Disparition de “Hakaek” Le combat continue

L’hebdomadaire «Hakaek», titre de langue arabe du groupe Maghreb Média, a été suspendu vendredi 1er février des suites d’un « étouffement» financier qui fait craindre le pire pour la presse indépendante (manque de publicité publique et défections (80%!), souvent suspectes, d’abonnements).

«Aujourd’hui nous traversons une situation financière difficile et délicate que nous avons, par le passé, rencontrée sous Bourguiba et Ben Ali mais nous avons pu, à chaque fois, par la détermination de toute l’équipe, surmonter les obstacles et réussir à vaincre les obstacles. Nous avons préféré suspendre momentanément (je l’espère) Hakaek pour arrêter l’hémorragie financière», a affirmé M  Taieb Zahar, directeur des publications du groupe.

Les ressources financières principales de la presse se résument à la publicité étatique et privée ainsi qu’à la diffusion auprès des publics. En Tunisie, les nouvelles publications post 14 janvier, mais également certains titres plus anciens, connaissent un déficit publicitaire inédit.

«Nous avons pris des décisions pour sauver l’entreprise, dont l’arrêt momentané du journal Hakaek. Nous avons un déficit que nous ne pouvons pas supporter. Ce déficit est paradoxal parce que Hakaek est un journal qui a réussi à s’imposer. De plus, dans les autres pays, la presse bénéficie de subventions étatiques, au Maroc (5 millions d’euros par an) et en France (un milliard d’euros par an) », ajoute M. Zahar.

Plusieurs paramètres entrent en jeu dans toute entreprise médiatique. Les contraintes économiques ont un poids décisif. L’indépendance se paie souvent cher en termes de survie des publications.

«Nous avons remarqué qu’il y a une chute brusque dans les ventes du journal. Mise à part la publicité publique, dont on ne bénéficie pas, nous avons fait un autre constat. Quand un client vient chercher Hakaek, il n’en trouve plus et puis quand nous réclamons les invendus auprès des revendeurs, ils sont parfois introuvables ! Nous n’avons pas d’explications», a fait savoir M Lotfi Lamari, rédacteur en chef du journal suspendu.

«Nous avons commencé à nous interroger et à nous remettre en cause au début avant de constater cela. Concernant l’équipe de journalistes, nous leur avons accordé, en concertation avec le syndicat des journalistes, une compensation financière. Grâce au soutien et à la compréhension du syndicat et des journalistes, nous avons pu trouver cette solution, mais perdre son emploi dans cette conjoncture est particulièrement insupportable», souligne M. Zahar.

La régulation des médias en Tunisie est une urgence. Le problème ne réside pas seulement dans la suspension des titres mais aussi dans la destruction des emplois.

M. Zahar se dit prêt de tout essayer pour relancer Hakaek, titre qui a atteint jadis, dans les premières semaines de son lancement, 60 000 exemplaires. Il pourrait même se transformer en quotidien, quand « les conditions seront réunies ».

Chaimae BOUAZZAOUI

 

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