Economie: la planification est une exigence

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Limites et essoufflement du modèle de développement tunisien. Ce diagnostic appelle à une redéfinition de la nature de la croissance que la Tunisie souhaite mettre en œuvre à long terme. En effet, la révolte des jeunes est venue confirmer tant la pertinence du constat que l’urgence de solutions concrètes. Les évènements de décembre 2010/ janvier 2011 doivent être analysés comme la conséquence d’une situation d’exclusion et  de discrimination qui appelle des réponses fortes et réfléchies. Cependant, on reconnait qu’il ne peut y avoir désormais de réponses à des problèmes de cette ampleur que dans le cadre d’une vision stratégique de long terme. Une telle vision manque à la Tunisie.

En effet, l’avenir, dit-on, ne se prévoit pas mais se prépare. On ne saurait donc préparer l’avenir de la Tunisie sans une vision prospective des grandes tendances qui animent le monde, sans une analyse des forces et faiblesses structurelles de notre pays, sans une anticipation raisonnée des menaces à éviter et des occasions à saisir. Il faut, en effet, fixer des objectifs et définir…comment les atteindre! C’est à peu près ce message que le chef du gouvernement a souhaité transmettre lors de la présentation de son programme en annonçant l’élaboration d’un plan quinquennal de développement. En effet, une vision macroéconomique envoie des signaux importants au secteur privé sur l’orientation des politiques économiques et sur la crédibilité de l’engagement des pouvoirs publics à gérer l’économie avec efficience. Le climat de stabilité, en facilitant la planification à long terme et les décisions d’investissement, encourage les agents du secteur privé à développer leurs capacités de production.

La mise en œuvre d’une planification découle de la nécessité de donner une certaine cohérence aux interventions nécessairement multiples des Etats dans le processus du développement qui couvrent des objectifs tels qu’une accélération de la croissance, la création d’emplois, la transformation structurelle et le développement durable. L’efficacité des systèmes nationaux de planification dépend dans une grande mesure de la qualité et de la disponibilité des données statistiques, qui facilitent naturellement la détermination des priorités nationales et le suivi des résultats obtenus, ainsi que  la coordination entre les ministères des Finances et les ministères ou entités responsables de la planification et du développement, pour faciliter le rapprochement des cycles de planification avec ceux du budget, garantissant ainsi une mise en œuvre efficace du plan national de développement.

En matière de planification, l’histoire de la Tunisie est riche d’enseignement. Avec onze plans de développement socio-économiques menés depuis le début des années soixante jusqu’à la veille de la Révolution, la Tunisie a acquis une grande expérience en matière de planification.

Aujourd’hui, si la Tunisie souhaite vraiment parvenir à satisfaire les besoins et les attentes de sa population, il est nécessaire de tirer les bonnes leçons du passé et éviter surtout de répéter les mêmes erreurs. En effet, si les premières perspectives décennales (1962-1971) sont marquées par une réussite irréfutable, les trois dernières perspectives (1982-2011) font état d’imperfections regrettables. En effet, la planification est une tâche délicate et qui nécessite une coordination étroite entre les politiciens responsables et les scientifiques. La tâche des ces dernier consiste objectivement à exposer clairement ce qu’est la situation effective, quelles sont les tendances inhérentes vers un changement et quelles sont les conséquences auxquelles on peut s’attendre si l’on décide de mettre en place telle ou telle mesure ? Il s’agit, d’une manière plus simple, de suivre ce qu’exigera le bon sens et pragmatisme. Celui-ci nous dicte qu’il le convient tout d’abord d’analyser ce qu’est la situation réelle, puis ensuite de décider ce que l’on désire qu’elle devienne. A ce propos, il faut identifier les possibilités grâce auxquelles on a des chances de transformer la situation existante pour aboutir à la situation que l’on désire.

Le nouveau plan quinquennal doit surtout préciser ce qu’il faut faire, à quel moment, quelles compétences et quel investissement politique sont nécessaires et dans quels secteurs ? Étant donné les ressources limitées, les décideurs devraient concentrer leur effort dans les domaines qui peuvent le plus simuler la croissance. Mais pour fixer ces priorités, il faut faire preuve de subtilité de jugement et de beaucoup de pragmatisme. Partant de cette idée, la Tunisie doit adopter un ensemble de réformes orientées vers une croissance plus équilibrée et surtout innovante et créatrice d’emploi. La question qui se pose aujourd’hui est comment s’opérera l’ajustement inévitable et où situer l’ambition de la Tunisie? Le bon sens fait qu’il faut davantage d’efficacité économique pour faire face à des défis sociaux.

Il faut préciser, enfin, que la planification est un processus de décision, analytique  et administratif, qui désigne un ensemble cohérent de mesures à prendre et de  moyens à mettre en œuvre pour atteindre d’une façon optimale des objectifs  préalablement fixes. D’une manière générale, la planification doit être flexible et durable en même temps. L’art de la planification, est de résoudre la tension entre la persévérance des actions entreprises et la nécessite de repenser continuellement la politique.

Mohamed Ben Naceur

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