À l’occasion de sa première conférence de presse en tant que ministre de l’Éducation de ce jeudi 14 septembre 2017, Hatem Ben Salem affirme que son département est conscient des problématiques auxquelles il fait face, et c’est justement l’un des objets de la tenue de ce rendez-vous médiatique. « Nous faisons tout notre possible pour qu’une solution satisfaisante soit élaborée dans les prochaines heures », déclare-t-il à propos du dossier des enseignants suppléants. Un sujet de discorde qui fait grincer des dents côté syndicat, qui n’ont pas manqué de brandir leurs banderoles devant le siège du ministère pour souhaiter la « bienvenue » à son nouveau locataire.
Une main tendue aux syndicats
Hatem Ben Salem poursuit en affirmant que les concertations vont bon train avec les parties syndicales. « Malgré les conditions de travail difficiles, nous ferons en sorte d’assurer une rentrée réussie. Les médias, dans ce contexte, sont appelés à nous informer pour que nous puissions améliorer notre travail. Nous n’avons rien à cacher, nous travaillons dans la transparence totale et nous travaillons avec toutes les parties prenantes au dialogue sur les questions de l’éducation », explique encore le ministre. C’est sans doute un clin d’œil aux syndicats, une manière de leur dire que finie la « méthode Jelloul » qui consistait à travailler dans son coin, loin des syndicats.
Plus de 1 million d’écoliers et 156 000 instituteurs
La conférence de ce jeudi était également l’occasion pour le ministère de donner le ton de la rentrée scolaire 2017-2018, en présentant les chiffres de la rentrée. C’est Kamel Hajem, directeur général des écoles primaires au sein du ministère qui a commencé, en avançant le chiffres de 2,088 millions d’élèves reprendront dès demain les bancs de leurs écoles – primaire, collège et lycée confondus -. « Le nombre total des élèves a augmenté de 41 000 par rapport à l’an dernier. Ils étudieront dans les 6093 établissements scolaires du pays. Le nombre d’écoliers – préparatoire et primaire – a atteint 1,185 371 million cette année. Les cours seront assurés par 156 000 instituteurs », explique-t-il. Ainsi, selon le directeur général, on compte une moyenne nationale d’1 instituteur pour 17,2 élèves. Le rapport élèves-instituteur du gouvernorat de Zaghouan est le plus élevé du pays : 1 instituteur pour 22,3 élèves. En bas du classement, on trouve le Kef, avec 1 instituteur pour 11,6 élèves. On compte 18,1 élèves pour un instituteur à Tunis.
Système semestriel maintenu
Kamel Hajem, annonce, d’autre part, que 355 écoles préparatoires ont ouvert leurs portes à l’occasion de la rentrée des classes 2017-2018. « L’école numérique fera son entrée dans 52 établissements scolaires. Ce concept sera progressivement généralisé. Le ministère a aussi renforcé l’encadrement des élèves aux besoins spécifiques, à travers le recrutement de 32 psychologues supplémentaires, pour atteindre un total de 52 spécialistes », ajoute-t-il encore.
Sur la question du temps scolaire dans les écoles primaires, Kamel Hajem souligne que le calendrier des vacances a été modifié dans l’optique de le faire coïncider avec les vacances universitaires de l’hiver. Néanmoins, le système semestriel. sera maintenu. Par ailleurs, le directeur général des écoles primaires souligne que les travaux de construction de 13 nouvelles écoles primaires ont été finalisées, pour une enveloppe totale de 4,5 millions de dinars. « Des projets d’extension ont porté sur 171 écoles pour un montant total de 11 millions de dinars. 154 établissements ont bénéficié de travaux de maintenance et de restauration, pour un montant de 20,7 millions de dinars », précise-t-il.
Collèges et lycées : 73 500 professeurs pour 902 595 élèves
Au niveau des collèges et des lycées, Mondher Dhouib, directeur général de l’enseignement secondaire au sein du ministère de l’Éducation, rappelle que 902 595 collégiens et lycéens reprendront les cours ce vendredi. « Les cours seront assurés par 73 500 professeurs dans 1512 établissements. La moyenne nationale est de 1 professeur pour 11,7 élèves. Nabeul est au sommet du classement avec 13,2 élèves pour 1 professeur. En bas du classement, on trouve Kébili avec 9,6 élèves pour 1 enseignant », déclare-t-il. À l’instar du primaire, le calendrier des vacances scolaires a été modifié, tout en gardant le système semestriel. « La circulaire relative à l’organisation des examens sera publiée prochainement », assure Mondher Dhouib.
Le directeur général de l’enseignement secondaire souligne, par la suite, que 4 nouveaux établissements scolaires ont été construits, pour un montant total de 12,750 millions de dinars. Les travaux d’extension ont porté sur 39 collèges et 32 lycées, pour, respectivement, un total de 3,3 et 2,2 millions de dinars. Quant aux travaux de restauration, ils ont touché 53 collèges et 51 lycées avec des coûts respectifs de 17,6 millions de dinars et 19,3 millions de dinars.
2 nouveaux foyers et 45 nouveaux restaurants scolaires
Sur le plan des services scolaire, le directeur de la vie scolaire, Tarek Loussif, souligne que 40 millions de dinars ont été débloqués pour assurer le logement et l’organisation de la vie scolaire : 24 millions pour le primaire et 16 millions pour le collège et le lycée. « Deux nouveaux foyers ont vu le jour, pour un montant de 2,5 millions de dinars. 45 restaurants scolaires ont aussi été construits, pour un coût total de 3 millions de dinars », précise-t-il, soulignant que les services de restauration devraient permettre d’assurer les repas de 353 000 élèves.
Enseignants suppléants : « l’État respecte ses engagements »
L’attention du ministre de l’éducation a été portée, par la suite, sur les questions brûlantes des enseignants suppléants, de la détérioration du niveau du système éducatif et des cours particuliers – le clientélisme de certains instituteurs -. Hatem Ben Salem s’est voulu clair : « quand l’État s’engage dans quelque chose, il doit honorer cet engagement, c’est cela le prestige de l’État », dit-il, assurant que le gouvernement est prêt à résoudre la question des enseignants suppléants, mais seulement par la voie du dialogue. « Il faut que chaque citoyen prenne en considération la difficile situation des finances publiques. De nouvelles mesures vont arriver pour que la question ne se pose plus », déclare-t-il encore.
« Incapacité à élaborer un programme adapté aux besoins du pays et du monde »
Au sujet de la détérioration du niveau du système scolaire, le ministre concède cette réalité, mais rappelle qu’il ne s’agit pas d’une exclusivité tunisienne. « Le ministère de l’Éducation a toujours œuvré pour l’amélioration du système scolaire. Notre richesse réside dans nos ressources humaines », dit-il. Il reconnaît, néanmoins, que le problème d’éducation est réel. « C’est le résultat de notre incapacité à élaborer un programme adapté aux besoins du pays et du monde », note-t-il, assurant que tous les moyens possibles seront déployés pour la résolution de cette problématique.
Sur la question des cours particuliers, Hatem Ben Salem considère que la coercition ne constitue pas la solution. Il insiste, en revanche, sur la nécessité d’encadrer ces cours. « Je ne suis pas opposé au principe des cours particuliers, mais que leur encadrement soit raisonnable et que ces cours soient bénéfiques pour les élèves », souligne-t-il.