Economie tunisienne : Quand l’unique objectif est de plaire aux occidentaux

Par ignorance ou par conviction, les autorités tunisiennes à court d’idées et d’objectifs cherchent tout simplement à plaire aux directives des grandes puissances étrangères. Ces mêmes puissances recommandent à la Tunisie « ne fais pas ce que je fais mais fais ce que je dis« . Cela renvoie à la fameuse expression citée par l’Evangile, selon Saint Mathieu : « Omnia ergo quaecumque dixeri vobis servate et facite : secundum opera vero eorum nolite facere ; dicunt enim et non faciunt », ce qui signifie : « Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront, mais ne faites pas ce qu’ils font, car ils disent ce qu’il faut faire et ne le font pas ».
N’est-on pas en plein dedans?
Du GAFI à Doing Business en passant par le déficit budgétaire, tout est mis en œuvre pour plaire à des directives des pays occidentaux qu’eux-mêmes n’ont jamais appliqués ou respectés.
Notre élite, par ignorance ou stupidité, applaudit, saute et chante lorsque les grandes puissances sont satisfaites de nos efforts. Les actuels ministres et les prédateurs s’autoproclament être derrière ces performances, et cela relève de l’amateurisme enfantin.
Revenons au fond du sujet. S’agissant du GAFI, la Tunisie a été classée l’année dernière dans la liste noire au motif qu’il existait des failles dans le système économique et juridique qui permettaient le blanchiment d’argent. Le rapport de la CTAF soulignait entre autres que la loi gérant le secteur de la bijouterie permettait le blanchiment d’argent mais à notre connaissance, cette loi n’a pas été modifiée et permet toujours le blanchiment d’argent. Sans que rien ne change, les membres du GAFI ont décidé de retirer la Tunisie de la liste noire alors que le système économique et juridique est strictement le même. Pis encore, les transactions en espèces ont plus que doublé entre l’année dernière et cette année. Autrement dit, les grandes puissances internationales manipulent les critères à leur façon et leur guise.  Rappelons qu’en 2011, les autorités tunisiennes ont refusé aux libyens de transférer leurs dollars et leur or en Tunisie sous prétexte que l’origine de ces fonds est inconnue. Par conséquent, tous ces fonds sont logés actuellement dans l’Union Européenne, moins regardante donc, et plus précisément à Malte. L’Europe recommande ainsi à la Tunisie de réduire la taille des nœuds de ses filets tout en élargissant les siens pour attirer le maximum de fonds possible.
La question de Doing Business est quasi-identique. Le gouvernement a mobilisé toute l’administration pour gagner deux points dans le classement mais on ignore qu’avec la réglementation actuelle et surtout avec ce code des changes, personne n’aura envie de se risquer en Tunisie. Comment peut-on investir dans un pays où les taux d’intérêt sont à 12% ? Pis encore, beaucoup d’entreprises comptent quitter le pays pour s’installer ailleurs. La fermeture de l’usine des cuirs et chaussures à Béjà, il y a quelques jours, n’est que la face cachée de l’iceberg.
Le dernier point concernant le déficit budgétaire est aussi un signe d’ignorance. En effet, au moment où l’économie a plus que jamais besoin de stimulus budgétaire, le ministre des finances ferme tous les robinets des dépenses allant jusqu’à ne plus payer les fournisseurs de l’Etat dans l’unique objectif de réduire le déficit. A quoi sert-il de crier victoire en réduisant le déficit budgétaire à 3% en enterrant toutes les PME tunisiennes ? Le président français annonçait récemment qu’il ne respectera pas le critère des 3% de déficit rapporté au PIB si les intérêts de la France nécessitent un déficit supérieur. Pourquoi sommes-nous incapables de réfléchir à l’intérêt de nos concitoyens avant de chercher à plaire aux autres ? Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est une remise en cause des vieux paradigmes plus que révolus. L’intérêt de la Tunisie ne peut être assuré que par les tunisiens et non par les puissances occidentales. La notion du Best Practice est un grand mythe.

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