Des mesures audacieuses s’imposent d’urgence

Le rapport de la BCT relatif à l’exercice 2014 est à la fois un bilan-constat critique de la situation économique et financière du pays mais aussi un ensemble de réflexions et de suggestions relatives aux mesures à prendre au cours de l’année 2015, avec une ouverture sur les perspectives des années futures.
Le bilan est à la décharge du gouvernement de Mehdi Jomâa et les recommandations sont destinées au gouvernement de Habib Essid.
En effet, le taux de croissance du PIB en 2014 a été faible soit 2,3%, alors que l’inflation s’est maintenue à un taux élevé, 5,3% et les taux d’épargne et d’investissement sont particulièrement bas avec respectivement 13,5% et 19,2%.
Le constat porte sur la poursuite de la dégradation des équilibres financiers macro-économiques, il inspire de grandes inquiétudes, c’est ainsi que le déficit du budget de l’Etat a atteint 4,9% du PIB alors que celui du déficit courant a grimpé à concurrence de 8,8%.
Il faut croire que les pouvoirs publics ne sont pas parvenus à maîtriser la situation commerciale extérieure et financière, ni à prendre les mesures qui s’imposent pour éviter les graves dérapages. Ainsi le gouvernement persiste dans son recours massif à l’endettement extérieur pour faire face aux dépenses courantes et n’a pas le courage de freiner les importations portant sur les produits futiles.
La BCT préconise de faire face aux défis majeurs à court terme, en particulier ceux relatifs aux régions déshéritées : la montée en puissance du chômage des diplômés du supérieur, la persistance des poches de pauvreté, l’émergence des privations portant sur les infrastructures de base comme l’eau potable ou les sentiers ruraux, la prolongation du blocage des chantiers et des projets en panne pour divers motifs notamment les problèmes fonciers.
Des solutions non conventionnelles s’imposent d’urgence pour dynamiser les projets à caractère local et régional par la mise en place de fonds d’investissement régionaux.
Selon la BCT la relance ne peut se réaliser sans la mise en œuvre des grandes réformes de structures en 2015, afin que les effets commencent à apparaître dès 2016. Il s’agit de la promulgation du nouveau code d’investissement qui doit clarifier la vision des investisseurs vis-à-vis de l’avenir, améliorer le climat des affaires et en finir avec la période de l’attentisme qui hypothèque la croissance et la relance de la dynamique économique.
Il s’agit aussi de la réforme du secteur bancaire : pas seulement la recapitalisation et la restructuration des banques publiques mais aussi le renforcement des fonds propres des banques privées.
Cela permettra aux entreprises économiques de disposer des financements bancaires nécessaires pour promouvoir de nouveaux projets et d’avoir une trésorerie suffisante pour travailler correctement. Il y a lieu également de réaliser la réforme du système fiscal qui permettra non seulement de réduire l’évasion fiscale scandaleuse qui règne dans le pays, vu l’expansion de la contrebande et du commerce parallèle, mais aussi d’alimenter par des ressources financières conséquentes le budget de l’Etat qui en a bien besoin.
Il faut dire aussi que l’injustice fiscale qui frappe les salariés au profit des forfaitaires n’a que trop duré.
L’adoption de la loi sur la promotion du partenariat public-privé est de nature à promouvoir l’investissement privé, notamment dans les régions déshéritées. Or cette loi, rejetée une première fois par l’ARP, a été oubliée et n’a pas été révisée par le gouvernement pour être présentée de nouveau avec des chances d’être adoptée.
Selon la BCT, le projet de plan de développement relatif à la période 2016-2020 doit constituer un “cadre général utile pour déclencher une dynamique de relance de la croissance mais demeure avec un taux de croissance moyen de 4,5% par an, en deçà des exigences d’une inflexion substantielle de la courbe du chômage ».
En somme, la BCT reproche au gouvernement de ne pas être suffisamment ambitieux au niveau de sa stratégie de développement, de ses programmes et projets même à moyen terme et surtout lorsqu’il s’agit du développement des régions et de l’emploi des jeunes et des femmes.
Le rapport de la BCT dénonce les perspectives incertaines en l’absence d’une vision et de cadre de développement à moyen terme pour le pays .
L’attentisme qui paralyse le climat de l’investissement hypothèque le processus de la croissance. Or le nouveau code d’investissement traîne encore dans les bureaux du ministère de l’Investissement et du développement depuis des mois.

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