Notre pays a des difficultés pour promouvoir les exportations et créer en masse des emplois, notamment pour les diplômés du supérieur qui sont plus de 260.000 à la recherche de leur premier emploi.
Il faut dire que le climat des affaires est peu propice à l’investissement qui est le facteur majeur d’impulsion de la croissance économique.
En attendant la restauration de la confiance et le retour de la stabilité socio-politique et de la visibilité économique et fiscale, nous devons trouver des relais de croissance susceptibles de favoriser cette stabilité.
Il s’agit d’identifier grâce à un diagnostic rapide des secteurs-porteurs parmi les l’activités économiques, pour lesquels nous disposons déjà d’atouts réels et de potentialités de développement certaines susceptibles de devenir en quelques mois, sinon au bout de deux ans, des relais de développement. Ces derniers pourraient générer une croissance économique élevée, moyennant la suppression de quelques obstacles, considérés comme majeurs et l’octroi de certaines incitations peu coûteuses pour les pouvoirs publics.
D’ou la création massive d’emplois, l’expansion des exportations, ainsi que la montée en gamme de la valeur ajoutée au point de faire de notre pays un pôle régional majeur, attractif vis-à-vis des investisseurs extérieurs et créateur d’une image brillante qui rayonnerait sur les places financières internationales. Nous devons avoir des ambitions haut placées dans ce cadre.
Le concept a émergé lors du récent forum-santé organisé par notre magazine à l’hôtel Alhambra à Hammamet sur les thèmes des industries pharmaceutiques, les 28 et 29 juin 2018.
Afin d’être opérationnel en un temps record et réussir ces opérations de promotion industrielle, des pactes de développement sectoriels doivent être conclus entre la profession représentée par son syndicat patronal ou la Chambre nationale représentative et la présidence du gouvernement qui représente les 3 ou 4 départements ministériels concernés (Finances, Industrie, Commerce, ministère de tutelle).
Des corporations professionnelles qui fourmillent de compétences et de savoir-faire, des métiers de l’intelligence et de la matière grise qui ont fait leurs preuves comme ceux des bureaux d’études, de l’expertise-comptable, et des ingénieurs-conseils des métiers du consulting et de l’expertise qui rongent leurs freins en raison de l’étroitesse du marché, devraient partir à la conquête des marchés africains où les projets abondent mais l’intendance et la logistique ne suivent pas. En effet, des problèmes de financement, des questions de taille optimale, des difficultés de transferts de fonds en cas d’implantation à l’extérieur, l’absence ou le manque d’encouragements étatiques, la protection des marchés… sont autant de contraintes.
Il y a là une mine d’or qui a besoin d’être explorée et exploitée. A titre d’exemples, faisons rapidement le diagnostic-critique du secteur des industries pharmaceutiques.
Plusieurs incohérences et dysfonctionnements constituent des obstacles et des contraintes à l’expansion des industries pharmaceutiques locales. En effet, les industries pharmaceutiques locales paient 7% de TVA ainsi que les droits de douanes et les taxes diverses lors de l’importation des matières premières, alors que les médicaments importés, notamment des pays de l’Union européenne, sont exonérés : un traitement inéquitable et défavorable à la production locale.
Alors qu’il serait tout à fait logique que l’Etat protège et soutienne des industries locales qui investissent, prennent des risques, créent des emplois et contribuent à réduire les dépenses en devises.
En outre, les appels d’offres de la Pharmacie centrale pour l’acquisition de médicaments se font en devises et non en dinars, ce qui ne favorise pas les producteurs locaux.
La Pharmacie centrale consacre 160 à 180 MD à la compensation des médicaments chaque année sur son propre budget, ce qui n’est pas son rôle, mais celui de l’Etat, et ce qui aggrave son propre déficit.
Parmi les médicaments importés, figurent 14% de médicaments qui ont leurs similaires fabriqués localement.
L’obtention de l’AMM nécessaire pour la mise d’un nouveau médicament sur le marché a exigé trois années d’attente, ce qui est trop long et préjudiciable aux intérêts des industries, faute d’équipements et de personnels compétents en nombre suffisant dans les services de contrôle étatique.
L’Administration doit disposer de moyens suffisants pour faire face à ses responsabilités. Cela implique la mise à niveau des structures et institutions étatiques qui garantissent la qualité des médicaments et le respect des normes.
Plusieurs secteurs d’activité recèlent de grandes potentialités de développement et peuvent faire l’objet de ces pactes : le secteur textile-habillement, la promotion immobilière et le secteur du bâtiment-travaux publics, les composants-autos et le secteur de l’aéronautique, les énergies renouvelables, l’hôtellerie-tourisme, les établissements d’enseignement supérieur privé, les produits agroalimentaires bio, les cliniques privées et les établissements de thalassothérapie.
Les questions relatives au financement des industries pharmaceutiques vont se poser de plus en plus à l’avenir, alors qu’il y a des disponibilités intéressantes chez les fonds d’investissement en capital-développement.