Par Ridha Lahmar
Le 2e assassinat politique de l’année, celui du martyr Mohamed Brahmi, a eu l’effet d’un cataclysme sur la sphère économique et financière tunisienne. Il faut dire qu’il est difficile d’envisager tout de suite toutes les conséquences à moyen et long terme sur les investissements directs étrangers, le commerce extérieur, la destination touristique Tunisie, le taux de change du dinar…
En effet, il faut attendre la suite des évènements d’ordre politique et sécuritaire pour pouvoir établir des prévisions crédibles, car l’événement survenu le 25 juillet constitue un tournant décisif et brutal dans le processus transitionnel, lourd de conséquences socioéconomiques graves.
À court terme, le constat est sans appel à la Bourse de Tunis et le taux de change du dinar vis-à-vis des devises a accusé le coup. Le 25 juillet étant jour férié, un vent de panique a soufflé sur la Bourse dès le lendemain 26 juillet : sur 47 valeurs sur la cote permanente (1er marché) 45 valeurs étaient en baisse, tandis que deux valeurs seulement ont résisté, Land d’Or et CIL. Le TUNINDEX, indice de référence, a chuté de 1,66% à 45569,71, un effondrement, vu les normes prudentielles en vigueur sur la Bourse de Tunis. La perte de confiance chez les investisseurs a été immédiate : toutes les instructions données aux intermédiaires agrées consistaient à vendre. Par contre, peu d’acheteurs, la Bourse reste le thermomètre de la confiance et l’investissement est une option sur l’avenir.
Les principales baisses ont touché les valeurs les plus vulnérables Electro-Star (-6%), les AMS (-4,44%) et Tunis-Ré (-4,37%.)
Le volume des échanges, d’habitude entre 4 et 5 MD a été faible : 2,09MD.
L’onde de choc provoquée par cet assassinat a engendré un climat de tension, d’insécurité et d’incertitude, néfaste pour le monde des affaires. L’impact de tout cela est susceptible de retarder et de ralentir les futures introductions en Bourse qui sont programmées pour les semaines et les mois à venir et dont certaines, comme Lilas et Délice, risquent de peser lourd sur la place boursière de Tunis.
Tout cela dans une conjoncture de raréfaction des crédits bancaires.
Le taux de change du dinar a marqué le coup en accusant une baisse sensible aussi bien vis-à-vis de l’euro que du dollar.
Il y a une perte inestimable, impossible à évaluer de façon chiffrée. C’est l’image d’un pays où la pratique de l’assassinat politique est répétitive, où les terroristes entrent et sortent librement, où les armes traversent les frontières.
Le ministère du Tourisme qui comptait sur les mois d’août et de septembre, ainsi que sur l’arrière-saison pour redresser les statistiques des entrées et des nuitées du 1er semestre, risque de connaitre des déceptions à ce niveau.
En outre, la journée de grève générale du 26 juillet représente une perte sèche pour la nation de l’ordre de 200MD.
L’économie tunisienne est au bord du gouffre et ne pourrait être sauvée que si des signaux forts étaient donnés tout de suite aux acteurs économiques et financiers : arrestation et condamnation des assassins des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, fixation d’une date définitive pour les élections législative et présidentielle ainsi que l’adoption de la Constitution dans un délai de deux mois maximum.
La rédaction du Code des investissements, qui traîne depuis 18 mois, devrait également être promulguée avant fin septembre.
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Plan de restructuration de la STIP
Le STIP, c’est l’industriel national de fabrication de pneumatiques pour les véhicules roulants, dont la date de création remonte à 45 ans et qui gère deux usines à Msaken et à Menzel Bourguiba.
La STIP (pneus Amine) connaît des difficultés depuis plusieurs années, notamment depuis 2008. La visite récente du ministre de l’Industrie, Mehdi Jomaa, à Msaken a permis d’étudier la possibilité de mettre à exécution un plan de restructuration de l’entreprise pour assurer son redressement.
L’entreprise souffre de problèmes financiers et de difficultés commerciales qui ont engendré un déficit cumulé de 130MD. La capacité de production de l’usine n’est utilisée qu’à concurrence de 50%.
En effet, la concurrence déloyale, la contrebande et le commerce parallèle ont fait perdre à l’entreprise sa compétitivité sur le marché local et à l’export.
La survie et la pérennité de l’entreprise sont menacées alors que la STIP emploie 950 cadres et ouvriers.
Le ministre a affirmé l’engagement du gouvernement à soutenir l’entreprise qui doit réduire ses coûts, améliorer la qualité de ses produits et mobiliser les fonds nécessaires à son activité tout en essayant de récupérer une partie des 60% perdus de son marché.
L’UPM lance un nouveau projet logistique
L’Union pour la Méditerranée qui commence à promouvoir des projets concrets représentant un intérêt économique pour plusieurs pays de la région Méditerranée, vient de lancer le projet appelé “Logistimed Training Activites”, financé par la Banque européenne d’investissement, il a pour objectif de favoriser le commerce et le transport maritime en méditerranée. Il consiste à financer cinq plates-formes logistiques sur une période de six ans : 2013-2018. Ce programme sera complété par des cycles de formation afin d’améliorer la qualification des opérateurs et des gestionnaires de plates-formes logistiques.
Ainsi sera créé un réseau de plates-formes logistiques en Méditerranée caractérisées par une qualité de prestation de services. En effet l’intensification des échanges commerciaux, les exigences de rapidité ajoutées aux impératifs de transformation et à l’encombrement des ports font que la logistique est devenue une nécessité précieuse dans les échanges.
Le Kef : un nouveau complexe hydraulique
Le barrage construit sur l’oued Mellègue il y a plus de trente ans a été envasé, car le bassin versant n’a pas été traité correctement contre l’érosion, il n’a donc plus la capacité de rétention d’eau nécessaire pour remplir sa fonction d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation. Les services techniques du ministère de l’Agriculture ont décidé de construire un autre barrage à l’amont du premier, pour assurer la mobilisation des eaux de surface et renforcer la capacité de stockage des eaux du gouvernorat du Kef. L’investissement est évalué à 146 MD.
Il y a lieu de remarquer qu’au sud du même gouvernorat, le barrage de Sarrat en construction sera achevé fin 2014, il aura coûté 104 MD.
Ces barrages sont connectés entre eux pour permettre une souplesse de gestion, non seulement pour le stockage des eaux en toutes saisons, mais aussi le dosage des taux de salinité qui fluctue entre 6 grammes de sel par litre en été et 3 grammes en hiver. La norme maximale admise par l’OMS étant de 3 grammes pour l’eau potable.
Il faut dire que ces barrages ont pour objet non seulement l’alimentation de la population en eau potable, mais aussi l’irrigation des périmètres de cultures en aval ainsi que la production d’hydroélectricité.
Rappelons qu’il est prévu de construire une station thermale à Hammam Mellègue pour un investissement de 5 millions de dinars à proximité d’un site archéologique prestigieux.
Le barrage de Tarsa est actuellement à l’étude, il pourrait ainsi renforcer le dispositif hydraulique dans son ensemble.
C’est dire si le gouvernorat du Kef est appelé à connaître un développement rapide de ses potentialités agricoles et touristiques.
Encore faut-il qu’il y ait une stratégie volontariste et coordonnée de la part des autorités publiques.
Syphax acquiert un Airbus A330-200
Il s’agit du premier long courrier gros porteur acquis par une compagnie de transport aérien tunisienne.
Cet avion neuf a attéri le 21 juin à Tunis et a été baptisé Al Qods.
La flotte de Syphax comportait déjà 2 Airbus A319 baptisés Al Karama et Al Horrya, l’A330 est destiné à rallier la Chine et le Canada à partir de Tunis par des vols directs et réguliers ce qui n’a été jamais pratiqué par une compagnie tunisienne faute de rentabilité confirmée par des études de marché et faute de disponibilité d’avions appropriés vu la distance : 10 à 12.000 kms. La capacité de l’A330 est de 278 passagers dont 28 en classe “affaires”.
Il y a lieu de remarquer qu’au cours de la récente exposition relative à l’aviation commerciale au Salon du Bourget/Paris, Syphax a conclu avec Airbus Industries, un contrat relatif à l’achat de 3 avions A320 néo équipés de réacteurs CFM ainsi qu’une option relative à 3 A320 néo.
Syphax est la première compagnie aérienne africaine à acquérir des Airbus A320 néo. Il faut dire que la récente augmentation du capital de Syphax à la faveur de son introduction en Bourse, permet à la compagnie privée de renforcer sa flotte.
Ridha Lahmar