Dégradation du cadre de vie: Qui est responsable ?

Ce n’est un secret pour personne que notre cadre de vie qui se détériorait lentement mais sûrement avant 2011, se dégrade de façon sensible, scandaleuse et rapide depuis le tournant décisif de la vie politique dans notre pays. En effet, le paysage urbain, l’état de la voirie, la qualité de nos infrastructures, l’occupation de la voie publique, l’hygiène de nos rues et places, l’aspect de nos immeubles dans les quartiers résidentiels autant que dans les quartiers populaires ont sombré dans le chaos.
Des constats déplorables et majeurs sautent tellement aux yeux et qui sont d’une banalité désarmante. Quelques exemples flagrants.
Amoncellements de déchets domestiques dans nos quartiers d’habitation au vu et su des autorités municipales sans réactions efficaces ni solutions durables, constructions anarchiques, étalages informels et kiosques hideux infestent nos quartiers d’habitation et espaces publics avec leur cortège de nuisances sonores et physiques, les plans d’eau dans les parcs sont à sec, jonchés de détritus, les espaces verts ont été dévastés et les jardins publics agonisent, chaussées chaotiques, trottoirs défoncés, mauvaises herbes envahissantes, fossés encombrés de gravats nous attendent dès que nous sortons de nos logements.
Des magasins et des ateliers bruyants, des cafés diffusant des musiques assourdissantes et des gargottes génératrices de déchets polluants ouvrent souvent dans les quartiers d’habitation, ce qui dérange la quiétude et détériore la santé des résidents.
Marchés &Abattoirs municipaux sont dans un état de délabrement avancé avec des conditions d’hygiène déplorables.
Pourquoi et comment sommes-nous tombés si bas ?
Outre la perte d’autorité de l’Etat et donc la disparition du spectre de la sanction, il y a le manque de maintenance de la part des municipalités, mais aussi l’absence d’investissements étatiques, en plus de la progression de la corruption qui ouvre la voie à toutes les infractions à la réglementation en vigueur.
Certes, des actions timides ont été entreprises, telles que la distribution de centaines de bennes pour le dépôt des déchets domestiques ou de dizaines de camions à bennes-tasseuses  aux mairies ou encore la création d’une brigade de 250 contrôleurs d’hygiène environnementale dotée de camionnettes et chargée d’appliquer une nouvelle réglementation répressive relative à l’environnement.
Mais nous sommes encore très loin du compte, car les efforts sont parcellaires et discontinus, il n’y a pas de plans d’action cohérent à long terme avec des étapes à franchir et des moyens à mobiliser. Qui est responsable de cette dégradation continue de notre cadre de vie quotidien ?
Nous sommes en fait tous responsables de ce laxisme collectif et ravageur pour notre santé, notre joie de vivre et notre équilibre psychosomatique…
Mais il y a ceux qui sont au premier rang, ceux dont c’est le métier ou la raison d’être, qui sont payés pour cela, qui ont été élus ou nommés pour assumer ce rôle et de veiller sur la qualité de vie des citoyens.
C’est le rôle des collectivités locales, des communes, des gouvernorats, et des divers responsables du ministère de l’Equipement, de l’habitat et de l’aménagement du territoire, des services de sécurité et de justice, le ministère de l’Environnement ainsi que les citoyens eux-mêmes.
Les conseils municipaux sont souvent (délégations spéciales) incompétents et laxistes pour des raisons électoralistes à l’avenir douteux. Donc pas d’investissement, ni de projets de développement à entreprendre.
Ils sont donc dans un état permanent de démission lorsqu’il s’agit de prendre des sanctions impopulaires génératrices de mécontentement
Les plans d’aménagement urbain, qui sont réalisés par des bureaux d’études mandatés par le ministère de l’Equipement trainent pendant des années et lorsqu’ils sont achevés…, ils sont déjà dépassés par les réalités du terrain et les prescriptions des urbanistes. Il n’est pas question donc de les appliquer et les respecter d’où l’anarchie qui règne dans nos villes et nos quartiers.
Comment remonter la pente ?
Longue et difficile, c’est une question de volonté politique et de stratégie concertée. Encore faut-il que cela soit acquis.
Il y a lieu de renforcer l’équipement, l’organisation et le rôle des mairies qui souffrent cruellement d’un manque scandaleux d’autorité, de moyens matériels et de personnel d’intervention.
L’arsenal juridique et réglementaire de répression des infractions à l’environnement a besoin d’être plus dissuasif, parallèlement à une campagne de sensibilisation des citoyens au nécessaire respect de l’environnement avec la participation des ONG et adoption d’une culture citoyenne.
Nous avons besoin de 23 gouverneurs qui soient des hommes de terrain audacieux et efficaces à l’image de Omar Mansour, gouverneur de Tunis pour mettre de l’ordre dans leurs gouvernorats respectifs : la destruction de tout ce qui est non autorisé tout en respectant la loi.

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