Districts économiques et décentralisation du pouvoir

Peut-on planifier le développement du pays à moyen terme, en lui assurant toutes les chances d’une croissance économique, si les structures et le cadre de ce développement n’ont pas encore été mises en place et fait l’objet d’un consensus national ?
Il est admis par tous que le processus du développement ne peut se concevoir et se réaliser dans le cadre étroit et restrictif des 24 gouvernorats qui sont des découpages administratifs plus ou moins artificiels. C’est pourquoi, il a été décidé à juste titre de créer des districts économiques qui regrouperont chacun plusieurs gouvernorats limitrophes et complémentaires, dans le but de donner une consistance démographique et économique susceptible de constituer une plate-forme nécessaire pour impulser la croissance du pays.
L’objectif consiste à avoir des gouvernorats locomotives ayant accès à la mer, dotés de pôles industriels et urbains, ayant une certaine capacité d’entrainement sur les gouvernorats défavorisés.
Il s’agit d’avoir des régions ayant chacune un poids démographique proche de 2 millions d’habitants, ce qui constitue un marché suffisant pour justifier l’implantation de projets économiques d’une certaine envergure, ayant un rayonnement national. Chaque district pourra bénéficier des atouts complémentaires de plusieurs gouvernorats qui le composent.
Chaque district doit receler en lui-même les motivations, la volonté ainsi que les objectifs de sa propre croissance. Il doit s’opérer à l’intérieur de chaque district une certaine cohésion basée sur la rationalisation des activités économiques et des implantations d’entreprises, de quoi provoquer la croissance de la région dans son ensemble.
Il ne s’agit pas de concevoir un plan national à parachuter dans les régions et à imposer aux populations des zones défavorisées de l’intérieur du pays.
La Révolution a éclaté dans les régions avant de parvenir à la capitale selon des revendications légitimes : réduction des inégalités, réalisations par l’Etat d’infrastructures de base modernes dans les régions défavorisées, implantations de projets économiques privés, créations d’emplois,…
Il est fondamental que les projets à retenir dans le cadre du plan quinquennal 2016-2020 émanent des régions et soient portés par les populations locales, même si les études de rentabilité financière et de viabilité économique doivent être avalisées par les planificateurs au niveau national.
Il est évident que le plan de développement doit avoir une cohérence globale susceptible de parvenir à la réalisation des objectifs de croissance et de réalisation d’indicateurs macro-financiers équilibrés.
Il faut dire qu’en matière d’élaboration du plan de développement, nous en sommes encore à l’ébauche d’une note d’orientation, plus de six mois après l’intronisation du gouvernement. On ne peut pas dire qu’il y a une conscience aiguë de la gravité des défis et enjeux auxquels notre pays est confronté, ni que l’Administration fait preuve d’une diligence extrême pour sortir le pays de la récession économique dans laquelle il s‘enfonce.
Les pouvoirs publics n’ont pas encore mis au point un schéma de développement pour le pays, ni un modèle de croissance économique qui ferait l’objet d’un consensus national.
Quels sont les secteurs d’activité à privilégier en matière d’investissement ? Quelles sont les régions prioritaires à développer ?
Comment se fera la répartition des fruits de la croissance ? Quel rôle pour l’Etat-arbitre, contrôleur, promoteur du développement ? Et quelle vocation pour les investisseurs privés ?
Il est vital d’accélérer la mise en place du découpage des régions en districts économiques et en même temps de réaliser les élections locales et régionales pour doter ces régions de toute la légalité et la légitimité nécessaires à la prise en main du destin de chaque région par ses propres élus.
Parallèlement aux nouvelles responsabilités de gestion du développement, il sera nécessaire de doter les structures régionales des ressources financières pour assurer cette nouvelle mission.
Il sera nécessaire de mettre en place des fonds de développement pour assurer le financement des projets économiques privés à promouvoir dans les zones défavorisées.

Réalités 1551-1552

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