Quoi de plus noble pour des femmes que de décider de célébrer leur fête sur le terrain aux côtés de celles qui n’arrêtent pas de labourer ce même terrain en le parcourant à pieds et de l’arroser avec leur sueur pour…faire vivre homme et enfants. Hommage à toutes les femmes de mon beau pays.
Ces femmes, ce sont celles que l’on qualifie de sages et appartiennent à l’Association « Sages femmes de Tunisie Horizons et défis« .
Les blouses roses, couleur prédominante de ce corps de métier depuis la nuit des temps, ont décidé de fêter cette merveilleuse journée mondiale dédiée à la femme en prenant le chemin d’El Ala dans le gouvernorat de Kairouan.
Et la noblesse du geste n’a d’égal que la noblesse de l’objectif : aller, dans le cadre d’une caravane mobile équipée, à la rencontre des femmes de la région, pour détecter les cas suspects et assurer la prise en charge pour celles qui n’ont pas les moyens de se faire soigner.
« Jit bech netfakdek ou nkarmek fi darek ». est la devise choisie cette année pour cette action humanitaire de l’association.
Les membres de l’association ont prévu d’organiser une campagne d’information et de sensibilisation sur le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus dans la zone d’El Ala (gouvernorat de Kairouan) pour des raisons, le moins qu’on puisse dire objective. D’abord le manque flagrant en sages femmes au sein du dispensaire de la localité, ensuite, à cause de l’accès difficile, pour ces femmes, aux établissements hospitaliers de la région.
Nombreuses sont les femmes qui renoncent à des examens de contrôle en raison de la distance qui les sépare du plus proche établissement hospitalier, si cela se trouve.
S’ajoute à cela, et la ministre de la santé vient de le confirmer devant l’ARP, l’insuffisance d’effectif, la surcharge de travail et le manque de matériel et d’équipements dans les établissements hospitaliers relevant du secteur public. El Ala, ou encore le gouvernorat de Kairouan ne font pas l’exception.
La caravane de ce 8 mars 2017 est composée de deux médecins gynécologues et de sages-femmes et, cerise sur le gâteau, elle est bien équipée du matériel nécessaire pour réaliser des examens de dépistage dans le dispensaire et faire du porte-à-porte pour informer et sensibiliser les femmes qui habitent dans des zones reculées se trouvant éloignées du dispensaire qui, croyons-nous savoir compte une seule sage-femme.
Au programme de la caravane, « des examens de contrôle aux femmes dont les ressources sont limitées et qui habitent dans des zones reculées et prise en charge des cas suspects qui nécessitent un transfert à Tunis pour des examens plus approfondis« , précise la présidente de l’Association, Nour El Houda Essassi, qui souligne que « le choix d’El Ala avait un double objectif. Le premier c’est d’aller offrir aux femmes de la localité ce qu’elles ne peuvent pas toujours s’offrir : consultation, conseil et s’il le faut, prise en charge. Second objectif, rendre hommage au courage de la sage-femme du dispensaire d’El Ala et à travers elle à toutes les sages-femmes qui travaillent dans des conditions difficiles« .
Il est important de rappeler que ces cadres paramédicaux étaient, il n’y a pas très longtemps, en sit-in devant le ministère de la santé pour revendiquer un statut qu’ils méritent amplement. Elles viennent de prouver qu’elles sont volontaires et bénévoles pour aller à la rencontre de celles qui peuvent avoir besoin de leurs compétences. Parmi elles, de jeunes sages-femmes dont le rêve est d’obtenir leur statut à l’instar de tous les corps de métier.
En ce 8 mars, les « Sages-femmes de Tunisie » ont choisi d’oublier la notion de fête pour aller célébrer à El Ala quelque chose de plus important encore : le don de soi et l’Humanité.
Pourvu qu’il y ait de sages hommes pour écouter leur message et….surtout le comprendre.
Bonne fête MESDAMES.
F.B