C'est sa deuxième visite en Tunisie. Une première fois invité par Nidaa Tounes et une deuxième fois par l’IHET, Dominique Strauss-Kahn (DSK), naguère ancien Directeur général du FMI et figure emblématique du parti socialiste français, vient exposer sa vision de l’économie mondiale et particulièrement celle de la Tunisie.
Rappelons qu’en 2008, à l’époque Directeur général du FMI, DSK a été décoré par le président Ben Ali des insignes de Grand officier de l’Ordre de la République. Cette décoration venait en considération pour les «capacités intellectuelles de DSK et sa contribution au renforcement du développement économique, notamment en rapport avec l’intégration méditerranéenne».
À la suite de cette décoration, DSK a fait des déclarations qui ont fait du mal aux Tunisiens. Car DSK n’a cessé de vanter l’économie tunisienne en disant que «la politique économique de Ben Ali est saine… l’économie tunisienne va bien… je m’attends à une croissance économique forte… l’économie tunisienne est un bon exemple à suivre pour beaucoup de pays émergents…».
Six ans après, DSK revient pour parler du même sujet, l’économie tunisienne. Cette fois-ci, il ne tient pas le même discours. Comme beaucoup d’autres institutions économiques internationales, le FMI aurait été berné par les chiffres et indicateurs avancés par la Tunisie sur son économie. Comme disait un économiste de la Banque mondiale, la Tunisie est un «paradoxe économique».
L’objectif de la conférence de DSK, donnée le mardi 23 septembre sous l’initiative de l’IHET et de l’économiste Moez Joudi, était de dresser un bilan de l’économie mondiale et nationale tout en projetant des perspectives de développement. Mais DSK n’a pas été généreux quant à la description de l’économie nationale et ses perspectives. Il a déclaré qu’il parlerait de la Tunisie avec humilité, car n’ayant pas assez d’éléments pour en parler avec précision.
Il s’est donc davantage étalé sur l’économie mondiale, cette économie qui demeure tributaire de la situation politique tant les incertitudes politiques influent lourdement sur l’économique. L’exemple du conflit ukrainien en est un exemple pertinent. Aujourd’hui les relations économiques entre l’UE et la Russie ne sont plus les même et l’UE pourrait perdre encore. Selon DSK, la Tunisie vit cette même incertitude politique.
«Le malentendu politique pèse sur l’avenir économique de la Tunisie. On peut espérer que le processus en place réussira». Cela dit, DSK pense qu’il faut attendre la suite des réformes engagées par la Tunisie, qui sont selon lui cruciales, pour être sûr de l’avenir économique du pays. Strauss-Kahn ajoute que le processus mis en place par la Tunisie sera une occasion pour que le pays rétablisse la confiance qu’il a perdue il y a quelques temps auprès des investisseurs et bailleurs de fonds.
Par ailleurs, DSK voit un côté positif devant l’économie informelle (près de 50 % de l’économie) et pense que la Tunisie peut récupérer deux points de PIB de cette économie, à condition qu’il y ait des techniques et de la détermination pour y arriver. Par rapport à l’environnement économique international, DSK préconise que l’architecture économique mondiale changera et que ce sont les économies fortes qui survivront.
Ainsi, selon DSK, les économies qui réussiront à sortir indemnes de ces bouleversements économiques sont les petites économies et les économies émergentes solides, car elles seront capables d’évoluer sur des niches. Celles qui vont subir sont les économies, ni grandes ni petites, , en l’occurrence les pays d’Europe, les économies émergentes qui ont mal protégé leur économies et les petites économies sans stratégie.
Selon DSK la Tunisie pourrait faire partie des petites économies évoluant sur des niches. «La Tunisie est à la croisée des chemins, en dépit des difficultés vécues, la Tunisie peut s’en sortir… il faut trouver les alliés financiers… ces alliés ne viendront que lorsque la Tunisie leur montrera qu’elle est sur le chemin de la réussite.»
N.J