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Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé aujourd’hui mercredi 29 septembre que son pays réduira de 30 % le nombre de visas accordés aux Tunisiens par rapport à l’année précédente 2020.
Dans une déclaration à BFTV, Darmanin affirme que « la France a pris cette décision parce que les pays du Maghreb, dont la Tunisie, refusent de délivrer les autorisations consulaires nécessaires pour renvoyer les migrants en situation irrégulière sur le sol français, et ainsi renvoyer leurs citoyens résidant illégalement en France ».
« Nous allons réduire considérablement le nombre de visas, mais ce n’est pas une politique nouvelle, puisque le président de la République française a pris cette mesure il y a deux ans et demi avec les pays du Maghreb », a-t-il ajouté.
Le ministre a expliqué qu’environ 31.000 visas seront accordés aux Tunisiens au cours des six prochains mois, précisant que les dossiers seront étudiés au cas par cas.
« On le fait parce qu’une partie des compatriotes Algériens, Marocains, Tunisiens qui sont sur le sol français ne sont plus acceptés par ces pays soit parce que ce sont des personnes qui sont islamistes radicales, soit qu’ils sont délinquants » ou clandestins. « On leur dit tant que vous ne reprenez pas vos compatriotes, on n’accepte pas vos compatriotes », a résumé Darmanin.
Interrogé sur le timing de cette annonce, le ministre français de l’Intérieur affirme, comme les proches d’Emmanuel Macron, que l’idée remonte à bien avant que la droite et l’extrême droite ne rivalisent de reproches sur l’immigration et « l’islamisation » de la société. « Cela fait des mois que nous mettons en place ce dispositif », a assuré Darmanin, le datant même à « il y a déjà plus d’un an », lors d’une « réunion présidée par le président de la République ». « À la faveur sans doute de gens qui nous aiment bien, l’information est sortie, mais on n’a pas attendu » que le débat occupe les conversations.
Le ministère a donné les chiffres mardi : sur 7 731 obligations de quitter le territoire français (OQTF) délivrées à des Algériens entre janvier et juillet dernier, 31 ont reçu un laissez-passer consulaire, c’est-à-dire le feu vert de l’Algérie, et 23 ont été exécutées. Soit un taux d’exécution de 0,2 %. Ce taux est de 2,4 % au Maroc et 4 % en Tunisie. « Il est évident que la situation actuelle est inacceptable mais il faut voir les choses dans leur contexte : avec le Covid, on ne pouvait plus sortir de chez soi, il n’y avait plus d’avion, et il suffisait que la personne refuse de faire son test PCR pour ne pas partir », a résumé Darmanin. « Les pays ne veulent pas revenir à ce qu’il se passait avant le Covid, c’est pour ça qu’on hausse le ton ».
Gérald Darmanin a par ailleurs évoqué un « deuxième paquet d’étrangers que nous ne voulons pas sur notre sol, ceux qui ont tué, frappé leur femme, dealé de la drogue ». « Le président de la République m’a demandé qu’on prenne les 1 100 les plus dangereux pour les expulser. On en a déjà expulsé 300. La plus grande partie est en prison, on les expulse à la fin de leur peine », et à l’inverse il est « normal » qu’un Français qui a été condamné dans un autre pays rentre en France après avoir purgé sa peine.
*Le président du Sénat contre
Quelques minutes plus tôt, c’est le président du Sénat Gérard Larcher (LR) qui a attaqué la décision d’Emmanuel Macron. Réduire les visas, « c’est le signe de l’échec, ou plutôt de l’absence de politique migratoire de la part de notre pays », a-t-il reproché sur Europe 1. « Il y a 50 % de plus de titres de séjour donnés sous le quinquennat d’Emmanuel Macron que sous celui de Nicolas Sarkozy. Quand nous voyons les demandes d’asile augmenter, être détournées de l’objectif absolument respectable et essentiel du droit d’asile alors qu’il baisse dans les autres pays de l’Union européenne, vous voyez la nécessité d’une politique migratoire », a-t-il développé. Et de conclure : « comme l’a dit un de mes collègues, six mois avant les élections présidentielles, on voit qu’on engage des décisions qu’on a demandé depuis bien longtemps et qu’on a attendu en vain ».
De son côté, le porte-parole officiel du gouvernement français, Gabriel Attal a estimé hier mardi, dans une déclaration à la radio « Europe 1 »: « C’est une mesure violente et inédite, mais elle est nécessaire, étant donné que les pays du Maghreb, dont la Tunisie, refusent de reprendre leurs ressortissants dont la France ne veu pas ».
Il a souligné que « la France réduira de moitié le nombre de visas accordés à l’Algérie et au Maroc, et les réduira de 30% pour la Tunisie ».
Les médias français ont révélé que 3 424 décisions d’expulsion forcée à l’encontre de Tunisiens avaient été rendues de janvier 2021 à juillet de la même année, et 153 permis consulaires avaient été délivrés, en plus de 131 rapatriements effectifs de Tunisiens.
(Avec Le Parisien)