Défi s environnementaux

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Qui se souvient encore du statut de leadership de la Tunisie dans le domaine de l’assainissement urbain et celui de la protection de l’environnement à l’échelle arabe et même mondiale dans les années 90 du siècle dernier ? Les partenaires étrangers de la Tunisie dans ces domaines, les pionniers dans le monde, peuvent en témoigner, dont l’Allemagne et les Pays-Bas.
L’expérience de la Tunisie dans l’assainissement et le traitement des eaux usées était un exemple pour nombre de pays arabes, africains et même européens, l’Office national de l’assainissement (ONAS) en était l’étendard qui a sillonné nombre de ces pays et contrées à leur invitation pour y exposer son savoir-faire et le transférer.
Cette époque est aujourd’hui bien lointaine, les moins de 30 et 40 ans oseraient même à peine le croire tant l’état de l’assainissement en Tunisie, celui des stations de traitement des eaux usées et la qualité de l’eau potable se sont dégradés et inquiètent sérieusement. Il fut un temps où la Tunisie était pionnière avec une grande longueur d’avance sur les autres pays dans le domaine de l’environnement qui bénéficiait d’un ministère au sein des gouvernements de l’époque et d’une coopération internationale de haut niveau avec technologies et mécanismes d’exécution de pointe. Malgré sa petite superficie et ses modestes ressources, la Tunisie a toujours réussi à sortir du lot des pays en voie de développement en osant innover et se hisser au rang des pays modernes. L’exemple est l’éducation gratuite et obligatoire dès six ans, la santé pour tous et l’inédit (encore aujourd’hui) programme de planning familial et l’environnement avec essentiellement le recensement et la valorisation des richesses naturelles terrestres et marines et le développement d’un réseau national d’assainissement des eaux usées, une prouesse pour un pays aux modestes revenus, à la base de toute politique de santé publique.
De multiples études avaient été menées pour identifier l’impact des problèmes environnementaux, notamment les différentes pollutions, sur la santé, l’agriculture, l’économie et sur la pérennité des ressources naturelles. Des stratégies nationales de lutte contre ces risques avaient été élaborées et mises à exécution. Même les changements climatiques ont fait l’objet d’un intérêt accru, tous les experts de notoriété mondiale avaient visité la Tunisie de multiples fois pour apporter leur précieuse contribution à la mise au point de ces stratégies et des plans d’action y afférents. Et déjà, à l’époque, l’alerte avait été lancée pour ce qui concerne l’impact du réchauffement climatique sur l’élévation du niveau de la mer et la menace que représente ce phénomène sur le devenir des îles tunisiennes qui risquent d’être englouties. Ces travaux existent, les études existent, les solutions sont identifiées. Qu’a-t-on fait depuis ?
Tout cela est bien loin. La mauvaise gestion de la décennie 2011-2021 et la dilapidation de tous les acquis (économiques, sociaux, environnementaux, culturels) obtenus auparavant, qu’il faut ajouter aux insuffisances et aux injustices entre les régions, ont eu raison de la réputation de la Tunisie en tant qu’exemple à suivre, dans sa région et par rapport aux pays de niveau similaire, dans tous les domaines dont celui de l’environnement. Si bien qu’en 2025, on évoque la question de l’immersion des îles sous l’effet des changements climatiques comme si ce problème était méconnu.
Au début de ce mois de juin, une conférence internationale sur les changements climatiques a été organisée à Tunis par le ministère de l’Environnement. Le thème choisi indique que l’Etat cherche de nouveau des solutions dans la coopération internationale en mettant l’accent sur la dynamisation de « la diplomatie et le renforcement de son rôle pour soutenir les efforts nationaux face aux changements climatiques et à la pollution environnementale » et les défis qu’ils soulèvent. L’occasion de savoir par la voix du ministre de l’Environnement, l’existence d’un programme national de lutte contre les changements climatiques dont l’objectif est de protéger la bande côtière par l’installation de digues rocheuses. On saura aussi que ce programme est élaboré avec la collaboration de deux partenaires étrangers, les mêmes qu’auparavant, l’Allemagne et les Pays-Bas.
C’est le signe que la Tunisie retrouve ses bons réflexes et qu’il n’y a plus de tabou à ce que les anciennes bonnes expériences soient remises sur la table du gouvernement. C’est, d’ailleurs, le cas aussi avec le mécanisme de recyclage de la dette de la Tunisie dans de nouveaux projets. Le ministre a assuré qu’au cours de cette conférence du 2 juin, des efforts ont été consentis pour obtenir qu’une partie de la dette tunisienne soit convertie en investissements dans des projets de lutte contre les changements climatiques et des projets de protection de l’environnement.
C’est aussi l’occasion de savoir qu’un autre important projet devrait être prochainement lancé pour l’exploitation et la réhabilitation de nombreuses stations d’épuration des eaux usées. Le partenaire est cette fois l’Italie.
Mieux vaut tard que jamais. La Tunisie a pris beaucoup de retard dans le domaine de l’environnement, a perdu du temps et des points de croissance à cause de responsables politiques irresponsables qui, pour se venger de leurs adversaires, ont détruit tout ce que ces anciens dirigeants, bien que controversés, ont pu bâtir pour la Tunisie et les Tunisiens. Aujourd’hui, la Tunisie tire la sonnette d’alarme pour ce qui concerne l’élévation du niveau de la mer sous l’effet du réchauffement planétaire et la mise en danger de ses îles qui risquent de perdre 20% de leur superficie suite à leur engloutissement par les eaux marines. Beaucoup de temps a été perdu et, aujourd’hui, c’est la course contre la montre. Il faudra en avoir les moyens et une société civile engagée pour relever les défis.

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