Le dernier communiqué du Conseil d’Administration (CA) de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a été des plus alarmants à propos de la conjoncture économique, financière et monétaire. Intervenant dans Expresso ce lundi 3 septembre 2018, l’expert économique, Hatem Zaâra, a affirmé que l’institution a signalé la fin de la récréation sur le plan bancaire. « Les prochains mois seront difficiles pour le secteur bancaire », a-t-il concédé.
L’expert a affirmé qu’il faudra s’attendre à ce que la BCT prenne des mesures fermes dans les prochains mois afin de faire face à cette situation. « L’institution a insisté sur le fait que la croissance est menacée par l’inflation. Avant la fin de l’année, on pourrait s’attendre à une hausse du taux directeur, voire deux hausses », a-t-il expliqué. La BCT s’est également exprimée au sujet de la dette, des réserves de changes, et du déficit colossal de la balance commercial, et là encore, des solutions doivent être élaborées. « La dette extérieure représente près de 4,5 fois le montant des réserves de change », a précisé l’expert économique.
Les banques lourdement sanctionnées
Sur le plan bancaire, Hatem Zaâra a indiqué que le taux de refinancement des banques a atteint les 16,5 milliards de dinars à la fin du mois d’août 2018. « Du jamais vu », selon lui. Dans ce contexte, la BCT a prévu de faire baisser la cadence au niveau du rythme d’achat de Bons de Trésor Assimilables (BTA). Le taux actuel en volume est de 60%. Il devrait passer, selon l’expert, à 40%. Par conséquent, les banques ne seront plus encouragées à acheter de la trésorerie pour financer le budget de l’Etat. « La BCT souhaite sans doute s’assurer une certaine indépendance, soulignant que l’Etat aura recours à d’autres mécanismes pour financer son déficit », a-t-il expliqué.
D’autre part, l’expert économique a souligné que le taux de couverture des crédits par les dépôts sera compris entre 110 et 120%, ce qui va constituer un coup dur pour les banques. De fait, ces dernières ne pourront plus accorder de crédits au cas où elles ne disposeront pas des liquidités nécessaires assurées par les dépôts des clients. « Les conséquences seront particulièrement visibles au niveau des prêts à la consommation qui seront sans doute revus à la baisse », a déclaré Hatem Zaâra.
Au sujet de la liquidité bancaire, l’expert a assuré que la situation est délicate et qu’elle se complique au fil des mois. « D’ordinaire, ces liquidités proviennent de l’exportation et des investissements étrangers. Aujourd’hui, on voit mal des investisseurs étrangers venir en Tunisie compte tenu de la conjoncture actuelle. La situation générale n’encourage pas les Investissements directs étrangers (IDE), et elle va se compliquer dans les prochains mois », a-t-il encore dit.