Dérives

Al’UGTT on ne discute pas, on menace. On ne propose pas, on préfère jouer au bras de fer. On ne cherche pas les voies du compromis, on privilégie la politique du fait accompli.

Les derniers développements survenus sur la scène sociale au cours de la semaine écoulée le confirment et laissent dubitatifs. Qu’il s’agisse de la réforme du système éducatif ou celle du système de la retraite, l’UGTT a, plutôt, cherché à attiser le feu de la tension, qu’à favoriser le dialogue et la concertation pour clôturer une année scolaire avec le minimum de dégâts.

En orientant ses flèches vers deux membres du gouvernement qui ont pourtant associé la centrale syndicale dans des négociations difficiles ou dans la définition des orientations d’une réforme, plus que nécessaire, l’UGTT a voulu les punir parce qu’ils n’ont pas respecté à la lettre ses volontés.

Pour la centrale syndicale, seule son opinion et sa manière de voir comptent. Ses intérêts et ses calculs également. Au diable le reste, y compris les intérêts du pays, la paix sociale et la stabilité.
Alors qu’elle n’est qu’une partie,  parmi d’autres, dont l’avis compte, elle ne finit pas de devenir  hégémonique, essayant d’imposer sa loi, à prendre en otage le pays et à vouloir toujours avoir raison,  même si elle a tort. 
La réforme du système de la retraite, dont le déséquilibre financier est devenu abyssal, est tout le temps bloquée par l’UGTT qui, à défaut de présenter une alternative sérieuse, ne fait que bloquer le processus tout en développant un discours accusateur et populiste, au moment où la situation exige le consensus et une action résolue pour éviter la faillite du système.

Faire un premier pas en avant, relever l’âge de la retraite d’une manière volontaire relève de l’hérésie, de l’interdit. Dans la conception des membres du bureau exécutif  de l’UGTT, rien ne doit se faire dans le pays sans leur assentiment préalable, sans se plier à leur loi. En suivant la même logique, tous les pays qui ont opté pour cette solution ont eu tort, ou n’ont pas fait le bon choix. Pourtant, dans certains pays européens comme la France, l’Allemagne et l’Espagne notamment, les systèmes de sécurité sont parvenus à retrouver un meilleur état de santé grâce à l’allongement de l’âge de la retraite et à d’autres mesures de rationalisation des dépenses et d’utilisation des ressources disponibles.

Chez nous, le premier réflexe est toujours le rejet de tout changement,  le développement d’un discours agressif  et inquisiteur et l’entretien de la tension et du chantage.

Les déclarations surprenantes et incendiaires de Lassaad Yacoubi, secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, n’ont pas surpris outre mesure, n’ayant pas dérogé à la règle.

Il a pris la fâcheuse habitude, à la fin de chaque année scolaire, de jouer à fond la carte du chantage, d’utiliser abusivement les épreuves des examens comme moyen de pression pour faire plier le ministère. Ce qui est anormal, pour un responsable syndical qui fait partie de la famille de l’éducation, c’est sa propension au dénigrement systématique, à l’affabulation, à l’exploitation éhontée des situations de crise et sa disposition à prendre en otage le pays ou à compromettre toute une année scolaire.

Sous le couvert syndical, on assiste à des règlements de comptes politiques.

Preuve en a été donnée par la conférence de presse qu’il a diligentée la semaine dernière et qui a été une occasion pour régler ses comptes avec le ministre de l’Education, remettre en question, la réforme du système éducatif que tout le monde réclame et que Yacoubi tente, sous de faux alibis, de saboter.

Une dérive syndicale qui n’en finit pas d’inquiéter, d’interpeller et de provoquer le ressentiment de l’opinion publique devant les excès injustifiés, le brouillage des cartes et le discours belliqueux à tout va d’une centrale syndicale qui semble porter son action dans le champ politique, tout en perdant le contrôle de ses structures sectorielles et régionales. Inquiétant !

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