Des mots pour le dire…: Le coût de la démocratie

Le Maroc continue à tirer son épingle du jeu du printemps arabe. Pendant que la Tunisie gère un tant soit peu le flux des revendications sociales qui ne s’arrêtent pas, et la morosité devenue chronique de son économie, le Maroc attire les investissements directs étrangers avec brio. Dernier en date, Peugeot choisit le site marocain pour implanter son usine de montage de véhicules pour un investissement de 557 millions d’euros (dont 95% supportés par PSA, le solde par la caisse de dépôt et de gestion marocaine), créant 4500 emplois directs et 20.000 indirects. Un coup dur qui s’ajoute à la série d’échecs de notre politique d’attraction et d’incitation aux IDE sur le site Tunisie. Depuis la Révolution, le Maroc était une alternative sérieuse pour les IDE implantés en Tunisie.
En effet quand les travailleurs tunisiens pratiquaient leur droit fraîchement acquis grâce à la Révolution, la grève, les IDE implantés en Tunisie étaient obligés de basculer leurs commandes vers le site marocain, pour honorer leurs engagements avec leurs clients. PSA n’est que le dernier exploit en date des Marocains, Renault s’est déjà implanté en 2012 à travers une usine d’assemblage de véhicules low cost de la marque Dacia. Un investissement de 1,1 milliard d’euros générant 6.000 emplois et par ricochet, 30.000 emplois chez les équipementiers puisque Renault compte s’approvisionner des équipementiers implantés sur le site marocain. A travers ces usines, PSA et Renault passent à l’offensive commerciale sur les marchés Afrique et Moyen Orient.
D’ailleurs, une partie de ces voitures assemblées au Maroc seront vendus en Tunisie. Quel gâchis ? Ce n’est pas uniquement la stabilité socio-économique qui a avantagé le site Maroc. Selon les constructeurs français, « cette base industrielle se veut très compétitive.
Outre les exonérations fiscales de la zone franche, les usines s’appuient sur une main-d’œuvre locale très bon marché – le salaire minimum horaire est de 13,4 dirhams, soit 1,2 euro – ce qui explique le nombre élevé de salariés et le faible taux d’automatisation. La production sur place des moteurs et le recours aux fournisseurs locaux doivent permettre de limiter au maximum les importations et d’atteindre un taux d’intégration locale de 60%, et de 80% à terme » avec ces investissements, le Maroc est devenu une plate-forme mondiale de l’automobile.
La Tunisie a perdu son leadership. Etre le meilleur en Afrique du Nord en termes de compétences humaines, de proximité, d’avantages comparatifs en matière logistique et coût de la main d’œuvre, ce n’est plus qu’un vague souvenir pour la Tunisie. On s’attendait à ce qu’un gouvernement élu démocratiquement et stable renoue avec les acquis de la destination Tunisie, mais la chute semble très difficile à surmonter.

Related posts

Sousse accueille une croisière française avec 165 passagers à bord

Adel Chouari, DG du RNE dévoile « RNE Corporate » et une série de nouveautés

Nouvelles règles d’origine : une révolution silencieuse pour le commerce extérieur ?