Développement régional: Le secteur public engrange mal, le privé en perte de vitesse

Décidément, le tableau de la croissance économique dans toute la zone du Nord Ouest est sombre et la situation ne s’annonce guère reluisante pour les années à venir, d’autant plus que le secteur public, ancienne locomotive de la croissance dans cette région,  piétine en ce moment, avec une faible consommation des crédits  alloués aux projets d’infrastructure de base ou autres, alors que le secteur privé est incontestablement en perte de vitesse, du fait de l’absence de nouvelles réalisations dans le secteur et même de la situation critique de certaines entreprises implantées dans la zone.

D’ailleurs, la consommation des crédits alloués aux différents projets d’infrastructures de base n’a guère franchi la barre des 50% en 2014. elle se situe même en deçà de ce chiffre  dans le gouvernorat du Kef où le taux de chômage s’élève  selon les chiffres officiels à 12,1%,  contre une estimation réelle à 22% avec encore 5800 diplômés de l’université  en chômage depuis deux ans ou plus.

Déjà sur 871 projets de divers ordres accordés à la région depuis 2010, seulement, 32% d’entre eux ont été mis en place et 23% sont en cours de réalisation, alors que les autres accusent des retards énormes. Certains projets (8%)  n’ont toujours pas démarré, en raison de nombreuses difficultés liées, entre autres à l’absence d’entreprises spécialisées ou de bureaux d’études dans la région
Le passage par les fourches caudines de l’Administration représente lui aussi un autre frein  à la réalisation de certains projets, à l’image de la nouvelle cimenterie de Zouarine, non loin de Dahmani accordée à la cimenterie d’Oum el klil (CIOK) qui n’a pas encore démarré, suite au refus de l’administration de tutelle de donner le feu vert au projet, après lui avoir donné l’autorisation de base, en raison de l’inadéquation de l’autorisation avec la législation en vigueur qui interdit la mise en place d’une seconde cimenterie dans une région qui en compte déjà une. Le frein à ce projet remonte d’ailleurs à la période d’avant la Révolution,  au cours de laquelle les autorités compétentes ont refusé au groupe italien ITALIA CIMENTI la réalisation du projet dont le coût se montait à 250 millions de dinars en monnaie sonnante et trébuchante.

Dans le secteur des produits substantiels,  seules deux briqueteries et quatre unités de façonnage du marbre ont été érigées un peu partout dans la région, alors que l’on recense pas moins de 43 sites de ce genre de produits dont quatre ont déjà bénéficié d’études approfondies et attendent des preneurs  Autre bémol, les retards accumulés au niveau de la finalisation du projet d’aménagement de la zone industrielle de Oued Ermal, au sud du Kef dont les travaux auraient dû prendre fin en 2011 .Quatre unités de façonnage du marbre et  d’emballages des huiles y sont  cependant en cours de réalisation, suite aux accords accordés à leurs promoteurs, à titre d’anticipation  en espérant que l’achèvement des travaux d’aménagement de  la zone ira, en parallèle avec la concrétisation de ces projets lesquels  devront générer, selon le directeur régional du développement au gouvernorat du Kef, un  peu plus de 120 postes d’emploi. Ce dernier estime que la région peut se développer davantage si l’on y développe le secteur agricole productif, particulièrement les secteurs des laitages et de l’arboriculture, en ce qu’ils ont un effet d’entrainement sur la promotion du secteur agroalimentaire, surtout que la région compte 15 mille  têtes bovines laitières dont 5000 de race pure. Le secteur de l’huile d’olive reste lui aussi capable de fournir de nouvelles opportunités de conditionnement de l’huile dont la bonne qualité n’est plus à prouver d’autant plus encore que l’on cherche, depuis deux ans à implanter un cluster dans toute la région du Nord Ouest, avec comme prérogative la prise  en charge du secteur et la valorisation des produits du terroir.

Cela dit, le projet de montage du fameux projet de création d’un complexe industriel de fabrication des produits cosmétiques et de détergents liquides initié  par le richissime Slim Riahi, prévu pour 2014,  n’a toujours pas eu lieu  et les citoyens, tout comme les pouvoirs politiques de la région s’interrogent sur les mobiles occultes de  ce retard et commencent même à nourrir des inquiétudes quant à la possibilité d’annulation pure et simple du projet qui prévoyait en principe, la création de 500 postes d’emploi dans une première phase, contre un millier de postes  lorsque le projet aura atteint sa vitesse de croisière ; selon les projections du groupe Tunisie Holding qui pilote ce projet et un autre projet agroalimentaire intégré d’envergure à Siliana, lequel semble lui aussi, à son tour, subir un mauvais sort et serait même rangé dans les tiroirs de l’entreprise en charge de sa promotion . Pourvu  que ce mauvais sort  ne soit pas une réalité, car cela peut devenir cruel pour une région encore marginalisée et qui a besoin de plus de soutien.

J.T

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