Selon notre confrère Afif Kchouk, hôtelier et homme de communication, donc acteur de premier plan en la matière, la situation touristique actuelle dans notre pays serait dramatique.
Nous sommes pratiquement à la fin mai, c’est dire que la haute saison est déjà là, alors qu’un grand nombre d’hôtels sont encore fermés, que les réservations sur la destination Tunisie n’ont pas vraiment redémarré depuis le 18 mars, que les tour-opérators en sont encore à rechercher des soldes sur les prix pouvant atteindre 50%.
Le ministère du Tourisme peine à mettre en place une communication appropriée à la situation, notamment sur les marchés les plus intéressants à savoir la France et l’Italie notamment, mais aussi l’ensemble des pays de l’Europe occidentale. Peu d’informations sont communiquées à propos des réunions organisées avec les représentants de l’ONTT à l’étranger.
Les observateurs avertis constatent qu’il y a toujours une sorte de divorce, sinon une étanchéité entre le ministère du Tourisme et les professionnels du secteur en l’occurrence FTH, FTAV et transporteurs aériens, alors qu’il faudrait, surtout en ces moments difficiles, beaucoup de concertation et de coordination, voire une stratégie commune afin de réaliser des synergies de relance de l’activité. L’impression qui prévaut est plutôt une courtoisie protocolaire de circonstance, peu utile et même contre performante.
A ce propos, le sondage réalisé au début de ce mois par notre confrère Tourisme Infos est significatif à plus d’un titre.
55% des sondés, soit une majorité confortable, pensent que les priorités décidées par le ministère ne vont pas relancer l’activité touristique.
61% des sondés ne sont pas au courant, qu’une nouvelle campagne de publicité a démarré le 12 avril.
Une majorité plus confortable encore, soit 67% des sondés pense que la communication de crise et les actions promotionnelles menées depuis le 18 mars, n’ont pas redonné confiance aux touristes et n’ont pas relancé les réservations.
La même proportion d’acteurs touristiques sondés pense que l’activité touristique ne va retrouver d’ici fin 2015 son rythme normal.
Le moins que l’on puisse dire c’est que les acteurs du tourisme n’ont pas le moral, qu’ils ne sont pas au diapason avec les décisions du ministère, qu’il n’y a pas de circulation interne de l’information dans le secteur. Tout cela ne milite pas en faveur d’une relance rapide d’un secteur vital pour notre économie.
A la question : “que faut-il faire pour relancer le tourisme ?” posée à tous les sondés, les réponses différent, mais il y a un consensus sur un certain nombre de mesures. Réinstaurer la sécurité et la propreté de l’environnement, poursuivre le programme de mise à niveau des hôtels, renforcer la formation professionnelle et améliorer la qualité des prestations de service dans les hôtels, multiplier les évènements culturels et touristiques et inviter TO et journalistes, développer le I. Marketing et I. réservations, et renforcer le budget de communication en diversifiant les produits touristiques.
Mais quelles sont les priorités décidées par le ministère du Tourisme le 12 avril ?
– Mise à la disposition des entreprises touristiques des facilités bancaires saisonnières.
– Prise en charge par l’Etat de la cotisation patronale des agences de voyages de Tozeur et Kebili au profit de la CNSS.
– Adoption du plan d’aménagement de la zone touristique Fej El Atlal à Aïn Draham.
– Ouverture de l’espace aérien (Open Sky) pour les aéroports de l’Enfidha et Monastir.
– Octroi des autorisations pour la réalisation de résidences rurales et d’espaces d’animation touristiques dans des exploitations agricoles.
On peut conclure que la majorité des acteurs touristiques, ceux qui agissent sur le terrain au contact de la clientèle, ceux qui font le tourisme et en vivent directement et indirectement, qui souffrent des problèmes et connaissent les solutions, ne sont pas au courant des priorités décidées par le ministère et ne croient pas à la relance de l’activité touristique, selon les prescriptions du ministère.
Il y a là une situation grave qui mérite une prise de conscience urgente et un sursaut salvateur. Loin de nous toute pensée pessimiste, nous pensons qu’il est encore temps de sauver la saison à condition d’agir vite dans le bon sens.