L’opportunisme marche à grands pas chez nous, et à pas sûrs. Le populisme mensonger de certains finit par dégoûter et donne un spectacle affligeant quand la presse du buzz se mêle de l’affaire ! Je reprends avec plaisir Michel ONFRAY qui déclarait il y a peu : « Notre société ne lit plus, elle feuillette ; elle ne sait plus penser, elle invective ; elle ne fait plus l’histoire, elle buzze ». Un médecin que je prenais pour un sincère qui défend l’étique et qui se bat pour ses idées, a participé il y a quelques jours à une émission de TV animée par un journaliste qui ne peut s’empêcher d’être toujours intelligent et qui ne veut pas s’interdire d’être toujours provoquant ; Notre scientifique parlait de malversations chez le Ministre de la Santé, et parmi les preuves fournies, il a dénoncé l’absence de transparence du comité technique qui délivre les autorisations de mise sur le marche (AMM). La preuve de cette opacité c’est que ce comité technique s’est réuni en catimini et dans la précipitation un Samedi, jour de congé ! Au scandale, on s’indigne, on se déchaîne, on s’étrangle pour le buzz. Oui, il existe des gens très doués pour laisser le champ libre au flou, et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! Devant ces fausses informations savamment distillées, on éprouve un sentiment pire que la colère, la honte !
La pharmacie centrale achète régulièrement, et sur appel d’offres international, un médicament anticoagulant aussi bien préventif que curatif, et indispensable à la médecine. L’appel d’offres doit être international car il n’y avait qu’un seul laboratoire Tunisien qui fabriquait ce médicament, et la loi interdit le monopole. Depuis quelque temps, un deuxième laboratoire s’est mis à fabriquer le même médicament, et là, notre législateur a fort logiquement prévu que l’appel d’offres soit national puisque le monopole est cassé. Seulement le deuxième laboratoire ne pouvait participer à l’appel d’offres qu’une fois obtenue la fameuse AMM. La commission qui délivre cette autorisation est composée d’éminents scientifiques, des Robespierre de la médecine, des femmes et des hommes connus pour leur rigidité ! Dommage que le secret professionnel interdise de les nommer, sinon le héros d’un soir aurait été gêné de les accuser de malversation en public, ceux là qui sont patriotes jusqu’à la moelle et qui voulaient en finir de payer un médicament cher en devises puisque la concurrence est devenue tuniso-tunisienne ? Eux qui ont sacrifié leur matinée du Samedi car ils sont très pris toute la semaine ? Eux qui ont choisi d le service public par respect de l’étique et par sens du devoir ? Le comble, le plus dur à avaler, c’est que ces éminents scientifiques soient accusés par un médecin, par un confrère ! Bien sûr, tout pourra être vérifié, et bien sûr tout sera démenti, mais entre temps, le storytelling mis en place par la presse qui patine aura contribué à la confusion chez le citoyen qui n’en peut plus d’être stressé par des nouvelles, hélas, souvent mensongères. La Tunisie va mal, et l’austérité et le désordre ont de beaux jours devant eux ! Bravo les nuls !