Les Sfaxiens seront pour une fois unanimes Jeudi 14 Janvier, tant le sujet qui les unit est douloureux et profond : il s’agit de la pollution qui dure depuis 63 ans et qui a tué faune, flore et humains. Le paradoxe, c’est que le premier responsable du groupe coupable de ce désastre, et un des barons d’abord soucieux de leurs propres intérêts, a eu le toupet de déclarer sur les ondes d’une radio que la SIAPE est un symbole qui fait partie de l’histoire et du patrimoine de SFAX et qu’il faut à tout prix garder ! Et bien, les Citoyens de Sfax estiment que les responsables ont un devoir d’inventaire après 63 ans de cynisme et de maltraitance, et les mêmes citoyens considèrent que tous ceux qui disent que l’on pourrait garder la SIAPE et la rendre non polluante sont des menteurs et des imbéciles. Le même arrogant et hautain PDG ne s’est pas gêné pour narguer les citoyens, vrais propriétaires des lieux, pour annoncer que la SIAPE ne fermera jamais, que les partants à la retraite seront remplacés et que lui n’a de souci que le sort des 500 employés du groupe chimique, mais il n’a pas de soucis pour le million d’habitants qui ont vu leur mer polluée, leur forêt dévastée et leur air chargée de toutes les saloperies qui provoquent un nombre incalculable de cancers.
Mais ce PDG provocateur, ne peut pas imaginer un seul instant que la SIAPE avec sa cheminée de malheur pourrait déguerpir et libérer le grand espace qu’elle occupe en plein centre ville, pour permettre l’édification de grands projets immobiliers, industriels high tech, de loisirs, et pour se réconcilier avec la mer et avec la forêt pour protéger les générations futures des malheurs qui ont frappé leurs aïeuls ! Non ce monsieur déclare d’une manière sotte et péremptoire que nous ne devrions pas tourner le dos à nos souvenirs ? On croit rêver ! En somme, il pense qu’il est urgent de ne rien changer ! Si Jaurès a dit que « le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire », ici nous sommes dans la logique de découvrir la vérité et la cacher. Notre vedette du jour reconnaît produire du SSP sans autorisation de l’agence de l’environnement, pour lui, discuter avec le gouverneur équivaut à discuter avec tous les citoyens de la ville, il ne se sent pas concerné par la manipulation du phosphogypse dans le centre de la cité, qui en soi est une atteinte à la santé publique, et provoque des empoisonnements conscients. L’heure de l’action a sonné, la société civile exige que la prévention prenne le pas sur le traitement et le profit matériel étroit ! L’intervention du PDG du groupe chimique a réussi à déchaîner les passions hostiles à son égard tant il a abusé de leurrer l’opinion avec des promesses, rien que des promesses que nos oreilles entendent depuis plus de cinq ans alors que la décision de l’Etat Tunisien était sans équivoque : fermeture de la SIAPE pour 2012, mais c’est sans compter sur les lobbies qui n’acceptent jamais un plan de développement contraire à leurs intérêts, même s’il sert ceux du pays ! C’est la voie de la société civile qu’il importe désormais d’explorer, car tous les experts intègres confirment que la zone pollueuse, une fois libérée, pourrait permettre un développement gigantesque capable de créer des dizaines de milliers d’emplois ! Le sentiment d’abandon ne cesse de se développer au sein des citoyens tant les gouvernements successifs n’ont pas montré un vrai intérêt au moral du peuple, hors mis pendant les courtes périodes de campagnes électorales. Autant dire que le temps du baratin et de la magouille n’a que trop duré et qu’il faut au plus vite regarder la réalité en face et penser à respecter la constitution !
Le groupe chimique pratique la cupidité et l’égoïsme plutôt que le patriotisme et la citoyenneté, c’est dire !