«La main rouge », de sinistre mémoire, assassine Farhat Hached et ce crime, téléguidé par le quai d’Orsay, conforte la vive réaction montée à l’assaut de la colonisation. De même, Sakiet Sidi Youssef, bombardée, soude la Tunisie et l’Algérie liguées contre une France condamnée à décamper « wa la bouda lil caïdi an yankassir ». Cependant, l’accoutumance à la guerre lègue les attitudes et les pratiques meurtrières. Aujourd’hui, une fois revenus du front, soldats ukrainiens et russes colportent leurs dispositions tueuses et les transposent au style civil.
Le 2 mai, LCI reproduit des statistiques moscovites où figure l’implosion des crimes commis par les combattants russes revenus de la géhenne ukrainienne. A ce propos, pas un mot ne mentionne le même phénomène chez le parrainé par l’Occident apeuré. La partialité n’est plus à démontrer. Mais une fois vomi ce parti-pris anti-russe et anti-gazaoui, l’investigation rencontre un problème de fond. Une fois démobilisé, le combattant ôte, certes, sa tenue militaire, mais il garde ses manières meurtrières… Livré à lui-même, il subit l’inactivité et l’ennui de la vie dépourvue de projet. Alors surgissent les façons inculquées au temps où fut normalisé l’art de l’agression. Ce background remonte et incite à la transgression des codifications instituées en temps de paix.
L’agent social passe à l’acte, agresse, vole et viole. Voilà pourquoi les statistiques différentielles dévoilent ce procès démentiel. Fut-elle de libération nationale ou d’occupation coloniale, toute guerre lègue son héritage sauvage. Maintenant, Israël et le Hamas lancent, l’un vers l’autre, l’accusation de viol, de maltraitance et de harcèlement. Chacun des compères oppose un déni aux critiques propulsées par l’adversaire. « Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère », écrit Baudelaire. Nous occultons nos malfaçons tant « il n’est de science que du caché ». Car si le déserteur abandonne son poste, le baroudeur, lui, demeure vrillé à son éthos meurtrier.
« Si vous me poursuivez, prévenez vos gendarmes que j’aurai bien une arme et que je sais tirer ». Les tabors marocains, corps d’infanterie incorporé à l’armée française, tenaient à continuer le combat livré aux Allemands une fois le conflit fini. De même, les fellagas tunisiens refusèrent de quitter le maquis et il aura fallu leur adresser Bibi junior pour les décider à désarmer.
Puis, Lazhar Chraïti participa au complot ourdi, tel un coup d’État, contre Bourguiba. Il fut condamné par le juge Mohamed Farhat, le frère de Abdallah Farhat, bien plus connu. Une autre séquence illustre la même rémanence de la violence. Au temps où le pays, libéré des Français, construisait son armée, Bahi Ladgham présente à Bourguiba un candidat susceptible d’occuper la fonction du bien fort chef d’état-major. Bourguiba le questionna. Fier de sa carrière, le vétéran apprend au grand combattant sa participation au coup d’État mené en Syrie contre Choukéiri. Bourguiba sourit puis éconduit l’étourdi, car l’accoutumé à la gabegie pourrait récidiver. Éli fih taba ma tit5aba.
L’inéluctable rémanence de la violence a partie liée avec les dispositions subjectives incrustées au plus profond de l’inconscient. Dès lors apparaît le danger du guerrier une fois la bataille achevée. A l’origine des manières délétères, charriées par le démobilisé, était la guerre. Toutefois, aux Etats-Unis, les campus indignés contre les génocidaires de Gaza légitiment le juste combat. Et si jamais celui-ci, une fois fini, pouvait entraîner des séquelles à regretter, en temps de paix, rien ne pourra délégitimer le droit de récupérer les territoires chapardés. Interviewé le 4 mai par LCI, l’ambassadeur israélien en France répond à la question : « Comment percevez-vous la contestation par les campus américains de la façon dont Israël mène la guerre à Gaza ? »
Roublard, tout comme Netanyahu, le diplomate répond : « Ces étudiants ne savent pas de quoi ils parlent. Ils ne connaissent le nom ni du fleuve, ni de la mer qu’ils citent ».
Si j’ignore l’appellation des lieux où sévit la guerre génocidaire, cette méconnaissance ne retire et n’ajoute rien aux crimes de guerre commis en série.
Le menteur ajoute : « C’est notre terre, nous sommes là depuis 2000 ans ». Non, depuis 1945. Les Israéliens n’ont rien à voir avec les Araméens et l’ère millénaire. C’est un historien, juif américain, qui le montre bel et bien dans son bouquin. L’ambassadeur est un usurpateur doublé d’un falsificateur.
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