Dédale infernal de la Centrale syndicale

 Qualifié de putschiste par des syndicalistes, Noureddine Taboubi, tel mosmar Ijha, organise le congrès dit extraordinaire des 8 et 9 janvier 2021 où le statut de l’UGTT change pour déployer le tapis rouge aux dirigeants auparavant élus pour deux ans. La modification ouvre la voie au nouveau mandat. La formulation du sens commun sera « jamais deux sans trois ». Lors de son discours, tout feu tout flamme, le secrétaire général sert aux écouteurs un sandwich verbal. Entre les tranches de pain, défense des travailleurs et combat livré aux inégalités, il intercale d’une part, « les détenus politiques » et de l’autre, l’institution des libertés requises par un régime démocratique.
« Excusez du peu », dirait Nadia Omrane. Victime d’une illusion rétrospective, ce responsable ramène la Tunisie au temps où Habib Achour outrepassa les prérogatives du syndicat. Il oriente le pays vers le dédale de la grève générale. Selon Lénine, celle-ci aurait à voir avec la prise du pouvoir. Hélas, 2024 n’est pas 1978 et Noureddine Taboubi n’est guère Habib Achour. Le temps des renards n’est plus l’ère des guépards.
L’UGTT n’est plus l’UGTT. Pareille transformation illustre une problématisation. En effet, l’appellation d’une institution peut demeurer la même à l’heure où le temps charrie la modification des personnes incluses au sein de l’organisation.
Les feuilles mortes perdent leur verdure une fois emportées par les vents violents.
Ghannouchi a toujours pour nom Ghannouchi, mais l’incarcéré n’est plus président du parlement. Bourdieu écrit : « Par cette forme tout à fait singulière de nomination que constitue le nom propre, se trouve instituée une entité sociale constante et durable qui garantit l’identité de l’individu biologique dans tous les champs possibles où il intervient en tant qu’agent, c’est-à- dire dans toutes ses histoires de vie possibles ».
A la différence de semblable constance, l’armée israélienne a beau sacraliser ce nom « Tsahal », ses 24 soldats tués par elle-même enterrent l’image édulcorée de la prétendue infaillibilité.
Complices du génocide, les médias nordistes magnifient le mot « Tsahal » tout comme s’il s’agissait d’une perle raréfiée. Les médias sudistes vitupèrent « l’armée sioniste ».
Après le massacre israélien de soldats israéliens, Netanyahu fait mine d’arborer une face lugubre de hibou. Son chemin orienté vers l’extermination des Palestiniens ne mène à rien et les frappes infligées aux hôpitaux narrent les dispositions du bourreau.
Pour imaginer l’île artificielle où seraient parqués les Gazaouis, seul pouvait y songer un parfait nazi : « Combien qu’on a pu en tuer / ma foi / c’est drôle que ça ne vous fasse rien / Ma foi / Une tablette de chocolat aux Bochs / Ma foi feu / Chaque fois que tu dis feu, Le mot se change en acier qui éclate là-bas / Ma foi / Abritez-vous / Ma foi / Kra/ Ils répondent les salauds / Drôle de langage ma foi ! »
Pour avantager les Gazaouis ainsi parlait Guillaume Apollinaire en temps de guerre dans sa prose titrée « Peu de chose ».
La déportation et l’extermination des Palestiniens videront les territoires ainsi devenus disponibles, pour accueillir à bras ouverts les génocidaires. Pareille perspective n’est guère à écarter car tout au long du passé, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes fut maintes fois transgressé. Dans ces conditions, pour les Palestiniens, l’existence a partie liée avec la résistance.
Des chars israéliens tirent sur un abri de l’ONU, dénonce le directeur de l’UNRWA à Gaza. Le secrétaire général de l’ONU déclare « inacceptable » un rejet de la solution à deux États. Le ministre français des Affaires étrangères plaide pour le respect du droit. « Paroles, paroles », chantait la sensible Dalida.
Quand deux clans opposés estiment insoutenable une coexistence, ils optent pour la solution par la guerre, toujours meurtrière.
Par-delà le bien et le mal, chacun revendique son droit d’être là. Netanyahu trouve « scandaleuse » l’accusation portée par la CPI, car l’armée lui obéit. Dans l’ouvrage titré « Wirtschaft und gesellschaft », Max Weber définit le « charisme » par ce pouvoir de l’ordre suivi de reconnaissance et d’obéissance. Appliqué au génocidaire, ce même théorème cligne vers l’homme extraordinaire. Bourguiba reçut le soutien de Habib Achour au Congrès de Sfax où Ben Youssef, le traditionnaliste, fut exclu du parti. Mais plus tard, Habib Achour ose défier le dirigeant inégalé. Pour lui, « il n’y a de combattant suprême que le peuple ». Achour décrète la grève générale et le 26 janvier 1978, l’émeute produit le carnage notoire du « Jeudi noir ». Pour la prise du pouvoir, il manquait au sommet de l’UGT le charisme du Grand Timonier. Mais pourquoi un quotidien, autoproclamé indépendant, reproduit-il, aujourd’hui et jamais auparavant, le propos dit par Achour contre Bourguiba ? Ce reproche débusque l’anguille sous roche.

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