Omicron, nouveau champion poids lourds. Le nouveau variant a terrassé en quelques semaines le Delta, dominateur jusqu’ici. La bascule est déjà effectuée au Royaume-Uni, au Danemark et aux Etats-Unis. Elle est sur le point de se produire en France, a averti le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, ce mercredi, à la sortie du Conseil des ministres.
Selon les données compilées par le site Covidtracker, environ 10% des nouveaux cas sont suspectés d’être liés à Omicron. Plus du double en Ile-de-France. Mais ce chiffre progresse « à vive allure », selon l’exécutif, qui estime que ce variant pourrait devenir majoritaire entre Noël et le Nouvel an. A la clé, plus de 100 000 contaminations à la journée d’après le ministre de la Santé Olivier Véran, interrogé par RMC ce mercredi.
Pour savoir ce qui attend la France dans les prochains jours, l’attention se tourne logiquement vers le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud, les deux pays les plus touchés – parmi les premiers – par cette nouvelle souche apparue pour la première fois en Afrique australe à la mi-novembre. Que disent les premières études à son sujet ? Omicron ne serait intrinsèquement pas plus dangereux que Delta. Mais sa capacité à se propager très rapidement et à passer outre l’immunité procurée par les vaccins sont des sources d’inquiétude pour les hôpitaux.
*L’Afrique du Sud s’en sort sans catastrophe…
Sur la dangerosité, le cas sud-africain est porteur d’espoir. Le pays a semble-t-il passé sa vague de contaminations due au variant Omicron, passant de près de 23 000 cas en fin de semaine dernière (en moyenne) à 18 000 ce mardi, en décroissance. Celle-ci fut la plus importante. Mais pas en ce qui concerne les cas graves et les décès. « C’était une vague courte … et la bonne nouvelle est qu’elle n’a pas été très grave en termes d’hospitalisations et de décès », a confirmé à l’agence Associated Press (AP), Marta Nunes, chercheuse principale au département d’analyse des vaccins et des maladies infectieuses de l’Université de Witwatersrand. Environ 45 décès sont enregistrés en moyenne sur place. Un nombre en légère augmentation, mais qui ne suit pas la redoutable courbe des infections.
Une étude sud-africaine publiée mardi (préprint, pas encore évaluée par les pairs), à partir de 161 328 cas de Covid-19 recensés entre le 1er octobre et le 30 novembre, semble également confirmer cette plus faible dangerosité du variant Omicron. « Les premières analyses suggèrent un risque réduit d’hospitalisation chez les individus infectés par le SGTF (Omicron) par rapport aux individus non infectés par le SGTF au cours de la même période, et un risque réduit de maladie grave par rapport aux individus infectés par Delta plus tôt », note-t-elle. « Une partie de cette réduction est probablement due à une forte immunité de la population », ajoutent ses auteurs, signe qu’Omicron n’enjambe pas toutes les barrières posées par la vaccination.
Le même schéma se répèterait au Royaume-Uni. Les admissions à l’hôpital sont à un niveau relativement faibles, aux alentours de 870 par jour, contre plus de 4000 au plus fort de la vague hivernale, il y a un an. Les entrées en services de soins critiques sont quatre fois moins nombreuses qu’au plus fort des poussées précédentes. Le Royaume-Uni bat pourtant des records de contaminations, avec 90 000 détectés par jour en moyenne en ce moment, un record.
D’après le site Politico, la Health Security Agency s’apprêterait à confirmer, dans un rapport, la plus faible dangerosité d’Omicron. Pour l’heure, cette dernière a seulement réduit la période d’isolement de dix à sept jours. Les personnes qui disposent de deux tests antigéniques négatifs réalisés au sixième et septième jours pourront sortir de leur isolement. Une décision plutôt politique, à l’approche de Noël, pour qu’une poignée de Britanniques ne soient pas privés de Noël.
*Une pression à venir sur les hôpitaux ?
Prudence, tout de même, avec Omicron. Même moins dangereux, sa forte contagiosité peut rapidement saturer les hôpitaux, estimaient récemment des spécialistes. Un rapport du SPI-M-O, un groupe d’experts gouvernementaux, publié sur le site du gouvernement britannique le 18 décembre et repéré par le quotidien Le Temps, était plutôt alarmant à ce sujet. Selon ce document, les admissions à l’hôpital pourraient grimper de 1000 à 2000 par jour d’ici la fin de l’année. Omicron venant tout juste d’être dominant, et le pic n’ayant pas été atteint outre-Manche, les bons chiffres actuels ne seraient le résultat que d’un simple « décalage » traditionnellement observé entre les records de contaminations et les entrées dans les hôpitaux.
Dans un autre rapport, une nouvelle fois repéré par Le Temps et daté du 16 décembre, l’Imperial College n’était lui non plus pas convaincu d’un happy end. « Dans tous les scénarios, il est probable que les systèmes de santé seront sous tension. » Plus largement, les formes modérées du virus sont à craindre. Celles qui, sans forcément mettre à mal le système hospitalier, font mal à l’économie du pays, en poussant les ouvriers, les fonctionnaires, en arrêt maladie, et en obligeant des millions d’autres à s’isoler ponctuellement.
En France, plus de 3000 personnes sont actuellement admises dans des services de soins critiques. Mais les admissions, principalement dues au variant Delta, n’augmentent plus. Là encore, prudence. Omicron a touché une population relativement jeune en Afrique du Sud, mais aussi au Royaume-Uni, moins susceptible, peut-être, de générer des cas graves. Or les fêtes de Noël approchent à grands pas. Et avec elle, des mélanges entre générations. Le risque Omicron n’est donc pas à écarter. Surtout, alors que sa vague ne fait a priori que commencer.
(L’Express)