La crise des œufs bat encore son plein et les tentions entre l’autorité de tutelle et l’Union tunisienne d’agriculture et de la pêche (UTAP) se sont amplifiées depuis la saisie de 1 million d’œufs le week-end dernier.
Intervenant dans la Matinale de Shems FM ce mercredi 2 janvier 2019, le président de l’UTAP, Abdelmajid Ezzar, considère que le ministère du Commerce cherche à faire le buzz et que ses agissements sont « populistes ». « La saisie de 1 million d’œufs n’a rien de spectaculaire, sachant que la consommation mensuelle est de 150 millions d’unités. La saisie a été effectuée chez des producteurs qui n’avaient pas l’obligation de liquider leurs stocks. Ces producteurs sont déclarés, au même titre que leurs productions. On leur demande d’assurer un stock de 50 millions d’unités pour le Ramadan. Il y a donc un problème. Le ministère fait sa propagande . Qualifier les producteurs d’accapareurs est incompréhensible. D’un autre côté, on ne peut se permettre d’effectuer des descentes dans les sites de production pour des raisons sanitaires », a-t-il lâché au micro de Hamza Balloumi.
Dans ce contexte, le président de l’UTAP a appelé les éleveurs à ne plus vendre à perte. « C’est le cas aujourd’hui. Le ministère veut détruire la filière comme il l’a fait avec la filière laitière. Le problème, c’est le prix. Il faut une hausse des prix car la production coûte cher », a-t-il encore ajouté.
« Certains producteurs emploient des méthodes douteuses pour hausser les prix »
Suite à ces déclarations, la réponse du ministère du Commerce n’a pas tardé. Intervenant dans la même émission, Karima Hammami, directrice générale de la Concurrence et des enquêtes économiques, a assuré que la loi permet aux brigades de contrôle d’effectuer des descentes, de jour comme de nuit. « Nous ne cherchons pas le buzz et nous ne sommes pas populiste. Les œufs qui ont été saisis sont frais. Les producteurs ont refusé de les injecter sur le marché au prix de 840 millimes le lot de 4 unités. Ils comptaient les revendre, après les avoir emballés, à des prix élevés dans les grandes surfaces alors que ce sont des œufs qui devaient être vendus en vrac », a-t-elle expliqué.
La directrice générale a, d’un autre côté, assuré que le prix de production est de 195 millimes l’unité, démentant ainsi les affirmations du président de l’UTAP : 207 millimes. « Nous avons publié les photos de la saisie. Certains producteurs ont recours à des méthodes douteuses pour vendre les œufs à des prix élevés. Abdelmajid Ezzar défend l’intérêt des producteurs et les siens. Nous le comprenons. Pour notre part, nous défendons l’intérêt des citoyens », a-t-il conclu.