“Déluge d’Al Aqsa” : La guerre de l’opprimé

La terre a tremblé en Israël et en Occident le 7 octobre 2023. La cause n’est pas naturelle, elle s’appelle Hamas. La résistance palestinienne s’est fait pousser des crocs et a appris à faire mal. Ses adversaires sont terrorisés. Moins de 48 heures après le lancement de l’attaque surprise de Hamas contre Israël, sous la pression, les Etats-Unis font volte-face et annoncent le renforcement du soutien militaire américain après avoir prôné la retenue et la préservation des vies des civils, de part et d’autre. Au secours d’Israël, le plus grand porte-avions militaire au monde « USS Gerald Ford ». Après l’Ukraine, l’hystérie américaine frappe Gaza.

Contre des combattants, certes très bien organisés, très bien entraînés et en parfaite coordination mais qui, à défaut de grands moyens militaires, privilégient le combat au corps à corps, la première puissance mondiale sort les grands moyens et joue au cow-boy des grandes productions hollywoodiennes. L’ordre est donné au groupe aéronaval du plus gros navire de guerre au monde, le porte-avions USS Gerald Ford, de se diriger vers la Méditerranée orientale et de se rapprocher d’Israël. Pas moins. Un porte-avions contre des hommes qui « offrent » leur vie pour sauver l’honneur de leur terre occupée ? Sidérant. Israël et son armée, supposée invincible, auraient-ils besoin des Etats-Unis pour pilonner Gaza ? La question se pose. L’hystérie et la peur auraient-elles à ce point atteint les dirigeants politiques israéliens et occidentaux qu’ils mobiliseraient un porte-avions, et pas n’importe lequel, pour faire face à quelques centaines de combattants qui se déplacent à pied ou avec des moyens rudimentaires (zodiacs, ULM) ? Si le branle-bas de combat militaire occidental était « compris » en Ukraine du fait que l’agresseur était une puissance nucléaire, il est une honte pour les Occidentaux à Gaza. La Palestine est une terre occupée, opprimée et n’a que ses hommes, ses femmes et ses enfants pour se tenir debout face à la machine de guerre occidentale.

Situation complexe et grave
L’exagération de la réaction américaine trahit la confusion dans les rangs des responsables militaires israéliens et une forte pression du lobby juif sur les dirigeants américains. Car, dans le cadre de cette mobilisation de grande envergure aux côtés des Israéliens, « une solidarité gravée dans le marbre » (Dixit le président Joe Biden), le président américain a, également, annoncé une « aide supplémentaire pour les forces armées israéliennes désormais en route et une autre plus importante suivra dans les prochains jours ». Des annonces qui ont démenti tous les médias occidentaux et les chroniqueurs de tout bord qui se sont évertués pendant des heures à vanter la force de frappe de l’armée sioniste, à expliquer qu’Israël est militairement très bien outillé et qu’il n’a pas besoin d’être aidé par qui que ce soit.
Sur le terrain, la situation est tout autre. La peur, voire la terreur, que les Israéliens n’ont pas pu cacher est compréhensible. C’est Hamas qui a attaqué, il a choisi le jour, l’heure et la manière. L’attaque du samedi 7 octobre 2023, la plus violente depuis la guerre arabo-israélienne de 1973, est assimilable à un 11 septembre israélien : à l’effet de surprise, il faut ajouter l’intensité de la violence et l’humiliation devant le monde entier. Outre les centaines de morts et les milliers de blessés, ce sont des centaines de prises d’otages, des civils mais aussi et surtout des militaires, des officiers de « l’invincible » armée israélienne. Inimaginable. Le monde est sidéré et Israël sous le choc.
Les combattants de la résistance palestinienne ont fait mal, ils ont pris des otages, ils ont surpris et étonné le monde entier et humilié l’armée israélienne, qui n’a rien vu venir, tous les services de renseignement (Mossad, Shin Beth) étaient hors service quand les centaines de combattants palestiniens attaquaient sur terre, par air et par mer, en même temps que les centaines et les milliers de roquettes lancées à partir de Gaza. L’humiliation est grande, d’autant que les infiltrations des combattants à partir de Gaza se sont poursuivies les jours suivants (dimanche et lundi, au moment où ces lignes étaient écrites), malgré les bombardements israéliens. La stratégie de Hamas est implacable : en utilisant la carte des otages (plus de 100), il limite le champ d’action de Netanyahu et de son gouvernement malgré la déclaration officielle de guerre contre le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza.
L’appel des Etats-Unis à la rescousse indique que la situation est complexe et grave pour l’occupant. Mais de là à faire bouger l’USS Gerald Ford, ce que les Etats-Unis n’ont pas fait face à Poutine en mer du Nord, cela frise le ridicule. Il ne faudra pas alors s’étonner que le président américain Joe Biden exhorte les dirigeants européens à fournir des armes et des aides financières à Israël pour « affaiblir » Hamas ou mieux, comme l’a promis Netanyahu, « détruire Hamas ». Les prochains jours, semaines et mois seront certainement très durs pour les Gazaouis, même s’ils sont habitués aux bombardements et qu’ils se projettent, tous sans exception, dans la « chahada » (martyre), mais ils le seront aussi pour les Israéliens qui aspirent à mener la belle vie dans un climat de stabilité et de paix. Les Palestiniens aspirent aussi à la paix et à la liberté dans un Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Leurs doléances sont claires et indéniables.

Quoi, après ?
Face au déni de la communauté internationale et de la politique des deux poids deux mesures des instances onusiennes, les Palestiniens ont compris qu’ils ne pouvaient plus compter que sur eux-mêmes pour casser les chaînes de « l’Apartheid », conquérir leurs droits et réaliser leur rêve de vivre dignement sans colonisation, sans oppression, sans blocus. Désormais, c’est contre un projet d’extermination ethnique qu’ils devront se défendre. Netanyahu l’a promis et ses alliés occidentaux lui ont exprimé leur soutien inconditionnel. Une honte indélébile pour le monde occidental qui prétend défendre les valeurs de liberté, des droits de l’homme et de justice.
Mais les Palestiniens ne sont pas seuls. La cause palestinienne est l’une des rares causes qui unit des millions d’Arabes et de musulmans à travers le monde. C’est une cause juste, noble, humaine. Même les pays qui ont signé les Accords d’Abraham se défendent, hypocritement, de lâcher cette cause, parce qu’ils risquent de perdre la face devant leurs opinions et les peuples arabes et parce qu’ils ont peur de leur colère.
L’attaque de Hamas contre Israël, une première dans l’histoire de l’entité sioniste, pourrait compromettre l’avancée des pourparlers entre l’entité sioniste et certains pays arabes (la Tunisie n’est pas concernée) pour de nouveaux accords de normalisation. Tous les regards sont tournés vers l’Arabie saoudite qui a pris des longueurs d’avance dans ses négociations abrahamiques. Le royaume saoudien a publié un communiqué incendiaire le 7 octobre dans lequel il tient Israël pour responsable de l’attaque à cause de ses provocations répétées et du non-respect des droits des Palestiniens.
L’Arabie saoudite a-t-elle réellement l’intention de se faire entendre par les Israéliens sur la question palestinienne comme elle l’a fait avec les Américains sur son intention de se doter d’une industrie nucléaire ? Il faut l’espérer. Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane, qui a lancé de profondes réformes pour transformer son pays en une puissance économique et militaire, vise également le leadership arabe, sans l’ombre d’un concurrent. Pour ce faire, il a encore des batailles à mener pour gagner la confiance de la rue et de la conscience arabes.

Après la réconciliation historique de son pays avec l’Iran, MBS est à présent attendu au chevet de la cause palestinienne et des droits des Palestiniens.

Pour le moment, l’Iran occupe seul le podium.

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