Cinq mois après sa rédaction, le dernier rapport annuel de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh) a été rendu public. Et sur l’état des Droits de l’Homme en Algérie, le constat de l’institution, présidée par Me Ksentini, est clair : “peu reluisant”. Eclairage
Il a fallu cinq ou six mois pour que la CNCPPDH se résolve à rendre public le rapport 2011 sur les Droits de l’Homme remis au président de la République à la fin du premier trimestre 2012. Condition féminine, cas des Harragas, ou encore code de l’information… Sur de nombreux dossiers, le bilan fait par la Cncppdh rejoint celui dressé, en juin dernier, par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations-Unies.
Il ne faut plus afficher une simple volonté, note l’institution qui a appelé à une traduction «réelle et effective» des droits de l’homme dans le quotidien des Algériens.
Contexte social explosif
Le rapport est essentiellement revenu sur les contestations sociales et les problèmes liés au malaise local.
Durant l’année 2011, rappelle-t-il, l’Algérie a connu une flambée des prix de certains produits de base provoquant “une vague de protestations sporadiques et intempestives, d’émeutes et de manifestations” qui ont gagné “rapidement” plusieurs régions du pays.
“ Le droit à la vie décente”, “le droit à une justice équitable”, “l’accès aux soins”, “ le droit au logement” ou encore “le droit à la liberté d’opinion” constituent les principales revendications des Algériens selon le document qui écarte toute analogie avec le Printemps arabe ; le mouvement de contestation en Algérie ayant pris “des proportions socioéconomiques moins importantes”.
Toutefois, c’est la réaction des autorités publiques que la Cncppdh fustige.
Revenant sur les “les manifestations pacifiques” des hospitalo-universitaires, des résidents et des gardes communaux, le rapport leur reproche d’avoir “exacerbé des situations” en ayant fait appel à une intervention musclée. «L’emploi de la force contre des manifestants pacifiques ne saurait être justifié ni toléré», a estimé la Cncppdh.
La gangrène de la corruption
Autres dossiers sur lesquels s’est penchée la Cncppdh dans son dernier rapport : la lutte contre la corruption et la lutte contre la bureaucratie. Selon le rapport, la commission nationale, créée en 2006, en vue de lutter contre la corruption, constitue des dépenses en plus pour l’Etat. «Des sanctions exemplaires et dissuasives pour ne plus permettre au corrompu de jouir du produit de la corruption après avoir purgé sa peine sont nécessaires», estime le rapport. Pour la Cncppdh, «l’impunité a aidé à la prolifération du phénomène» de la corruption en Algérie, un phénomène devenu «un sport national».
A.T