“C’est la semaine du boycott” : tout le monde boycotte quelque chose ou quelqu’un ! Il faut dire que c’est un mot à la mode, mais je voudrais, sans prétention, faire un peu de sémantique parce qu’on l’emploie un peu n’importe comment. Comme exemple, je prendrai la “Une” de mon quotidien (dimanche 1/3). En haut de la page, on lit le titre : “Nous boycotterons les examens du deuxième trimestre”, que les élèves, si j’en juge d’après les petits-enfants, préparent assidûment depuis plusieurs jours. Pourquoi cette décision ? Parce que les professeurs du secondaire n’ont pas obtenu les augmentations de salaires qu’ils réclament à cor et à cri. Je crois que dans ce cas le boycott et un acte négatif.
Dans la même page, en bas, dans l’Edito, on peut lire : “… D’autres députés ont carrément boycotté les travaux de la dernière séance de l’ARP, en signe de solidarité avec certaines régions du Nord-Ouest” Pourquoi cette décision ? On nous le doit et nous avons pu voir aux JT et sur les réseaux sociaux ces députés en train de soutenir et d’aider les habitants sinistrés de ces régions déjà défavorisées.
Cela montre, à mon avis, qu’il ne faut pas employer “boycotter” dans n’importe quelle circonstance parce que dans le premier exemple les enseignants “boycottent” parce qu’ils sont mécontents de leur ministère et le verbe employé me paraît avoir un sens négatif, tandis que dans le second exemple les députés “boycottent” parce qu’ils ont quitté Tunis (donc l’ARP) pour être aux côtés de leurs électeurs, ce qui donne à leur acte un sens positif. C’est très différent me semble-t-il !
Le président de la République a reçu le ministre de l’Intérieur. Ce dernier a affirmé l’existence de liens étroits entre la contrebande et le terrorisme. L’un nourrissant l’autre, et a assuré qu’un système de renseignements puissant va être mis en place et que les réseaux d’informations vont être réactivés.
Toujours au M.I, Mohamed Nejem Gharsalli a limogé Mohamed Imed Ghodhbani de son poste de Directeur général de la Sûreté nationale, et a supprimé ce poste. Dans la foulée, il a décidé une série de nominations : 1/ Sami Abdessemad : Directeur général de la Sécurité urbaine ; 2/ Ezzedine Khalsi : Directeur général des Services techniques ; 3/Taoufik Ibrahim Bouaoum : Inspecteur général de la Sûreté nationale ; 4/Sami Hichri : Directeur général des Services spéciaux. L’ancien conseiller des précédents ministres de l’Intérieur, Fathi Beldi a lui aussi été révoqué.
Ces nominations entrent-elles dans le cadre de la révision des nominations effectuées par la Troïka et largement critiquées par la classe politique et quelques échecs dans la lutte contre le terrorisme ? Il faut l’espérer…
Nouvelle formation politique en vue ? Mohamed Abbou, SG du Courant démocrate, a déclaré que le prochain Conseil national de son parti examinera la création d’un nouveau front politique composé de sept partis “appartenant à la famille sociale-démocrate” à savoir Ettakatol, L’Alliance démocratique, le Mouvement du peuple, Al Joumhouri, le Parti du travail tunisien et le Parti des sociaux-démocrates. Un parti de plus pour les prochaines échéances politiques et municipales.
Mais que peut-il y avoir en commun entre Maya Jeribi ou Iyad Dahmani et les époux Abbou ? Quelles affinités entre Ettakatol et le Mouvement du peuple ? Enfin, on ne peut que leur souhaiter de bien s’entendre et d’être efficaces, s’ils y parviennent, car l’existence d’une opposition sérieuse et constructive est indispensable dans un pays en construction comme le nôtre. On peut se demander comment se sentira le fondateur d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar, au milieu de tous ces anciens opposants à l’ex-président de l’ANC qu’il était ?
Certains journalistes de la presse locale devraient mettre un bémol à leurs critiques incessantes de l’action du gouvernement, qui ne me paraît pas si inactif qu’ils veulent bien le dire : la preuve, c’est la visite à Jendouba et Boussalem du chef du gouvernement accompagné de plusieurs ministres, continuant ainsi leur tournée entreprise la semaine dernière. Les ministres sont appelés à donner le plus vite possible les réponses adéquates aux questions posées par les précipitations et les crues mais eux non plus n’ont pas de baguette magique et doivent supporter la négligence de leurs prédécesseurs. Bien des projets lancés au cours des dernières années n’ont jamais été réalisés, ainsi que l’a déclaré Mohamed Salah Arfaoui, ministre de l’Equipement et “ce blocage est dû au fait que les financeurs de ces projets n’ont pas versé les fonds nécessaires à leur réalisation”, à Sidi Bouzid. Aussi, après avoir “secoué” un peu les pourvoyeurs de fonds qui ont renouvelé leurs promesses, le ministre a pu affirmer que des appels d’offres vont être lancés, notamment pour la réhabilitation de 1000 km de routes rurales et la réalisation de 12 grands projets parmi 20 qui sont bloqués d’ici 100 jours.
En attendant le définitif, je pense qu’on peut parer au provisoire à moindre frais en ouvrant des chantiers aux si nombreux chômeurs qui pourraient caillasser les pistes boueuses, ne serait-ce que pour permettre aux élèves d’aller à l’école, et colmater les routes du Nord-Ouest, cela en attendant de pouvoir les goudronner. Et dès que le temps sera meilleur, il faudrait nettoyer les oueds de tous les déchets qui les ralentissent et ensuite les curer pour les approfondir. Il est aussi indispensable de distribuer de l’eau potable, au moins pour la boisson afin d’éviter des maladies, des centaines de milliers de bouteilles d’eau minérale peuvent être sûrement acheminées par les camions des nombreuses usines et les stocks des supermarchés et de remettre en état les conduites d’eau des villes et villages qui ont été détruites par les inondations. C’est un problème de salubrité publique qui ne peut pas attendre.
Les bombardements ont repris depuis une quinzaine de jours sur les djebels Chaambi et Semmena. Après les actions menées par l’aviation et l’artillerie, une vaste opération militaire (armée et GN), a débuté dans cette région et de nombreux terroristes sont encerclés, dans la même région les forces sécuritaires ont procédé à des descentes dans des logements abandonnés susceptibles d’être utilisés par les terroristes.
Au Sud, un immense dépôt d’armes de guerre (lance-roquettes RPG, avec leurs munitions, kalachnikovs, fusils d’assaut) a été découvert dans la région de Ben Guerdane. Des ratissages ont été opérés à Deguech (Tozeur), à la suite de mouvements suspects dans le djebel Sidi Bouhlel. Pratiquement, c’est tout le Sud qui est infecté par tout ce qui passe à travers la frontière avec la Libye, et on nous dit qu’elle est sécurisée ! Pas facile, avec un voisin en pleine anarchie.