Media Development Center (MDC) a présenté samedi 11 novembre 2023 son nouvel ouvrage collectif intitulé « Le droit du citoyen à l’information, fondement des droits et libertés de l’information ». Fruit d’une collaboration entre MDC et la Fondation euro-méditerranéenne pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (FEMDH), cet ouvrage qui rassemble les contributions d’une quinzaine de chercheurs parmi des universitaires et des professionnels, porte sur la thématique du droit à l’information en tant que droit constitutionnel.
En dépit de son inscription dans l’article 32 de la Constitution de 2014, le droit à l’information n’a pas été suffisamment expliqué et détaillé, étant souvent confondu avec l’une de ses composantes, à savoir le droit d’accès à l’information.
Pr Abdelkrim Hizaoui, président de MDC, a affirmé que cet ouvrage collectif vise à donner du contenu à ce nouveau droit de l’Homme dont l’inscription dans l’article 32 de la Constitution en 2014 n’a pas fait l’objet de l’intérêt nécessaire de la part des parties concernées. « De nombreux chantiers tels que l’actualisation du cadre législatif, le renforcement des instances de régulation et d’autorégulation ainsi que le passage des médias publics vers des médias de service public, restent en l’état et aucune avancée n’a été réalisée », a-t-il regretté.
Ont assisté à la présentation de cet ouvrage collectif des représentants de médias, des chercheurs et d’éminents acteurs du secteur des médias dont Dr Hamida El Bour, directrice de l’IPSI, Néji Bghouri, représentant du bureau de l’Unesco en Tunisie, Rafik Ben Abdallah, membre de l’INAI, Mohamed Laroussi Ben Salah, directeur exécutif de la FTDJ et Walid Mejri, rédacteur en chef de la plateforme d’investigation Alqatiba.
Le droit à l’information, un droit constitutionnel
Pr. Abdelkrim Hizaoui, Président de MDC
L’ouvrage cherche à apporter une alternative basée non seulement sur le plaidoyer des professionnels ou des défenseurs des droits humains, mais surtout sur le droit du citoyen à disposer d’une information de qualité, pluraliste et indépendante. « L’objectif est de placer le citoyen ou plutôt le public au centre de la réflexion sur le développement des médias », a-t-il expliqué au micro de Réalités.
L’inscription de ce droit dans la Constitution de 2014 puis dans l’article 38 de la Constitution de 2022, était donc le point de départ de ce nouveau plaidoyer destiné aux pouvoirs publics, que ce soit le gouvernement, le Parlement ou les instances concernées telles que la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) et l’Instance nationale d’accès à l’information en Tunisie (INAI). « Nous espérons que cette série de recherches stimulera la réflexion sur les nouveaux termes du débat concernant le développement, la gouvernance et le financement du système médiatique ainsi que les questions relatives au contenu, à la régulation, à l’autorégulation et à la prise en compte du public dans les politiques publiques », a-t-il ajouté.
L’enjeu est d’inciter les acteurs concernés à participer à un débat de fond et stratégique sur le développement du système médiatique.
« Après plus d’une décennie de stagnation, où les promesses de réforme du système médiatique n’ont pas été tenues, nous sommes confrontés à de nouveaux défis et à une menace croissante sur la liberté de presse et d’expression. Cette nouvelle réflexion vise à restituer au public sa place légitime en tant que principal bénéficiaire du système d’information», a-t-il ajouté.
Pour ce faire, il souligne l’importance de la collaboration avec les acteurs professionnels, notamment les pouvoirs publics. « Nous espérons que cet ouvrage collectif initiera un nouveau cycle de rencontres et de propositions pour l’actualisation de la législation et la mise en œuvre d’un agenda visant à intégrer la question du développement du système médiatique dans les programmes du gouvernement, des partenaires et des structures de recherche », a-t-il précisé.
Le président de MDC a souligné la nécessité de définir un mécanisme, en collaboration avec des acteurs tels que l’UNESCO, l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI), le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), la Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ) et la HAICA, pour inscrire la question du développement du système médiatique à l’agenda des pouvoirs publics.
« En tant qu’organisme mandaté pour développer l’information et la communication dans le monde, l’UNESCO représentée par son délégué en Tunisie, Néji Bghouri, s’est montrée disposée à participer à cette initiative », a-t-il noté.
Les recommandations formulées dans cet ouvrage dont la majorité a été déjà précédemment contenue depuis 2012 dans le rapport de l’INRIC sur l’information et la communication et celui de l’UNESCO sur le développement des médias en Tunisie, sont adressées aux pouvoirs publics que ce soit au niveau du gouvernement ou de l’instance législative ou des instances indépendantes. Ces derniers [les pouvoirs publics] ne se sont pas réellement impliqués dans le développement des médias en raison de l’absence, au niveau du gouvernement ou du parlement, d’une structure dédiée à l’information, selon ses propos.
« Depuis 2011, la question des médias a été marginalisée par les pouvoirs publics qui justifient désormais leur désintérêt et désengagement par rapport à la prise en charge de la réforme des médias par la liberté d’expression et la levée de la censure. C’est la liberté d’impuissance et non d’expression. Sans l’appui de l’Etat, il devient difficile de mettre à jour les législations et de fournir aux médias publics les ressources nécessaires pour la production audiovisuelle, entre autres. Il est impératif que l’État assume ses responsabilités en favorisant la bonne gouvernance des médias publics, garantissant ainsi la création de contenus de qualité, indépendants et pluralistes. Cessons d’affirmer que l’intervention de l’État est uniquement destinée à la censure et à la répression », a-t-il conclu.
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