Taïeb Zahar, président du Forum International de Réalités.
C’est en grandes pompes que la 20ème édition du Forum International de Réalités a été ouvert, jeudi 27 avril 2017, à l’hôtel Alhambra Thalasso à Yasmine-Hammamet. Placé sous le thème de « La Tunisie de Demain », le Forum constituera l’occasion de débattre sur des questions géopolitiques cruciales, à l’instar de la place de la Tunisie dans la nouvelle géopolitique mondiale, ou encore dans l’économie mondiale.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de Farhat Horchani, ministre de la Défense, Hatem Ben Salem, directeur de l’Institut tunisien des études stratégiques, Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie, Henrik Meyer, représentant de la fondation Friederich EBERT, Senen Florensa, président de l’IEMED et Taïeb Zahar, président du Forum International de Réalités,.
Plusieurs autres invités d’envergure étaient, également, au rendez-vous.
Taïeb Zahar : « entreprendre les réformes adéquates en Tunisie »
« Le pari que nous avons lancé il y a 20 ans est réussi », a commencé par dire le président du forum international de Réalités, Taïeb Zahar. L’objectif de l’événement, selon lui, est de créer un espace d’échange et de réflexions entre chercheurs, experts économiques et sécuritaires afin de relever les défis que traverse actuellement la Tunisie notamment sur les plans économique, sécuritaire et social.
« Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où aller. Plus claire sera notre vision du futur, plus on sera apte à faire les bons choix. Il faut entreprendre les réformes adéquates en Tunisie, pour notamment renforcer son ancrage régional et international. » a-t-il affirmé .
UE: 500 millions d’euros supplémentaires débloqués au profit de la Tunisie
Patrice Bergamini, Ambassadeur de l’UE en Tunisie.
De son coté, Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie, a affirmé que l’expérience de la Tunisie restera toujours unique et exceptionnelle et que le pays saura relever les défis et changer les choses malgré le difficultés auxquelles il fait face. Il a ajouté que la Tunisie réussira à devenir un Hub régional de l’économie numérique. « Nous sommes confiants, la porte est étroite, nous considérons que la Tunisie est en mesure de faire la transformation. Elle pourrait devenir la Suisse ou le Singapour de la région. Reste à réussir les élections municipales, à entamer les réformes bancaires, fiscales et monétaires nécessaires » a-t-il indiqué.
Il a, dans ce contexte, mis l’accent sur l’amélioration nette de la situation sécuritaire du pays ces derniers mois ajoutant que l’Union Européenne considère la Tunisie comme étant un partenaire clé en matière de lutte contre le Terrorisme. « Un groupe d’experts de la sécurité de l’Union Européenne, s’est dernièrement rendu pour la première fois en Tunisie dans le cadre d’une série de rencontres avec leurs homologues tunisiens. On a pu constater une nette amélioration sur le plan sécuritaire. Le gouvernement de Youssef Chahed a déployé des efforts considérables sur ce plan. Et c’est pour cette raison que le FMI s’est engagé à soutenir de nouveau la transition démocratique en Tunisie. » a-t-il lancé.
Patrice Bergamini a assuré que l’Union Européenne compte renforcer le partenariat avec la Tunisie, annonçant par la même occasion que 500 millions d’euros supplémentaires vont être débloqués cette semaine au profit de la Tunisie.
Pour sa part Henrik Meyer, représentant de la fondation Freidrich Ebert en Tunisie, s’est félicité du partenariat historique avec le Forum International de Réalités, affirmant que les problématiques ayant été abordées lors des précédentes éditions ont permis d’avancer dans la réflexions et ont eu des répercussions positives sur la situation économique du pays.
Henrik Meyer, représentant de la fondation Freidrich Ebert en Tunisie
Pour Senen Florensa, président de l’IMED, la Tunisie fait aujourd’hui face à une triple menace, à savoir politique, économique et sécuritaire. « La re-configuration de l’ordre mondial oblige la Tunisie à réfléchir sur sa position. Le Forum International de Réalités représente l’occasion par excellence pour traiter tous ces sujets », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Senen Florensa a mis l’accent sur les changements structurels ayant été observés en Tunisie pendant ces six dernières années. Ces changements se traduisent, selon lui, par les libertés civiles ainsi que par l’émergence de nouvelles formations politiques. « Le peuple tunisien a su conquérir ses droits politiques et sociaux. » a-t-il affirmé.
Senen Florensa, président de l’IEMED
Pour sa part, Hatem Ben Salem, directeur de l’Institut tunisien des études stratégiques, a affirmé que le Forum International de Réalités, comptant une quarantaine d’experts et 900 participants, constitue un espace d’échange et de réflexions par excellence, qui ont des impacts positifs sur le paysage politique, économique et médiatique tunisien.
Hatem Ben Salem, directeur de l’Institut tunisien des études stratégiques
Il a indiqué, par ailleurs, que les études menées par l’Institut ont permis de constater l’échec des modèles de développement. « Ils n’apportent pas de réponses aux problèmes actuels. Il faut axer sur l’innovation, les TIC, réformer le système d’éducation. Il faut prendre la responsabilité de réfléchir et d’innover. Nous faisons confiance à la nouvelle classe politique et à la jeunesse. Les citoyens doivent se réconcilier avec l’Etat. Le sentiment de citoyenneté n’existe pas. L’école ne joue pas son rôle en la matière. Il faut que l’Etat se réapproprie ses prérogatives régaliennes. Il faut insister sur la négociation pour résoudre les problèmes. Je suis certain que ce peuple tunisien sera capable de relever les grands défis civilisationnels, qui constituent l’avenir de la Tunisie. »a-t-il affirmé.
« Lutte contre le terrorisme : une affaire de culture et d’éducation »
Farhat Horchani, ministre de la Défense
Autre volet abordé à l’occasion de l’ouverture du Forum International de Réalités : la sécurité. « La lutte contre le terrorisme n’est pas seulement d’ordre sécuritaire et militaire. Il existe un travail essentiel sur le plan culturel, éducatif et économique », a déclaré Farhat Horchani, ministre de la Défense. La Tunisie, selon le ministre, n’a pas emprunté le plus simple des chemins. « Elle veut construire une démocratie, ce qui est difficile, compte tenu de la complexité du contexte dans lequel nous nous trouvons », a-t-il dit.
Farhat Horchani a, d’autre part, rappelé que l’armée tunisienne est une armée républicaine, comme l’indique l’article 49 de la Constitution de 2014. « L’armée n’est pas concernée par la politique. Elle est, cependant, contrôlée, notamment par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) au niveau de son budget à titre d’exemple », a-t-il expliqué.
En matière de lutte contre le terrorisme, le ministre de la Défense a souligné que l’accent sera mis sur la formation des militaires. « Il est primordial de former une génération de militaires capables de lutter contre la menace non conventionnelle du terrorisme. L’accent sera également mis sur les équipements militaires », a-t-il précisé. Dans cet ordre d’idées, Farhat Horchani a insisté sur l’importance de la coopération internationale. « C’est une menace internationale. Tous les pays doivent travailler main dans la main. Il faut miser sur une coopération au niveau du renseignement technique, mais également humain afin de faire participer le peuple à cette lutte. Nous sommes optimistes car la démocratie constitue un rempart contre tous les dangers », a-t-il conclu.
L’équipe de Réalités Online