Décès du cinéaste Ali Abidi : une figure majeure du cinéma tunisien s’éteint à 75 ans

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Le monde culturel tunisien est en deuil. Le ministère des Affaires culturelles a annoncé ce mercredi matin, dans un communiqué, le décès du réalisateur et écrivain Ali Abidi, survenu mardi 10 juin à l’âge de 75 ans. Avec sa disparition, la Tunisie perd l’un de ses intellectuels les plus engagés dans le champ du cinéma et de la création artistique.

Né en 1950 à Redeyef, dans le gouvernorat de Gafsa, Ali Abidi s’était formé à l’international : titulaire d’un master en réalisation cinématographique obtenu à Bucarest, il avait mis son savoir au service de l’enseignement supérieur tunisien dès 1981. À l’université, il enseignait l’esthétique, l’écriture cinématographique et l’analyse des textes dramatiques, inspirant des générations d’étudiants passionnés de cinéma.

Son œuvre cinématographique, bien que discrète, reste profondément marquante. Il a signé sept films, dont trois longs-métrages remarqués : Barg Ellil (Éclairs de nuit, 1990), Redeyef 54 (1997), et Ellombara (2007), tous ancrés dans l’histoire sociale et politique de la Tunisie. Il a également réalisé quatre courts-métrages, parmi lesquels L’histoire de l’histoire(1982), Lettre à Béchir Khraief (1986) et Cinema Kelibia ou le cinéma alternatif (1986), où transparaît son regard critique et engagé sur la société et l’art.

Mais Ali Abidi n’était pas seulement un cinéaste : il était aussi un penseur du cinéma. Il a publié deux ouvrages spécialisés dans le domaine : Écrits sur la critique et le théâtre tunisien (1992), et À propos de… ou la quête de l’âme cachée (2004), dans lesquels il explorait avec profondeur les liens entre cinéma, pensée critique et création artistique. Il laisse également un manuscrit inachevé, De la parole à l’image, une étude originale sur les passerelles entre littérature et cinéma.

Avec la disparition d’Ali Abidi, la Tunisie perd une voix libre, un esprit curieux, un artisan de la culture qui aura su conjuguer exigence intellectuelle et engagement artistique. Son héritage, fait de films, d’écrits et de pensées, continuera à nourrir les réflexions sur le cinéma tunisien et à inspirer les générations futures.

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