Invité dans l’émission Expresso sur Express FM, Fadhel Abdelkeji, ministre de l’Investissement, du Développement et de la Coopération Internationale, a abordé plusieurs questions brûlantes portant sur l’économie tunisienne, notamment le très discuté plan d’urgence économique, le code de l’investissement, la conférence sur l’investissement ou encore la situation budgétaire de l’État.
Plan d’urgence économique : accélérer les investissements
« L’objectif est d’accélérer les investissements et de faciliter la tâche pour les investisseurs », a déclaré Fadhel Abdelkefi concernant le plan d’urgence économique. Un projet qui a n’a pas manqué d’attirer les foudres de ses détracteurs, qui y voient une manière pour le gouvernement d’agir en catimini pour contrôler l’économie du pays.
« C’est faux ! », s’est défendu le ministre. « Chaque grand projet de loi, dans n’importe quel pays, émane d’un gouvernement. Nous ne pouvons voter nous-mêmes une loi. Nous devons tous travailler ensemble. Ce plan d’urgence sera présenté aux partis politiques et à l’ARP où il sera débattu. Nous vivons dans un régime parlementaire. Ce ne sont donc que des polémiques. Que veulent-ils dire par « en catimini » ? Personne n’a été pris de court. Le seul objectif de ce plan est d’accélérer le processus d’investissement. Cette mesure permettra aussi d’améliorer l’image de la Tunisie puisque les investisseurs sauront que le pays a décidé de prendre les choses en main, compte tenu de la conjoncture difficile. C’est important pour la Tunisie et pour la conférence », a-t-il souligné.
Code d’investissement : gagner la confiance des opérateurs économiques
Sur la question de la loi sur l’investissement, ex-code de l’investissement, Fadhel Abdelkefi a estimé que la version actuelle n’évoque pas les exonérations fiscales en faveur des investissements. « L’Idée, en coordination avec le ministère des Finances, sera applicable dans le cadre de la nouvelle loi sur l’investissement en janvier 2017. L’objectif principal est d’accélérer l’investissement en Tunisie », a assuré le ministre.
« La loi sur l’investissement est une nouvelle étape pour l’économie Tunisienne. Seulement, on ne peut parler d’investissement s’il n’y a pas de sécurité et un bon climat des affaires. Il faut gagner la confiance des opérateurs économiques. Il y a, ensuite, les retardements administratifs auxquels il faut remédier », a déclaré Fadhel Abdelkefi concernant la loi, ajoutant qu’elle reste encore perfectible.
Conférence sur l’investissement : faire de la Tunisie une destination privilégiée
D’autre part, le ministre est revenu sur la grande conférence sur l’investissement, qui aura lieu les 29 et 30 novembre 2016. « Il est vital de faire valoir les points forts de la Tunisie », a commenté Fadhel Abdelkefi, qui précise que le gouvernement d’union nationale représente un premier atout. « Cette équipe a des chances d’être plus stable que les précédentes. Pour un investisseur, étranger ou tunisien, c’est un point positif », a souligné Abdelkefi, qui a poursuivit en déclarant que la réussite sécuritaire et la loi sur l’investissement sont les deux autres points forts qui doivent être mis en valeur à l’occasion de la grande conférence sur l’investissement. « L’objectif est de prouver que la Tunisie constitue une destination privilégiée pour l’investissement. La deuxième journée de la conférence sera l’occasion pour les secteurs privés, tunisien et étranger, de se rencontrer. Il y aura aussi une rencontre entre les organismes de financement internationaux et l’État tunisien », a-t-il affirmé.
Le déficit budgétaire : une situation critique
Le ministre du Développement a, à la fin, abordé la grande question du déficit budgétaire. Il a pointé du doigt la gravité de la situation, en faisant allusion à l’héritage laissé par les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011. « Le déficit de l’État, en 2010, s’est chiffré à 18,5 milliards de dinars environ. En 2016, il a atteint 30 milliards de dinars. En cinq ans, en plus de cette augmentation, les caisses de l’État ont été lourdement impactées par la baisse des revenus de l’exploitation des phosphates et, également, celle des revenus touristiques », a-t-il regretté. « La masse salariale est passée de 6,5 milliards de dinars en 2010 à 13 milliards en 2016 », a-t-il ajouté.
Par la même occasion, le ministre est revenu sur les critiques selon lesquelles l’État emprunte pour verser les salaires des fonctionnaires. « Oui, nous l’avons fait car les dettes ont explosé : de 25 milliards de dinars en 2010 à plus de 50 milliards en 2016. Ceux qui critiquent les politiques menées depuis la Révolution n’auraient certainement pas pu agir autrement compte tenu de la difficulté de la situation».
La seule solution, selon le ministre, c’est d’élargir le budget de l’État et de l’utiliser pour l’investissement public, tout en faisant très attention aux dépenses publiques.
Tout au long de son intervention, le ministre s’est montré à la fois alarmiste et rassurant. Un exercice auquel nous nous sommes habitués, gouvernement après gouvernement. Néanmoins, difficile de juger une équipe après seulement quelques jours d’exercice. L’équipe Chahed, pour faire ses preuve, aura besoin de temps, et surtout de volonté pour parvenir à trouver des solutions aux questions vitales, telles que la corruption, l’économie parallèle, la sécurité… Y arrivera-t-elle ? Et l’opposition dans tout cela : sera-t-elle bonne joueuse et livrera-t-elle des propositions constructives ? À quand de vraies solutions pour la contrebande et l’évasion fiscale qui pèsent lourd sur le budget de la Tunisie ?
C’est au gouvernement d’union nationale de répondre.
M.F.K