La crise sanitaire a lourdement impacté les entreprises et il faudra s’attendre à ce que la situation de l’après-crise soit tout aussi difficile. L’État, dans ce contexte, a débloqué des plans de sauvetage pour sauvegarder les emplois et les entreprises. Plusieurs mécanismes ont été mis en place, à l’instar des crédits de gestion, d’exploitation et d’entretien.
Intervenant dans Expresso ce lundi 11 mai 2020, le ministre des Finances, Mohamed Nizar Yaiche, a indiqué que ces crédits seront octroyés par les banques jusqu’au 31 décembre 2020. Il s’agit, au total, d’une enveloppe de 1,5 milliard de dinars. Le remboursement se déroulera sur une période de 7 ans avec deux années de grâce. Les entreprises intéressées, selon le ministre des Finances, doivent contacter leurs banques respectives. Ces crédits, explique-t-il encore, seront garantis par l’État à hauteur de 70 à 90% de la valeur totale.
Le secteur du bâtiment ne sera pas en reste et il est aussi concerné par l’aide de l’État. Mais il existe une question qui se pose inévitablement : l’État sera-t-il capable d’assurer toutes ces dépenses ? Pour le ministre des Finances, il est clair que l’exercice 2020 de son budget sera difficile. Toutefois, il assuré que les pouvoirs publics feront de leur mieux dans l’objectif d’assurer la survie et la pérennité des entreprises, notamment créancières de l’État. Cependant, il n’a pas exclu le risque de ne pas pouvoir honorer les engagements de l’État vis-à-vis de ses créanciers aussi bien pour 2020 que pour 2021. « Dès que possible, nous allons entamer le remboursement de nos dettes », a-t-il souligné.
Qu’en est-il, par ailleurs, des sommes astronomiques levées par les pouvoirs publics et reçus sous forme de don afin de faire face à la crise sanitaire ? D’après Mohamed Nizar Yaiche, il n’y a que les 745 millions de dollars du FMI (Fonds Monétaire International) et le prêt de l’Italie qui ont été décaissés. Le reste, ce sont de promesses. « N’oublions pas pas qu’il s’agit de crédits », a-t-il rappelé.
La problématique de ces crédits a, rappelons-le, été soulevée par de nombreux observateurs. Les citoyens, pour leur part, s’interrogent sur la bonne gestion de ces millions de dinars. Ce sont des interrogations légitimes. La Tunisie sera-t-elle capable de rembourser tous ces crédits ? Ne risque-t-on pas de faire face à la rigueur budgétaire et à la hausse d’impôts dans les prochaines lois de finances ? Plus important encore : ces fonds seront-ils bien gérés ?