Dépréciation du dinar : à qui profite la polémique?

 

La chute de la valeur du dinar face à l’Euro et au Dollar US a ouvert la voie à une polémique provoquée, est en définitive une tempête dans un verre d’eau

Depuis quelques jours, les tunisiens ne cessent de polémiquer sur la valeur du dinar. Tout à commencé avec les propos de la Ministre des finances qui a fait preuve, et ça n’est pas le cas de tout le monde, d’honnêteté et d’intégrité omettant de faire attention aux chasseurs en eaux troubles parmi les professionnels de la médisance et les adeptes de la critique. Elle a annoncé que le FMI exigeait de réduire les interventions de la Banque Centrale sur le marché des changes. Une telle mesure pourrait accélérer la dépréciation du dinar, action très recommandée par le FMI, pour une raison, très simple mais très justifiée, que le dinar est surévalué.

Justement et contrairement à ce que disent les auto- proclamés « experts économiques » à l’instar de Taoufik Rajhi qui, à fortiori, est ministre conseiller auprès du chef du gouvernement et semble l’avoir oublié – il faut dire qu’il n’y a pas que lui – le dinar est surévalué d’au moins 20% voire même plus. Sans entrer dans le débat théorique concernant le taux de change réel d’équilibre, l’ampleur du déficit commercial indique une surévaluation évidente. Les fondamentaux économiques de la Tunisie sont tous au rouge et ce n’est pas la valeur du taux de change qui pourrait demeurer au vert.
Et c’est là où vraiment l’on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi le ministre conseiller a mis le feu aux poudres pour déclencher une telle polémique par médias interposés.
Ne serait-ce pas possible que des parties politiques tentent de déstabiliser Youssef Chahed et son gouvernement en rajoutant de l’huile au feu à la pression sociale et aux mouvements de rues pour pousser vers un remaniement dont le pays n’a nullement besoin ? Ne serait-ce pas Ennahdha qui, malgré les apparences, et à travers les propos de Taoufik Rajhi tente également cette même déstabilisation ? Sinon comment expliquer la raison de telles déclarations qui, non seulement sont injustifiées, mais surtout erronées.
Milton Friedman disait « une des plus grandes erreurs est de juger les politiques et les programmes sur leurs intentions plutôt que sur leurs résultats ».

Le plus surprenant dans tout ce brouhaha, c’est que le dinar n’est pour rien dans l’état actuel des choses, le vari problème est celui du déficit commercial. Et ce n’est pas en augmentant les droits de douane que le problème va être résolu. La solution est unique : il faut dévaluer le dinar.
Revenons maintenant à la question de la spéculation. Il est effrayant de voir des universitaires tunisiens, qui se disent spécialistes des questions de change, parler d’un tel phénomène. La spéculation est un acte d’achat et de vente. Autrement dit pour spéculer sur le dinar, il faut que les gens achètent des dollars et attendre quelques temps pour les revendre plus chers. Le problème c’est que l’achat du dollar en Tunisie est réglementé et soumis à autorisation de la BCT, ce qui rend la spéculation impossible.
Ces mêmes universitaires font des comparaisons, à tort, avec le Baht thaïlandais en 1997 sauf qu’il n’y a pas en Tunisie de libre circulation des capitaux comme cela a été le cas en Thaïlande en 1997, le pays ayant de surcroît adopté un peg avec le dollar. L’épuisement des réserves changes de la banque centrale thaïlandaise pour défendre la fixité du taux de change contre dollar a eu les conséquences que nous connaissons le 2 juillet 1997. L’épuisement des réserves de change de la banque centrale thaïlandaise pour défendre la fixité du taux de change contre le dollar a eu les conséquences que nous connaissons le 2 juillet 1997.
S’en prendre à un ministre pour des raisons inavouées pour en faire un bouc émissaire et lui faire assumer la responsabilité d’un échec qui ne peut être que collectif, gouvernement, forces de production compris mais et surtout, l’UGTT qui assume la plus grande part de responsabilité. Le gouvernement d’union nationale est venu à un moment difficile pour l’économie tunisienne. Lamia Zribi et tous les ministres décriés aujourd’hui par un lobby aux visées obscures, se devaient de trouver des solutions. S’agissant de Lamia Zribi, il lui fallait redresser les finances publiques, en perpétuelle détérioration par 6 années de mauvaises politiques publiques des gouvernements successifs.

Au final, à ces autos-proclamés experts et universitaires de faire preuve de plus responsabilité et de réviser leurs cours d’économie internationale avant de se placer en donneurs de leçons. Quelles qu’en soient les raisons.
Pauvre université tunisienne, pauvres étudiants et pauvre Tunisie, le mal est en nous.
Au chef du gouvernement, et à lui seul, que revient maintenant la responsabilité de plier ou non aux pressions des ambitions démesurées de certains. Il s’est engagé et promis de ne pas céder.
Le temps nous le dira

L.R

 

 

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