Samedi 21 février 2015. Le calme salon de thé « La Classe » au cœur de la Rue de Marseille abrite un événement exceptionnel aujourd’hui. Ali ramène son grand gâteau acheté de chez une pâtisserie à BabBhar. Il l’installe doucement à l’intérieur et s’occupe des dernières retouches sur le décor du salon. Pas de places aux jeunes couples assis sagement chacun dans son petit coin sirotant du thé au poignons.Tout l’espace est aujourd’hui réservé pour une cinquantaine de bavarois venus de tout bord, Tunis, Bizerte, Sousse…pour fêter le 115e anniversaire de leur club.
« Ce n’est pas la première fois qu’on organise une telle rencontre. On l’a déjà faite l’année dernière lors du match de la finale de la Coupe d’Allemagne, on était seulement 23 personnes ce jour là. Et depuis, l’idée de rassembler un grand nombre de supporters du Bayern me hante. J’ai trouvé en l’anniversaire du club le moment propice pour le faire », déclare Ali Yahyaoui. Maitrisard en géologie à la faculté des sciences de Bizerte, comme il veut se présenter.
A 15h les jeunes footeux commencent à affluer. A 15h.30 tout le monde est déjà à l’intérieur, les yeux scotchés à un géant téléviseur. En effet le rendez-vous coïncide avec le match de FC Bayern Munich face à Paderbon en Bundesliga.
La salle est ornée par les couleurs rouges et bleues, couleurs du club.Ce n’est pas seulement la salle mais les fans aussi. Maillot, écharpe, vestes, casquettes. Tout est signé FCB. Il y en a même ceux qui ont apporté leur mug au logo du club.
« Je n’ai pas pu assisté à la première rencontre organisée l’année dernière. Cette fois-ci j’ai décidé…il faut que j’y aille, je ne peux pas me résigner à célébrer l’anniversaire de mon club » dit Syrine, étudiante à la faculté des sciences économiques et gestion de Tunis, rieuse.
Le match a commencé. Les yeux sont cloués au téléviseur. Cris, applaudissements, soupires se font de temps en temps entendre. 24 minutes de jeu à peine, un grand cri de joie emplit la pièce quand le polonais Robert Lewandovski inscrit le premier but. La foule est prise par une frénésie de joie. 13 minutes après, le même joueur inscrit le deuxième but. C’est la fiesta.
Entre les mi-temps, le grand gâteau décoré par le logo du club, les fontaines lumineuses, les feux d’artifice et une bougie, mentionnant le numéro 115 a été mise au milieu de la foule. On entend des « Mia San Mia et Stern des Südens” enflamment la salle. Une ambiance digne d’un vrai match à l’Allianz Arena. Puis d’une seule voix, ils ont tous chanté « Super Bayer..Super Bayern..Hey..Hey… ».
« Je suis fan de Bayern depuis que j’ai 14 ans. Rencontrer mes amis bavarois et célébrer avec eux l’anniversaire du club comme une seule famille est l’un des mes objectifs que je viens de réaliser » dit Iness, Bachelière au lycée de Mourouj 1.
Début de la deuxième mi-temps, tous les membres rejoignent leurs places sagement.Ali s’occupe de la distribution du gâteau comme dans une fête avant de regagner sa place lui aussi.
Le Bayern Bombarde Panderborn de 4 autres buts. Tout le monde se félicite. Fin de la rencontre. Avant de partir tout le groupe s’est mis d’accord pour organiser de nouvelles retrouvailles.
« Dorénavant on va essayer de se voir régulièrement, au moins, une fois tous les deux mois » affirme Ali, déterminé.
La foule se disperse dans le boulevard de la Rue de Marseille. Un petit groupe de 10 personnes est resté pour bavarder un peu sur les pronostics de la saison.
« Je ne vous cache pas, je ne suis pas très ambitieux cette saison. Avec les lacunes tactiques de Pep et la présence de grandes équipes comme Chelsea et le Barça, je ne crois pas qu’on puisse aller très loin dans la Ligue des champions cette saison», explique Ziko Bavarois, à l’institut préparatoire aux études d’ingénieurs Nabeul, pessimiste.
« Rassurée par rapport à la Bundesliga et au DFB Pokal, mais non pas la Ligue des champions » corrobore Iness.
Ils sont tous jeunes et peu nombreux peut être. Une sorte d’un « small world », mais très actifs et très enthousiastes. Si l’on veut parler de l’attachement de ces jeunes à leur club, le mot fan demeure un doux euphémisme. Preuve ? Il suffit de jeter un coup d’œil sur leur page facebook.
C’est leur milieu de rencontre virtuel, lieu où ils échangent des avis quotidiennement mais notamment après chaque match de Bundesliga, de la coupe ou de la Ligue des Champions, font part de leurs impressions sur la performance de leur équipe, évoquent ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, expriment leur joie ou leur mécontentement. Cette fois, le virtuel devient réel.
Nidhal Adhadhi