Déficit énergétique: Urgence d’un sursaut salvateur !

Les statistiques relatives au déficit énergétique, qui s’approfondit chaque année un peu plus, prennent l’allure d’un drame, si l’on considère qu’il s’agit de produits stratégiques que nous payons en devises et que le dinar est en chute libre.

Sans approfondir l’analyse outre mesure, les chiffres que nous avons pu collecter sont particulièrement éloquents et une interprétation simple suffit pour saisir le drame que nous vivons. Tout cela sans que les pouvoirs publics prennent des mesures énergiques pour redresser une situation largement compromise, ne serait-ce que pour éviter le pire que nous frisons déjà.

Les permis de recherche et d’exploration en cours de validité sont au nombre de 29, tandis que les concessions d’exploitation s’élèvent à 53, pour la plupart des gisements à production réduite.

Les investissements consacrés à l’exploration qui avaient atteint 100 millions de dollars en 2015, n’ont pas dépassé 30 MD cette année !

S’il n’y a pas de prospection en 2016, il n’y aura plus de production énergétique dans quelques années, surtout que celle d’aujourd’hui est le résidu des gisements historiques qui sont en fin de cycle sinon le fruit de petits gisements de moins en moins rentables avec le prix du baril de brut oscillant entre 30 et 50 dollars.

La moyenne du nombre de forages de puits dans les années 2000 était de 15 par an, sachant que le coût d’un forage varie entre 1 et 4 millions de dinars.

Ce nombre est tombé à 7 au cours de ces dernières années, les prévisions pour 2016 sont de 2 à 3 forages au maximum.

Il y a là des conclusions à tirer, surtout que plusieurs compagnies pétrolières sont déjà parties ou sur le point de le faire, en vendant leurs permis pour ne pas dire les brader, au cas où ils trouveraient des acheteurs. Ce n’est pas seulement le résultat des perturbations sociales et sécuritaires, des tracasseries parlementaires, administratives et fiscales, mais aussi le résultat du baril à 30 dollars.

La production nationale de pétrole est de 47.000 barils par jour en moyenne pour les cinq premiers mois de 2016, soit 10% de moins qu’en 2015. La production ayant chuté de moitié entre 2010 et 2015.

Outre le déclin naturel des gisements les plus importants, il y a des problèmes techniques sur plusieurs puits, outre les perturbations sociales.

Pour le gaz, la production moyenne quotidienne est de 5,8 millions de m3, en baisse de 14,6% par rapport à 2015 : les gisements de Chergui et ceux de Petrofac sont souvent à l’arrêt, le premier pour motifs techniques et le deuxième pour des raisons sociales.

Le taux d’indépendance énergétique est de l’ordre de 57% fin mai 2016.

Le déficit énergétique à fin mai 2016 est de 3,7 millions de tonnes-équivalent-pétrole.

Ainsi le déficit énergétique de notre pays a été multiplié par 7 passant de 0,8 Mtep en 2010 à 4 Mtep en 2015, soit 40% des besoins de consommation de notre pays.

Le budget de la nation est en train de « trinquer » : la subvention affectée à la compensation des produits pétroliers est passée de 550 MD en 2010 à 3.700 MD en 2013 avant de baisser suite à la chute du prix du baril.

Quelles solutions à court et moyen termes pour redresser la situation ?

D’abord, sécuriser les sites d’exploitation d’hydrocarbures vis-à-vis de toutes sortes de perturbations sociales et risques sécuritaires qui entravent le déroulement normal des activités.

Ensuite, revoir les procédures d’attribution et de prolongation des délais dans le sens de la simplification, de la transparence et de la réduction des délais.

Rendre le site-investissement Tunisie en hydrocarbures attractif car il ne l’est pas actuellement avec les prix actuels, des incertitudes sécuritaires et les troubles sociaux, les tergiversations administratives et parlementaires, les revendications salariales permanentes, une fiscalité lourde et contraignante.

Les gisements d’hydrocarbures tunisiens sont tellement modestes qu’il faut des incitations conséquentes pour attirer les IDE.

En outre, il est urgent de procéder à la révision du code des hydrocarbures, surtout que celui-ci date de 1999, et est dépassé sur tous les plans, par un ensemble de nouvelles dispositions attractives.

Il faut également introduire les mesures incitatives relatives aux énergies renouvelables dans le but de les promouvoir. Mais aussi prévoir une législation appropriée relative au gaz de schiste, car le Sud tunisien ainsi que le Kairouanais sont riches en la matière, mais il importe de mettre au point une réglementation stricte pour éviter les impacts graves de la « fracturation hydraulique » sur l’environnement, opération nécessaire pour l’extraction du pétrole de la roche mère.

Il y a lieu également de revoir la fiscalité dans le sens de l’équité “Trop d’impôt, tue l’impôt”, dit-on.

La meilleure illustration, c’est la rente pétrolière que tire l’Etat tunisien de la manne énergétique : celle-ci est de 85% pour le gaz et de 80% pour le pétrole, compte tenu de l’association obligatoire avec l’ETAP à concurrence de 50%.

Or, pour attirer les IDE qui ont le privilège de la technologie au niveau de la prospection et de l’exploitation surtout off-shore et du lourd financement des investissements, il faut des incitations fiscales conséquentes, d’autant plus que les prix du baril sont au plus bas sur le marché mondial.

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