Fleuron de l’économie tunisienne, l’industrie pharmaceutique traverse une très mauvaise passe aujourd’hui, et ce depuis plusieurs années. Intervenant dans Midi Show ce jeudi 24 août 2023, le président du syndicat des Pharmacies d’officine, Naoufel Amira, est revenu sur cette crise, et sur d’autres points essentiels: l’avenir des jeunes pharmaciens, le projet d’amendement de la loi relative au métier des pharmacies, la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT), la pénurie des médicaments… Compte-rendu.
Le projet d’amendement de la loi relative aux pharmacies
Depuis fin 2022, les professionnels du métier, en collaboration avec le ministère de la Santé, ont déposé un projet d’amendement de la loi 55-73 relative au métier de pharmacien en Tunisie. L’objectif est de moderniser le secteur et, aussi, d’ouvrir de nouvelles perspectives pour les étudiants. Bientôt, le texte devrait être soumis à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Cela devait être le cas à l’époque de l’ancienne ministre Sonia Bechikh.
Les jeunes pharmaciens gênés par la transmission générationnelle
La loi va réguler le métier, ce qui devrait ouvrir de nouvelles perspectives pour les jeunes pharmaciens selon Naoufel Amira. Ces derniers, comme l’a rappelé Elyes Gharbi lors de l’émission, se plaignent du transfert générationnel des pharmacies. « Le jeune doit être pharmacien dans tous les cas. Il y a des listes d’attente. D’un autre côté, il faut garantir une répartition légale des pharmacies. Il s’agit d’amener les pharmaciens à s’installer dans les régions intérieures. Si on libéralise le secteur, certaines zones seront privées de pharmacies », a-t-il expliqué, et d’ajouter: « par la force de la loi – et c’est un système transparent -, les pharmacies sont tenues de s’installer dans ces zones ».
Les pharmacies de service
C’est un autre point soulevé par Naoufel Amira. La loi oblige les pharmacies à indiquer les établissements qui sont ouverts les week-ends et les jours fériés. « Il faut accrocher la feuille d’annonce, sans quoi l’établissement sera en infraction », a-t-il dit.
La pénurie des médicaments et la situation de la PCT
D’autre part, l’inévitable question du marché des médicaments a été évoqué avec Naoufel Amira dans Midi Show. Aujourd’hui, ce marché fonctionne bien à 60% – les industriels -, mais ce n’est pas le cas des autres 40%, à savoir la PCT. Il y a une crise et il faut rétablir la confiance selon Amira, qui affirme qu’il faut commencer désigner un PDG de la PCT.
Le patient a besoin de médicaments. Or, le Tunisien n’est pas habitué à la situation actuelle. Il a l’habitude de trouver son médicaments selon le pharmacien. De plus, il n’a pas toujours accès aux derniers médicaments du marché à cause de deux facteurs: l’octroi tardif des autorisations de mise sur le marché (AMM) et la prise en charge des médicaments.
La PCT, un acquis à ne pas céder
Pour la PCT, 90% des problèmes sont d’ordre financier, contre 10% au niveau de la gouvernance. Aujourd’hui, rappelle Naoufel Amira, l’institution est endettée à hauteur de 800 millions de dinars. Malgré la situation difficile, elle la garante du bon fonctionnement du marché. C’est elle qui veille sur la qualité des produits et sur les prix. Elle est aussi un rempart à la contrebande qui, dans certains pays, représente 40% du marché. « Il ne faut pas la privatiser », a-t-il déclaré.
En Tunisie, poursuit encore Naoufel Amira, n’a pas de problème au niveau de la contrefaçon de médicaments. Qu’en est-il, dans ce cas, des perspectives d’avenir? Pour le pharmacien, il faut encourager l’industrie locale, apporter une aide au niveau des prix – qui sont bloqués depuis 30 mois – et prendre certaines mesures au sein de la PCT.