A un moment critique de l’histoire de notre pays, où l’on a cruellement besoin de stabilité politique, de paix sociale et de mobilisation de toutes les énergies pour éviter une descente aux enfers aux conséquences insoupçonnées, certaines parties se plaisent à jouer à fond la carte du pourrissement. En cherchant obstinément à brouiller les cartes et à installer le pays dans le doute, partis politiques et organisations nationales croient que c’est par le chaos que l’on peut conduire le changement et que par le vide il sera possible de sauver le pays d’une banqueroute dont les effets se font ressentir chaque jour un peu plus.
Nidaa Tounes, le parti qui a gagné les élections de 2014, que les dissensions ont rendu l’ombre de lui-même, poursuit une guerre sans merci pour pousser le Chef du gouvernement à la porte de sortie. Son tort est peut-être d’avoir trahi son parti en se jetant dans les bras du parti islamiste Ennahdha. On lui reproche également de refuser d’obéir aux ordres d’un Directeur exécutif, dont tout le monde reconnaît la responsabilité dans les déboires de cette formation politique et de son extrême affaiblissement. Hafedh Caïd Essebsi, c’est de lui qu’il s’agit, qui a cru à tort après le limogeage, dans des conditions un peu rocambolesques, du ministre de l’Energie, des mines et des énergies renouvelables, que les conditions étaient réunies pour achever son ennemi juré. Il a vite déchanté en se rendant compte de l’aggravation des fissures et de l’extrême vulnérabilité du parti qu’il a de tout temps cherché à gérer selon ses caprices. Il s’est aperçu, encore une fois, que ce n’est pas Nidaa Tounes qui a toutes les cartes en main pour changer l’ordre des choses, dans la mesure où la fronde en son sein ne s’est pas calmée et que certaines grandes figures de ce parti ont pris le parti de continuer à le défier en plaidant sans détour pour la stabilité politique, pour la mise en œuvre des réformes et pour le sauvetage du pays d’un naufrage longtemps annoncé.
L’enlisement de la crise politique, la fin de non-recevoir d’Ennahdha au projet concocté à Carthage et l’assurance dont Chahed fait montre, donnent à croire que le pays n’est pas sorti du cercle vicieux. A un an des prochaines élections, ce sont les intrigues et les calculs politiciens qui continueront à vicier notre vie politique et à bloquer toute velléité de changement. A un an de cette échéance capitale, Nidaa Tounes offre toujours un visage pâle, l’image d’un parti qui n’a pas encore pu retenir les leçons de ses déboires et des grandes défaillances qui sont à l’origine de la perte de sa popularité.
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L’UGTT de Noureddine Tabboubi, semble plus que jamais oublier l’héritage de Hached, les fondements mêmes de l’action syndicale et les repères qui sont à l’origine du prestige de cette organisation et de son rôle historique. En livrant depuis des mois une guerre sans merci contre le Chef du gouvernement, en cherchant tout le temps l’épreuve de force, en promettant une rentrée politique tendue et agitée et en cautionnant les grèves sauvages (CTN, SNCFT et autres), la Centrale syndicale ne cesse de déraper et de jouer avec le feu. Dans ce dérapage incontrôlé et dans l’action de sape systématique à laquelle se livrent les différents syndicats affiliés à l’UGTT, société civile, médias et partis politiques observent un lourd silence, un silence complice. Depuis la Révolution, la Centrale ouvrière devient au-dessus de toute critique et quand l’une de ses sections hypothèque l’année scolaire, comme ce fut le cas l’année dernière, paralyse un secteur névralgique, bloque la production ou met en danger l’avenir d’une entreprise, aucune voix ne daigne s’élever pour dénoncer l’arbitraire, mettre la Centrale devant ses responsabilités. Dans sa fuite en avant interminable, l’UGTT, consciente de sa toute- puissance et de l’affaiblissement extrême de l’Etat, cherche tout le temps l’escalade et ne se résout jamais à reconnaître ses errements ni l’aspect contreproductif d’un discours et de pratiques qui n’ont fait que plonger le pays dans la crise et empêcher tout processus réformiste.
Le comble de cette fuite en avant a été la condamnation récente de la Centrale syndicale de l’intervention des forces de sécurité pour assurer le redémarrage d’une unité de production, employant plus de huit cents personnes, bloquée depuis des mois par des mouvements sauvages.
En faisant miroiter la menace de la grève générale dans la fonction publique, l’UGTT poursuit sa politique de bras de fer et entend montrer encore une fois, que c’est à elle que revient le dernier mot, même si cela peut conduire, comme ce fut le cas depuis 2011, à l’absurde. La Centrale syndicale oublie que sa politique de bras de fer ininterrompue a été derrière l’exacerbation de la crise des finances publiques, des difficultés des entreprises publiques et qu’elle a été le facteur qui explique le mieux le doute et la peur qui habitent les opérateurs économiques.