Journée noire, mercredi 18 mars 2015, au musée du Bardo. Journée triste, vécue par une Tunisie frappée au cœur. Le carnage perpétré contre des touristes innocents en croisière dans notre pays, a suscité une profonde consternation, en Tunisie et ailleurs, sans nous plonger dans la peur, ni, nous condamner à accepter cette fatalité. Cet acte infâme, unanimement dénoncé, ne pouvait que renforcer notre résolution et notre engagement à endiguer, à la racine, ce fléau ravageur et à protéger notre démocratie naissante encore fragile.
Même si dans ce genre de circonstances malheureuses, certains se complaisent dans la critique facile et les polémiques stériles, l’heure est, plus que jamais, à l’union sacrée entre tous les Tunisiens, quand bien même nécessaire pour engager une guerre totale contre ce terrorisme aveugle, dont le mode opératoire vient de franchir un palier annonciateur de tous les dangers et de tous les périls.
A l’évidence, une guerre totale contre cette gangrène ne peut être efficace et porteuse d’espoir, de paix et de développement, sans une mobilisation infaillible de tous les T unisiens, toutes familles politiques confondues, sans un engagement clair plaçant ce combat au fronton de toutes les priorités.
Mobilisation de toute la classe politique, de toute la société civile, de toutes les organisations nationales et de tout le peuple tunisien, pour combattre, en rangs serrés, cet ennemi commun, jadis cantonné dans les régions montagneuses de l’ouest et qui tente, aujourd’hui, de semer le chaos dans nos villes.
Aujourd’hui, il importe de prendre la mesure de la gravité de la situation et comprendre que cette guerre que notre pays est condamné à livrer contre cette hydre sera, à la fois, longue, éprouvante et coûteuse à tous points de vue. Elle exigera de grands sacrifices en moyens et en hommes et une redéfinition des priorités nationales.
Cette guerre devrait être l’unique objectif qui doit fédérer les Tunisiens, leur faire oublier leurs différences, leurs divergences et, de surcroit, leur faire comprendre qu’il est temps d’opter pour des choix essentiels, en toute conscience et sérénité. Des choix difficiles qui offrent l’opportunité d’établir une véritable hiérarchie de nos priorités en orientant tous nos efforts vers tout ce qui est vital et en concentrant l’action vers tout ce qui touche à la sécurité, à la stabilité et au modèle de société choisi délibérément par les Tunisiens.
En rangs dispersés, il serait impossible, voire illusoire d’espérer un résultat à la hauteur des espérances. Il faut comprendre que dans le contexte que connait la Tunisie actuellement – en butte à des difficultés économiques graves, à des mouvements sociaux revendicatifs et à des périls sécuritaires de plus en plus menaçants – la guerre contre le terrorisme se traduira par un prix que toute la communauté est appelée à payer, à partager. Renforcer les forces de sécurité nationale et l’Armée pour leur permettre d’assurer la sécurité du pays et son intégrité, avec aptitude et confiance, exige de grands sacrifices et une haute conscience de la part de toutes les catégories sociales.
L’objectif est clair et la voie à suivre toute tracée. Il revient, désormais, à tout un chacun de choisir le moyen idoine pour aider le pays à assurer sa sécurité et sa stabilité.
Après quatre années d’agitation sociale ininterrompue, il est grand temps de prendre acte de ce qui s’est passé au Bardo, pour ne pas éparpiller davantage nos efforts et moyens et prendre conscience que cette guerre vaut tous les sacrifices que les Tunisiens peuvent consentir pour que le pays sorte plus fort et plus uni de cette dure épreuve.
S’il y a une leçon à retenir, c’est celle de l’électrochoc provoqué par le carnage du musée du Bardo. Il a eu le mérite de nous réveiller de notre torpeur, de révéler nos carences et, surtout, de ressusciter en nous l’instinct salvateur de l’unité nationale.