Cueillir les fruits de la conférence sur l’investissement

La conférence sur l’investissement qui s’est déroulée la semaine dernière a été un important succès sur plusieurs aspects. D’abord, elle a permis à la communauté internationale, aux pays amis et aux institutions internationales, de renouveler leurs appuis politiques à notre pays dans cette phase importante de la transition politique. Elle a été aussi un succès par le nombre de participants avec la présence de l’Emir du Qatar, des premiers ministres algérien et français, d’un grand nombre de personnalités politiques et de responsables d’institutions internationales. Elle l’a été enfin par les annonces qui ont été effectuées par l’ensemble des participants des projets de financement et d’investissement à mettre en place dans les prochaines années dans notre pays.
Le travail le plus important commence maintenant avec la fin de la conférence et le suivi qui doit être mis par le gouvernement pour s’assurer que toutes les promesses faites par les participants trouvent leurs voies et se transforment dans des projets d’investissement concrets, capables de relancer la croissance et de créer des emplois. Et, c’est là où le bât blesse dans notre pays. Car plusieurs conférences ont été organisées et surtout des promesses ont été faites par la communauté internationale notamment dans le sommet du G8 à Deauville, sans qu’ils ne se traduisent par des réalisations concrètes, créant ainsi un énorme gap et surtout une grande frustration de la part des différents gouvernements tunisiens et des populations.
Cette expérience décevante doit nous emmener à faire du suivi des engagements pris lors de cette conférence, une grande priorité des autorités tunisiennes. A ce niveau, nous voulons suggérer trois niveaux de suivi afin de cueillir les fruits de cette conférence. Le premier niveau concerne les mécanismes à mettre en place afin de poursuivre le dialogue avec les pays et les institutions qui ont formulé des promesses. A ce niveau, il faut tirer les leçons des expériences passées et de leurs limites. Ce mécanisme de suivi doit rompre avec les mécanismes bureaucratiques du passé. Nous devons concevoir un outil dynamique composé de responsables gouvernementaux mais aussi de personnalités du monde des affaires qui ont montré leur capacité dans l’organisation de cette conférence à faire preuve d’une grande flexibilité et à se montrer attentif aux préoccupations des investisseurs étrangers. Ce mécanisme doit aussi rompre avec le passé dans ses méthodes de fonctionnement et ne peut se limiter à une réunion annuelle mais au contraire, faire du suivi des résultats de cette conférence un travail quotidien et de longue haleine.
Ce mécanisme de suivi doit se fixer au plus vite son programme de travail qui doit tourner autour de quatre axes essentiels. Le premier concerne le suivi des annonces des projets concrets qui ont été effectués qui doivent sans trop tarder trouver un début de réalisation afin de donner la crédibilité à cette conférence. Le second axe de travail concerne les annonces globales qui ont été effectuées par certains investisseurs et qui ne portaient pas sur des projets concrets. A ce niveau, nous devons présenter des projets concrets à l’attention de ces investisseurs afin de donner un contenu à leurs annonces. Le troisième axe concerne les nouveaux investisseurs qui ne sont que faiblement manifestés lors de cette conférence notamment les grandes entreprises privées et les pays émergents. A ce niveau, nous devons poursuivre un important travail patient de longue haleine afin de convaincre ces investisseurs de rejoindre ceux plus traditionnels qui connaissent notre économie et sont capables de maîtriser son risque. Enfin, le quatrième objectif est de commencer à préparer la prochaine conférence, car ces rencontres doivent devenir des rendez-vous réguliers pour les investisseurs étrangers dans notre pays.
Le second axe de suivi concerne les promesses de réformes et de changements que nous avons effectuées lors de cette conférence et qu’il faut impérativement suivre. En effet, plusieurs engagements ont été pris lors de ce rendez-vous notamment en matière de réformes économiques, de lutte contre la corruption, de maintien de la sécurité et de la modernisation de l’Administration. Ces engagements doivent être poursuivis de manière volontariste dans notre pays et nous devons communiquer et informer la communauté des investisseurs, des progrès qui ont été effectués dans chacun de ces domaines. Les progrès effectués dans ce domaine contribueront à la construction de la crédibilité des autorités tunisiennes vis-à-vis de nos partenaires étrangers.
Le troisième axe de suivi de cette conférence est relatif à l’inscription de ces réformes économiques et des choix de politique économique dans une vision et dans un projet économique à moyen terme. Le gouvernement s’est engagé à formuler ce projet économique et il est important de s’y atteler, afin d’offrir un projet et une vision économique claire qui peut séduire les investisseurs étrangers.
Ainsi, cette conférence a été un important moment de soutien à la transition politique et économique en cours de notre pays. Il est essentiel que nous puissions transformer cette manifestation de soutien en des projets concrets par un important travail de suivi.

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