’un vaccin constitue un processus long, jalonné de plusieurs étapes dont la durée s’avère parfois incompressible, en témoigne la durée nécessaire pour mettre au point un vaccin contre la grippe. Une maladie qui revient pourtant tous les ans. « Après l’identification et l’isolement d’une nouvelle souche de virus grippal susceptible de donner lieu à une pandémie, il faut environ 5 à 6 mois pour pouvoir commencer à se fournir en vaccins homologués. Ce délai est nécessaire parce que le processus de fabrication comporte de nombreuses étapes, chacune d’entre elle nécessitant un certain temps », explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Identification du nouveau virus, préparation de la souche vaccinale puis vérification de cette souche, préparation des réactifs (qui permettent aux fabricants de s’assurer qu’ils fabriquent bien la bonne dose), mise en culture, fabrication d’un vaccin en gros, contrôle qualité et études cliniques… autant d’étapes répétées chaque année par l’OMS et les centres médicaux avec lesquels elle collabore.
*D’autres projets dans la course, en Chine et ailleurs
Mis à part ces deux vaccins utilisant des agents pathogènes inactivés, la Chine travaille sur d’autres projets. Le pays s’est aussi lancé dans la mise au point de vaccins utilisant des virus de grippe atténués ou encore des acides nucléiques. Le premier, le vaccin vivant atténué, contient, comme son nom l’indique, un pathogène vivant mais son administration n’entraîne pas la maladie. Au pire, une forme bénigne. Inconvénient de ce type de vaccin : comme il contient un agent infectieux vivant, il est contre-indiqué chez les femmes enceintes ou les personnes immunodéprimées.
Le BCG, le ROR (rougeole oreillons rubéole) ou encore la vaccin contre la fièvre jaune font partie des vaccins vivants atténués. Les vaccins basés sur les acides nucléiques, eux, se servent de l’identité génétique du virus. Il s’agit de délivrer une molécule d’ADN contenant un gène qui empêchera le virus de se multiplier dans les cellules hôtes, stoppant ainsi l’infection. Ces deux types de vaccins sont actuellement en cours d’évaluation sur les animaux et devraient être présentés en avril et en mai pour recevoir la permission de démarrer des essais cliniques selon le ministère chinois de la Science et de la Technologie.
En dehors de la Chine, le laboratoire américain Moderna semble être un des plus avancés jusque là. La firme se sert de l’ARNm ou ARN messager, l’intermédiaire entre l’ADN et les protéines qu’il code, sert à synthétiser la protéine du SARS-CoV-2 qui compose les spicules en surface du virus, ces éléments en forme de pointe avec lequel il s’accroche aux cellules hôtes. Moderna a commencé son test clinique du ARNm-1273 seulement deux mois après que la séquence génétique du vaccin a été identifiée. Si les résultats sont positifs, Moderna voudrait lancer avant l’été une phase II – incluant des dizaines de volontaires – et, dès l’automne, une phase III comprenant des centaines de participants.
Les laboratoires pharmaceutiques, petits ou grands ainsi que les instituts de recherche sont nombreux à s’être lancés la course au vaccin à travers le monde. Un récent rapport de la revue spécialisée Nature recense, en tout, 115 projets de vaccins.
(Sciences et Avenir)

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