« Notre motivation dirige nos actes, tout comme l’irrigation amène l’eau à l’endroit voulu. Il est essentiel de ne pas donner à notre existence des buts vains ou d’importance mineure ».
Dilgo Khyentsé Rinpoché

Par Dalel Jemni
« Le comité des États membres de l›Unesco réuni à Ryad vient d›approuver l›inscription du patrimoine de l›île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial ». C’est ce qu’a annoncé Éric Falt, directeur régional de l’Unesco au Maghreb le 18 septembre courant. Il félicitera, à l’occasion, les Djerbiens et par conséquent tous les Tunisiens.
Enfin officiel : Djerba est sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco !
«Pourquoi notre Île ?
Parce que Djerba a des atouts de par sa position géographique, son patrimoine historique, sa diversité culturelle, le talent de ses habitants dans de multiples domaines, ses ruines antiques, ses villages blanchis à la chaux, ses mosquées, ses églises, ses synagogues, île sans nuages, au ciel enchanté, douceur de l’air, plages de sable fin, soleil éclatant dédié à la beauté, paysages sublimes… Tout simplement un joyau méditerranéen, un véritable Eden qui invite au partage, au vivre-ensemble, à la tolérance et au libre cours à la puissance créative et à l’imagination.
Au-delà des actions qui vont nous permettre de construire ce projet, promouvoir nos atouts revient aussi à l’aider à se construire une nouvelle image, à s’ouvrir et attirer des initiatives locales, nationales et internationales de qualité. Ce rayonnement va nous permettre de mettre en place des actions pour construire une identité et valoriser le potentiel de notre Île à la croisée des chemins !
Le rêve, ou même l’utopie, s’est transformé en une merveilleuse réalité !
Sommet de la Francophonie, officiellement sur la liste du patrimoine de l’organisation onusienne et bien d’autres vœux à réaliser…
Cet aboutissement est le fruit du vouloir et du pouvoir des Djerbiens. Ils ont fait tout leur possible pour mettre le moteur en marche et la machine djerbienne en route afin de remporter la bataille et faire briller encore et encore notre riche patrimoine. Ils l’ont fait pour cette terre qui nous unit et nous dévoile à nous-mêmes et à tout le monde, c’est bien cette île qui est la source de notre mémoire qui nous rapproche et nous reconduit à nous-mêmes. Cette île est notre patrimoine commun et désormais celui de l’humanité tout entière.
Aussi loin que remonte l’Histoire, si tous nos anciens qui, durant des siècles, ont travaillé à la sueur de leurs fronts et par d’énormes sacrifices pour nous transmettre un patrimoine, étaient vivants, ils se battraient aujourd’hui pour défendre leur culture, leur mode de vie et leur patrimoine. Nous devons avant tout honorer la mémoire de tous ceux qui ont fait des sacrifices durant des siècles et dont l’histoire n’a pas forcément retenu les noms mais envers lesquels nous avons le devoir de transmettre ce qu’ils nous ont eux-mêmes légué. C’est là où nous devons puiser notre légitimité.
Lequel parmi nous osera affirmer n’avoir jamais ressenti, à un moment de sa vie, le désir, l’envie, le besoin de retrouver le patrimoine de ses aïeux, retrouver ses racines, ses attaches affectives, culturelles, cultuelles… ?
Aujourd’hui, nous avons à cœur d’éteindre cette dette affective, morale, envers nos aïeux en donnant une nouvelle vie à ce chef-d’œuvre, ce trésor inestimable.
Quelle folle espérance d’aller sur la trace de nos aïeux !
Valoriser ce patrimoine, c’est aussi partir pour irriguer nos racines, bien plus encore, c’est mieux connaître une part de notre histoire personnelle.
Le Djerbien a toujours su innover pour pouvoir rassembler. C’est à ce prix que ces infatigables de la vie ont joué et jouent encore un grand rôle dans la conservation de notre patrimoine, dans le maintien du tissu social et œuvrent pour notre cohésion sociale à travers ces legs.
Djerba, tu nous as toujours étonnés et aujourd’hui encore plus à travers ce rayonnement culturel ! Aujourd’hui et à travers cet événement, il est question de rendre hommage à ce trésor qui nous fait vibrer et nous fait voyager grâce à cette histoire globale avec ses belles particularités.
C’est notre appartenance à ce joyau, la négation de soi, l’amour de cette terre qui nous unit tous, qui nous permettront de fédérer, de servir notre cause commune et d’avancer afin de construire un havre de paix pour les générations futures.
Que tu sois vénérée, malmenée, tu resteras toujours une terre d’accueil, de beauté, de diversité et de vivre-ensemble. Tu nous as toujours étonnés et aujourd’hui encore plus à travers cette gratification bien méritée !
Merci de briller et de réchauffer nos cœurs et nos esprits.
Merci de nous permettre de rêver debout et d’avoir les yeux pleins d’étoiles.
Merci d’être généreuse et de ne pas tenir compte des injustices subies.
Enfin, merci à ceux qui s’investissent et essayent d’honorer la mémoire de nos aïeux.
« Il ne faudrait vouloir qu’une chose et la vouloir sans cesse. On est sûr alors de l’obtenir» (André Gide).
Préservons notre Île pour qu’elle puisse être le point d’attache de tous et Mabrouk à nous toutes et tous».
C’est là la réaction à chaud d’une Djerbienne qui avait rêvé de cette reconnaissance et rêve de voir son île accéder au statut qui lui sied. On y reviendra.