Le monde a-t-il perdu la boussole ou se fait-il plus hypocrite que jamais ? C’est à ne plus rien comprendre.
Une demande pressante de « respect du droit international » vient d’être exprimée par le président d’un Etat européen offensé et en colère contre la Russie en parlant des agissements du président russe en Ukraine. La veille de cette déclaration, le président ukrainien avait, en effet, fait état d’attaques massives de missiles russes contre des installations énergétiques, alors que l’hiver glacial bat déjà son plein en Europe.
Comme par magie, l’expression « droit international » réapparaît dans les propos d’un des dirigeants politiques européens alors que ces derniers, avons-nous cru, l’avaient effacée de leur lexique depuis que l’armée israélienne a commencé « son œuvre » d’épuration ethnique à Gaza au lendemain de l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas.
Ces chefs d’Etat et de gouvernement européens gardent les yeux fermés et les oreilles bouchées, depuis plus d’une année, à toutes les horreurs diffusées par les télévisions et les réseaux sociaux depuis Gaza et à tous les appels et sollicitations populaires et internationales pour un cessez-le-feu afin d’épargner la vie des enfants et des bébés, de leurs mamans et de leurs familles prises pour cibles, faciles, par les F-16 et F-35 sionistes chargés de bombes américaines de plus en plus lourdes, avec le soutien total et indéfectible de la majorité écrasante des pays occidentaux et une minorité de pays arabes. Ce même président avait déclaré, quelques jours auparavant, quand la guerre contre Gaza s’est étendue au Liban voisin, qu’il ne fallait pas « sacrifier » les Libanais comme les Palestiniens. Le mot est lâché : sacrifier, autrement dit, les Palestiniens sont, selon ces propos, bons pour le sacrifice, mais c’est aussi une reconnaissance qu’ils sont véritablement des victimes sacrifiées au profit des intérêts sionistes.
Il faut, sans doute, saluer la franchise de ce chef d’Etat, si ce n’est une bourde, et soupçonner un brin de lucidité dans ses prises de position, malgré son penchant irréductible en faveur d’Israël. Ce ne sera, d’ailleurs pas, l’unique fois qu’il suscitera la colère de Netanyahu. Mais parler aujourd’hui de droit international au profit de l’Ukraine, après s’être tu pendant plus d’une année pour Gaza, cela devient inacceptable, voire inaudible.
Les Occidentaux sont marqués au plus profond de leurs âme et conscience pour ce qu’ont vécu, par leur faute, les juifs en Europe sous le régime nazi d’Hitler. La Shoah, extermination des juifs d’Europe par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, l’Holocauste, le génocide juif, sont les termes utilisés pour désigner ce qu’ont subi les juifs à cette époque, assimilés à une race inférieure qui devait être exterminée, affamée jusqu’à la mort, assassinée, qui devait être tuée dans les chambres à gaz. Ce sont là des exemples, des scènes, des histoires de vie que les occidentaux voudraient oublier ou plutôt en réduire l’impact indélébile sur une partie honteuse de l’histoire de l’Europe. Pourtant, ces mêmes pays occidentaux n’ont pas de gêne à ce que ces scènes soient reproduites devant leurs yeux plus de 70 ans après, à Gaza, avec la même infamie, la même barbarie et la même déshumanisation, voire plus, par l’un des leurs, Israël, qui enfreint en toute impunité le droit international et le droit humanitaire international avec la bénédiction des Etats-Unis et le soutien inconditionnel des Européens, à quelques exceptions de deux ou trois pays.
Contre les Palestiniens, les civils désarmés, démunis, enfermés dans une enclave sous blocus aérien, terrestre et maritime, affamés, assassinés, déportés, torturés et violés dans les prisons, ils font preuve, aujourd’hui, de la même désolidarisation, de la même complicité, de la même inhumanité que dans les années 1940 contre les juifs. Le comble, c’est que cette fois, ce sont les juifs, les sionistes plus précisément, qui agissent comme les Allemands nazis et cette fois encore, les Européens soutiennent et persécutent les Palestiniens comme ils ont persécuté les juifs.
Il est indécent de parler de droit international à la carte : pour l’Ukraine et pas pour les territoires palestiniens occupés, comme il est indécent que le gouvernement extrémiste de Netanyahu décide de manière unilatérale d’interdire l’Unrwa par vote parlementaire et de demander ensuite à la communauté internationale de reconnaître la souveraineté totale et entière d’Israël sur la Cisjordanie occupée.
Les valeurs promues par l’Organisation des Nations unies ont été bien malmenées par l’indisciplinée entité sioniste sous protection américaine et avec la bénédiction européenne. Même la Cour pénale internationale et la Cour internationale de justice n’ont pas échappé aux diktats de l’enfant gâté des Américains. De quel droit international parle-t-on quand il s’agit de l’Ukraine ? La perte des vies des civils n’aurait-elle pas le même sens en Ukraine et à Gaza ou au Liban ? En quoi le sang des uns aurait-il plus de valeur que le sang des autres ?
Nul n’ignore que ces drames ont pour cause des intérêts géostratégiques, et pour les Israéliens, il s’agit de se créer un pays sur les terres des Palestiniens, coûte que coûte.
Des décennies de négociations et d’accords n’ont servi à rien d’autre qu’à pérenniser un conflit entre les autochtones déterminés à défendre leurs terres jusqu’à la dernière goutte de leur sang et un colonisateur inflexible soutenu par les plus puissants de la planète. Bien sûr, la question palestinienne et la guerre au Proche-Orient sont autrement plus compliquées et plus dramatiques.
Gaza est aujourd’hui rasée par les bombes américaines larguées par des pilotes sionistes et les Gazaouis sont en voie d’extermination sous les yeux du monde entier. Une autre « Shoah », palestinienne cette fois, est en cours dans la petite enclave transformée en prison à ciel ouvert pour plus de deux millions d’âmes. L’histoire ne pardonnera pas celle-ci non plus. Il y aura, tôt ou tard, une justice devant laquelle les coupables devront répondre de leurs crimes. Ce n’est pas de l’antisémitisme, les Palestiniens aussi sont des sémites, des musulmans sémites, c’est une affaire de justice et de droit des peuples. En parlant de droit, personne n’a le droit d’exterminer un peuple. Dans le cas contraire, c’est la mort de la conscience, de la justice et du droit. La règle devient la loi du plus fort.
Appeler Poutine à respecter le droit international et pas Netanyahu est pure hypocrisie occidentale qui trahit l’échec des Etats-Unis et de l’Europe à faire gagner l’Ukraine.
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