Parmi les innombrables défis que rencontre notre pays, il y a deux défis majeurs auxquels nous serons de plus en plus confrontés dans l’avenir immédiat, à savoir la rareté de l’eau et le coût élevé de l’énergie.
En effet, il y a d’une part, la problématique de mobilisation des ressources en eau destinée à faire face à l’alimentation de la population en eau potable et à la fourniture des volumes d’eau nécessaires aux périmètres irrigués,
d’autre part, une politique publique de promotion et de gestion des sources d’énergie indispensables pour faire face aux besoins de la population et aux impératifs des activités économiques.
Les programmes et les projets mis au point par les pouvoirs publics au cours de ces dernières années ne s’articulent pas du tout autour de stratégies cohérentes et intégrées avec des objectifs précis, des responsabilités bien réparties et un plan d’action rigoureux.
Il s’agit en fait seulement de projets et d’efforts disparates comportant des lacunes et des défaillances multiples.
Il suffit de faire des constats objectifs et concrets dans notre système de mobilisation des ressources en eau pour déceler erreurs et défaillances.
En effet, malgré plus de trois décennies de réalisations en matière d’infrastructures hydrauliques, notre pays continue à subir, chaque année, des inondations catastrophiques et coûteuses avec des dégâts matériels aux cultures, aux habitations et aux activités économiques, outre les pertes en vies humaines.
Des volumes d’eau importants charriés par les oueds continuent à se déverser en mer emportant, à cause de l’érosion, des alluvions et des sols fertiles, perdus ainsi à jamais.
Il s’agit là de dommages énormes causés à notre agriculture et à notre économie, inconcevables dans un pays pauvre soumis de plus en plus aux impacts néfastes du réchauffement climatique.
Pire que cela, l’envasement des bassins de rétention des barrages est arrivé à un stade avancé, ce qui est une alarme sérieuse vis-à-vis de leur obsolescence alors que ces infrastructures ont coûté très cher à la collectivité nationale.
En principe, la durée de vie d’un barrage est “éternelle”, sa construction nécessite plusieurs années, exigeant un investissement lourd à financer. C’est pourquoi il convient de traiter le bassin-versant en banquettes pour la rétention des sols contre l’érosion à l’aide de plantations pour éviter l’envasement.
Nous devons engager dans l’immédiat un vaste programme de travaux de conservation des eaux et des sols autour des grands barrages du Nord-Ouest pour empêcher leur “mise à mort rapide”.
Ces travaux ne sont pas si coûteux que cela, puisqu’il s’agit seulement de travaux manuels avec recours intensif à la main-d’œuvre locale disponible, ce qui permet de créer des emplois utiles.
Le cas du barrage de l’oued Mellègue condamné pour envasement total et en cours de remplacement par le barrage Mellègue II, est déjà très éloquent.
Les canalisations de transport et de distribution de l’eau potable par la SONEDE, qui se comptent par centaines de kilomètres, sont devenues vétustes, comportant des fuites et des gaspillages d’eau, ce qui implique la nécessité de les rénover. Un investissement considérable pour lequel il faudrait trouver un financement approprié et de longs délais pour la réalisation.
Notre pays n’a adopté aucune politique incitative en matière de rationalisation de la consommation d’eau ni par les ménages ni par les paysans lorsqu’il s’agit d’irrigation des cultures. Nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes soumis à un stress hydrique.
Des milliers d’hectares de périmètres continuent à être irrigués de façon traditionnelle avec des “séguias” en terre et sous forme de “planches”, ce qui engendre des pertes énormes alors que le goutte-à-goutte et l’aspersion sont pratiqués depuis des décennies avec des économies en eau conséquentes.
Dans les ménages, et à plus forte raison dans l’hôtellerie, il y a des abus certains en matière de consommation d’eau : arrosage copieux du gazon, générosité en matière de renouvellement de l’eau des piscines, lavage des voitures à grande eau…
La SONEDE devrait mener des campagnes de sensibilisation en vue de l’acquisition d’une culture de la rationalisation de la consommation de l’eau potable.
En matière de consommation d’énergie, les abus et les gaspillages sont multiples.
Il y a d’abord la question de l’efficacité énergétique, domaine où nous n’avons pas beaucoup avancé depuis des années.
Pourtant, dans certaines entreprises industrielles qui ont fait l’objet d’un audit énergétique, il y a eu des conséquences spectaculaires en matière d’économie d’énergie suite à l’adoption de solutions appropriées.
Le réseau de transport et de distribution d’énergie électrique de la STEG a beaucoup vieilli et n’est pas rénové de façon systématique. De ce fait, il comporte des déperditions énormes qui coûtent cher à la collectivité nationale car l’énergie électrique produite ne peut être stockée.
La STEG devrait adopter un programme de rénovation sur dix ans avec un financement adéquat.
Dans les entreprises économiques et les ménages, il y a des excès en matière d’utilisation de l’électricité comme l’abus du recours à la climatisation ou encore l’utilisation de l’électricité pour le chauffage alors qu’il s’agit d’une source d’énergie noble et coûteuse.
Le gaz est beaucoup plus approprié et moins onéreux pour le chauffage.
Pourquoi abuser du recours aux énergies fossiles alors que le soleil est gratuit et généreux ?
Nous avons attendu plus de vingt ans pour engager des projets d’énergie renouvelable, alors…
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