L’actualité a été très mouvementée ces dernières semaines avec le blacklisting de la Tunisie et les indicateurs économiques et financiers alarmants. Pour mettre fin aux critiques sur son mutisme, le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est exprimé la soirée de ce dimanche 25 février 2018 dans un entretien accordé à Al Watanya 1. Listes noires, guerre contre la corruption, remaniement ministériel, compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), autant de sujets sur lesquels le Chef du gouvernement s’est expliqué.
« Le plus grand dossier de corruption sur le point d’être ouvert »
Sur la classification de la Tunisie sur la liste noire des paradis fiscaux, Youssef Chahed considère que c’était « anormal ». De fait, il est inconcevable, selon lui, que le pays soit classé sur cette liste, pour en être retiré un mois plus tard. Concernant le blacklisting parmi les pays à risque en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, le Chef du gouvernement a rappelé que le Groupe d’Action Financière (GAFI) ne s’est rendu en Tunisie qu’en 2015, soit avant l’adoption de la loi antiterroriste qui n’a pas été prise en compte dans le rapport de l’institution.
C’était l’occasion de réagir sur le remplacement de Chedly Ayari par Marouane Al Abassi à la tête de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Sur ce point, le Chef du gouvernement a été aussi avare en explications comme il l’était avec les blacklisting : « Chedly Ayari est une personnalité nationale et personne ne peut remettre en cause son patriotisme », a-t-il assuré.
Il s’est exprimé, d’un autre côté, sur l’affaire de la Banque Franco-Tunisienne (BFT). Selon Youssef Chahed, personne n’a évoqué le sujet. « Le dossier sera ouvert dans les prochains jours et il sera houleux. D’ailleurs nous risquons de faire l’objet de plusieurs attaques car il s’agit du plus grand dossier de corruption. Nous défendons la Tunisie par tous les moyens. Personne, par ailleurs, n’évoque les responsables de la faillite de la banque », a-t-il déclaré.
En parlant de corruption, justement, le Chef du gouvernement a souligné que la lutte contre la « petite corruption va commencer ». « Elle [petite corruption] touche le quotidien du citoyen. C’est la raison pour laquelle nous voulons digitaliser l’administration dans l’objectif de limiter le risque de corruption », a-t-il expliqué.
« La conjoncture économique n’est pas catastrophique »
Le Chef du gouvernement a, d’autre part, réagi à l’appel au remaniement ministériel lancé par l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). La centrale syndicale, dit-il, constitue un acteur déterminant au sein du gouvernement d’union nationale. Cependant, poursuit-il, il est difficile de travailler sur des politiques structurelles en changeant constamment de gouvernement. « Les signataires du Pacte de Carthage ont le droit de donner leurs avis, mais un remaniement relève uniquement des prérogatives du Chef du gouvernement », a-t-il dit.
Par ailleurs, sur le plan économique, la situation n’est pas catastrophique d’après Youssef Chahed. En effet, il a rappelé l’existence de plusieurs indicateurs positifs, à l’instar du tourisme, de la hausse de l’exportation et la baisse du chômage. « La situation n’est pas excellente. Nous avons fixé des objectifs réalistes que nous comptons atteindre. Les mesures douloureuses étaient nécessaires », a-t-il dit.
Revenant sur la crise de la CPG, Youssef Chahed considère que la production doit reprendre. Une stratégie doit être mise en place pour le développement de la région. Dans ce cadre, poursuit Youssef Chahed, une alternative à la CPG doit être trouvée.
Toujours à propos du gouvernorat de Gafsa, le Chef du gouvernement a déclaré que la réforme des établissements publics passe par la restructuration ou la privatisation. Cette dernière ne concernera que 10% des établissements. Quant à la restructuration, celle-ci portera sur les 90% restants par le biais d’une révision du système de gouvernance.
Municipales : les citoyens appelés à participer en masse
L’entretien accordé à Al Watanya 1 était aussi l’occasion pour Youssef Chahed de revenir sur les élections municipales, prévue en mai 2018. Il a lancé un appel aux citoyens les incitant à participer en masse au scrutin, compte tenu de son importance. Interrogé, dans ce même contexte, sur la participation de certains membres du gouvernement aux municipales, le Chef du gouvernement s’est dit étonné de l’acharnement contre Nidaa Tounes. « Un ministre est un homme politique et l’action gouvernementale n’empêche pas l’action partisane. Ce qui importe, c’est d’éviter d’instrumentaliser les ressources de l’État. Plusieurs ministres issus d’autres partis participent à ces élections », a-t-il expliqué.
D’un autre côté, il est revenu sur les critiques formulées par le président du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) sur la mainmise du pouvoir sur les médias. « Nous n’avons aucune intention d’avoir une mainmise sur la presse. Quant au projet de loi sur la liberté d’expression, il ne peut pas être retiré, car ça ne serait pas sérieux. Cependant, nous écouterons toutes les parties prenantes au débat, mais le gouvernement ne va pas retirer le texte », a-t-il assuré.
L’autre grand projet du gouvernement porte, poursuit-il, sur la simplification des démarches administratives. Cette mesure devrait entrer en vigueur, d’après le Chef du gouvernement, dans les prochains jours. « Cette simplification va porter sur la digitalisation de l’administration, réduisant ainsi les contacts humain et les risques de corruption », a-t-il encore déclaré.
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