L’année 2017 que nous abordons sera-t-elle l’amorce d’un nouveau départ sur la voie du renforcement de la construction démocratique, de la maîtrise du péril terroriste, du retour de la croissance et du développement et de la fin d’une longue agitation sociale ?
Même s’il faut se garder de broyer toujours du noir, la majorité des indicateurs poussent plutôt vers le pessimisme. Rien ou presque ne semble changer d’une manière profonde pouvant augurer d’une rupture avec l’incertitude, le doute, la peur, le laxisme et les querelles intestines que se livrent sans merci les acteurs politiques et sociaux à propos de tout et de rien. Plus le temps passe, plus on a l’impression que le pays, par le fait de l’exacerbation des conflits, des tensions, des divisions, des incompréhensions et des menaces, donne l’impression d’un bateau qui risque de chavirer à tout moment sous l’effet des vagues déferlantes.
Peut-on s’attendre légitimement à des changements qualitatifs dans notre vie politique qui nous font oublier un peu l’immaturité de nos partis politiques qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition et leur incapacité manifeste de se mettre d’accord sur l’essentiel ? Sur ce qui est de nature à permettre au pays d’avancer sereinement sur la voie du renforcement des libertés et de la mise en place des institutions constitutionnelles en se départant des calculs politiciens qui ont fini par susciter la désaffection des Tunisiens de toute participation effective à un débat public qui interpelle. Les acteurs politiques seront-ils en mesure de déplacer leur activité des plateaux télévisés aux villes et villages, où il leur est demandé, plus que jamais, de mobiliser, d’encadrer leurs militants et de présenter des alternatives plutôt que de se contenter d’entretenir des surenchères contreproductives qui n’ont fait qu’accentuer le malaise et le manque de confiance en les politiciens ?
L’élite tunisienne, jusqu’ici émoussée et très peu entreprenante, saura-t-elle monter au créneau et présenter une alternative crédible qui viendra combler le fossé que les acteurs politiques ont fini par creuser par leur course effrénée au pouvoir ? Cette élite qui a brillé en 2016 par son décalage flagrant par rapport à la sphère réelle et son penchant accentué vers un corporatisme pur et dur, peut-elle enfin faire un sursaut d’orgueil qui lui permettra de gagner la confiance des Tunisiens en se mettant réellement à leur service ?
En matière de lutte contre le terrorisme, le pays trouvera-t-il le consensus de toutes ses forces politiques et la cohésion de tout son peuple pour juguler cette menace rampante, démanteler toutes les cellules dormantes et trouver une solution efficace à ses racines profondes ?
Il en est de même en matière de lutte contre la corruption qui gangrène la société. Certains se contentent de discours parfois farfelus et populistes pour faire simplement le buzz, sans chercher véritablement les solutions les plus efficaces pour immuniser le pays de ses effets pervers.
Les partenaires sociaux sauront-ils mettre un terme à un grave dérapage qui risque de mener le pays vers l’inconnu ? Est-il loisible dans une démocratie en construction de voir l’UGTT devenir le véritable centre du pouvoir et le lieu où les décisions se font et se défont au mépris de toutes les règles et de tous les intérêts ? L’UGTT sera-t-elle en mesure en 2017 de recentrer son action sur le terrain qui lui revient de droit, de continuer de faire du lobbying sans se transformer en un super parti politique qui use de tous les moyens pour bloquer tout changement, toute réforme et toute tentative de remettre de l’ordre dans le pays ?
Enfin, que faire pour que la société civile, dont la Tunisie a tellement besoin et dont le rôle est essentiel en tant que contre-pouvoir et gardienne du respect de la Constitution et des libertés, pour la prémunir de toute perversion et instrumentalisation de parties occultes? C’est en prenant en considération tous ces préalables, que l’on pourra espérer un véritable changement et que l’espoir soit permis. Bonne année 2017.