Dissolution du CSM : l’inquiétude des États-Unis, de l’UE et des partenaires de la Tunisie

L’annonce du président de la République Kaïs Saïd concernant la dissolution du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) ne cesse de susciter la polémique autant à l’échelle nationale qu’internationale. Plusieurs partis politiques, représentations diplomatiques de pays partenaires stratégiques, ainsi que des représentants d’organisations internationales ont exprimé leur inquiétude au sujet de cette décision. Celle-ci pour rappel, a été annoncée dimanche dernier.

Réactions en Tunisie : entre critique virulentes et soutien

A l’échelle nationale, le bureau exécutif du mouvement Ennahdha a exprimé, hier soir, son rejet catégorique de cette décision qu’il qualifie d’anticonstitutionnelle. Selon le parti islamiste, elle vise à mettre la Justice et ses rouages entre les mains du président pour combattre ses adversaires politiques et établir une autocratie absolue.

La présidente de Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi a, de son coté, déclaré que le pays est désormais face à une tentative de destruction de l’image de l’Etat, de la loi et des institutions. Et elle a ajouté que le président n’a pas le droit de gouverner par des décrets.

Par ailleurs, Lotfi Belaïd a exprimé, en marge de la commémoration de l’assassinat de son frère, le martyr Chokri Belaïd, son soutien inconditionnel à la décision du président de la République. Il l’a aussi remercié d’avoir pris une telle initiative. Selon lui, elle devrait permettre de révéler la vérité sur le dossier des assassinats politiques en Tunisie.

Réactions internationales : la Tunisie a violé ses engagements pour les Droits de l’Homme selon les Nations Unies

A l’échelle internationale, les réactions des partenaires stratégiques de la Tunisie et des organisations internationales se multiplient depuis l’annonce de la dissolution du CSM. le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) a dénoncé, ce mardi 8 février 2022, la décision de Saïd. Michelle Bachelet a déclaré qu’il reste du pain sur la planche pour adapter la législation, les procédures et les pratiques judiciaires aux normes internationales. Cette décision, poursuit-elle, constitue un pas vers la mauvaise voie selon ses dires. Et d’ajouter : «La dissolution du CSM constitue une violation flagrante des engagements de la Tunisie au regard des Droits de l’Homme».

Le mécontentement et l’inquiétude des États-Unis

De leur coté, les Etats Unis d’Amérique (EU) n’ont pas tardé à annoncer leur mécontentement et à exprimer leur préoccupation face à cette décision. Le porte-parole du département de l’Etat américain en Tunisie, Ned Price, a affirmé lors d’un point de presse tenue hier lundi 7 février 2022, que les EU sont profondément inquiets de la décision de Saïd. Il a insisté que l’indépendance de la justice est un point fondamental pour une démocratie efficace et transparente. Dans ce contexte, il a appelé le gouvernement à maintenir son engagement en faveur d’une Justice indépendante comme le stipule la Constitution tunisienne.

L’inquiétude de l’Union Européenne et des Ambassadeurs de nombreux pays

L’Union Européenne (UE) a, à son tour, exprimé son inquiétude. Nabila Massrali, porte-parole du haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Joseph Borrell, a affirmé : « Nous suivons avec inquiétude l’évolution de la situation en Tunisie, notamment après la récente annonce du président de la république Kaïs Saïd. Elle a également ajouté que l’EU respecte pleinement le peuple tunisien et souligne l’importance de la séparation des pouvoirs.

Dans un communiqué conjoint rendu public ce mardi, les Ambassadeurs d’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis d’Amérique, de France, d’Italie, du Japon, du Royaume-Uni, et de l’Union européenne en Tunisie ont exprimé leur profonde préoccupation face à cette même décision.

Les Ambassadeurs d’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis d’Amérique, de France, d’Italie, du Japon, du Royaume-Uni, et de l’Union Européenne en Tunisie sont profondément préoccupés par l’annonce de la volonté de dissoudre unilatéralement le Conseil supérieur de la magistrature, dont la mission est d’assurer le bon fonctionnement du système judiciaire et le respect de son indépendance.“, peut-on lire dans ledit communiqué.

Khaoula Riahi ( Stagiaire )

Lire aussi: Officiel: Les pays du G7 ainsi que de l’UE préoccupés face à la dissolution du CSM

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