Les travaux de la 4e édition du Forum Jeunesse ont démarré le 2 mai, à Monastir et se sont poursuivis jusqu’au 4 du même mois. Ce fut une occasion pour les jeunes méditerranéens de discuter de différentes thématiques, dont l’environnement et l’économie solidaire et sociale. Focus.
"Le Forum Jeunesse 2014 s’inscrit dans la continuité d’un succès qui a eu lieu à Monastir en 2013. Dans le même temps, cette quatrième édition se distingue par son ouverture sur d’autres pays», nous a affirmé Patrick Flot, directeur de l’Institut français de Tunisie (IFT.)
Un sixième pouvoir
Dix pays ont été représentés dans le Forum jeunesse 2014, tenu sous le thème : «Jeunes méditerranéens, tous citoyens!». Après la presse et Internet, la société civile devrait constituer un sixième pouvoir dans la région et en Tunisie en particulier.
Composée principalement de jeunes de 18 à 25 ans, mais aussi d’esprit et de caractère, la société civile constitue un groupe de pression et un “watchdog” associatif nécessaires au développement de tout système politique, social et économique.
«La promotion des travaux de la société civile tunisienne constitue la première priorité affichée lors du forum. Nous constatons que les ONG tunisiennes sont très actives et s’attachent à organiser annuellement ce forum avec notre institut», nous a fait savoir Flot, avant d’ajouter «l’année prochaine, nous réfléchirons à une dimension euro-méditerranéenne en associant nos partenaires européens à ce forum qui se veut un événement fédérateur, de visibilité et d’échange entre volontaires de différents pays, notamment entre Tunisiens et Français.»
Le calendrier de la vie associative tunisienne est désormais «chargé». Le travail associatif a été mis en exergue lors de ce forum, organisé par l’Institut français de Tunisie (IFT), en collaboration avec plusieurs associations. Le jeune, moteur de toute transformation sociale, a été placé au coeur de ses activités auxquelles ont pris part 500 acteurs de la société civile dont 300 jeunes et 200 cadres modérateurs d’ateliers.
Économie solidaire et sociale
À l’instar du Forum 2013, cette nouvelle édition a consacré un «village économique solidaire et social» dans son espace de travail.
Trois ateliers ont meublé ce village. Il s’agit du «numérique au service de l’économie sociale et solidaire». L’engouement technologique a offert de nouvelles pistes de travail, de collaboration et de coopération pour les usagers, souvent connectés à Internet. Lors de ce forum, l’utilisation à bon escient de l’innovation, notamment dans le domaine économique, a été fortement proposée par des experts aux jeunes, dont la majorité est «in». «Le but de cet atelier est de proposer des projets d’avenir pour faire du numérique un véritable outil au service de l’innovation économique et sociale», souligne un communiqué de l’IFT.
Deux autres ateliers ont été mis en place dans ce cadre, à savoir «l’entrepreneuriat social : une initiative citoyenne», mettant l’accent sur l’écologie et la responsabilité sociale, et «l’intégration et l’émancipation par l’emploi.»
Dans ce contexte, plusieurs jeunes ont proposé des projets en commun, des idées et des outils techniques. Il s’agit notamment d’un projet d’émancipation appelé «Kids entrepreneurs». «Nous nous sommes fixé trois sous-objectifs dans le cadre de ce projet. Nous voulons travailler sur l’enfant, faire valoir l’autonomie et l’estime de soi et former l’entrepreneur dès son jeune age», nous a affirmé Sara Bouderbala, jeune tunisienne, représentante de l’association «Un enfant, Un espoir.»
Son groupe a réfléchi à une stratégie de communication pour réaliser ce projet-candidat. Des actions de communication ont été envisagées dans ce sens. Il s’agit d’assurer des formations à ces enfants (par des psychologues et des experts), de créer des groupes de théâtre, d’inciter les enfants à présenter des projets individuels, etc. «Nous avons toutefois constaté que le rôle de la famille est incontournable dans la réalisation de ces projets», a-t-elle ajouté.
Désormais, l’initiation des familles de ces enfants, notamment les familles qui ont leurs propres commerces, à la culture entrepreneuriale, en choisissant à chaque fois trois membres d’une même famille pourrait contribuer à sa réalisation.
Ce projet a été pensé avec une enveloppe de 30.000 euros, dont 15.000 euros demandés à l’IFT. L’autre moitié sera atteinte par le biais du sponsoring, du cofinancement et de l’autofinancement.
Douze ateliers de travail, répartis en quatre thématiques principales, ont été ouverts aux participants, à savoir la citoyenneté, la santé et droits des femmes, l’économie sociale et solidaire et l’environnement.
Le vert et la vérité
«Nous voulons adopter le modèle des CEMEA en Tunisie, tout en inventant notre propre réalité. À travers l’éducation non formelle dite active et d’animation, nous pouvons transmettre le message vert dans les neurones des participants», nous a affirmé Boubekr Houman, représentant du Réseau associatif pour la nature et le développement (RANDET), dans le cadre du partenariat avec l’IFT et porte-parole des associations et des partenaires au forum.
Les centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active (CEMEA) proposent différentes activités et cercles de communication informelle plus que formelle aux jeunes leur permettant d’acquérir des principes et des expériences en matière de développement durable, de citoyenneté et de développement personnel, à travers «ce qu’ils aiment». «Nous fouillons dans les cerveaux des jeunes pour voir ce qu’ils aiment faire afin de l’exploiter vers ce qu’ils doivent faire», nous a expliqué Morgane Masterman, membre des CEMEA Aquitaine, un club interculturel européen. La musique, le théâtre, la danse et les rencontres avec les jeunes, telles sont les motivations pour lesquelles de nombreux jeunes deviennent volontaires, actifs et dynamiques dans le domaine de l’environnement. Ce type de centres fait s’impliquer les jeunes dans une nouvelle vision d’éducation à l’environnement. Toutefois, il existe de nombreuses associations qui prétendent défendre le «label vert», pour chercher, en réalité, le pouvoir de l’argent et se vendre avec une image de marque.
Le «green washing» devient de plus en plus présent dans les esprits, non seulement des associations, mais également dans certains partis dits «verts». D’après Houman, ces associations qui prétendent être «vertes» dévoilent leur réalité dans les faits. «La communication écologique est un art et les associations ne la maitrisent pas. Ces associations manquent de planification stratégique, de communication et d’évaluation et de suivi», souligne-t-il. Transmettre un message clair à un public pas forcément intéressé demande un fort talent en matière de communication et d’argumentation.
D’après Houman, il faut associer des réseaux français aux réseaux tunisiens pour pouvoir appliquer le principe CEMEA en Tunisie. Il propose également au ministère de l’Enseignement de préparer des manuels éducatifs sur la relation association et environnement.
La cible est désormais la jeunesse et les territoires de communication dans le sens géographique qui se proposent de s’étendre de plus en plus. À travers cette série de forums, plusieurs projets-jeunes promoteurs ont été sélectionnés afin de faire correspondre la théorie à la pratique. Dans le cadre patrimoine et environnement, le projet du forum 2013 portant sur «la jeunesse au service de la sauvegarde et de la mise en valeur de l’espace Yasmina, à Hammamet» a été le projet-lauréat. Et la communication sur le patrimoine s’est avéré plus que jamais une nécessité.
Chaimae Bouazzaoui