Le spectre de l’inflation plane encore sur le pays le plus peuplé du monde arabe, l’Égypte, la faisant vaciller sur une corde tendue. L’Agence centrale de la mobilisation publique et des statistiques (CAPMAS) dévoile une ascension vertigineuse du taux d’inflation à 38,2% en juillet 2023, un bond qui laisse derrière lui les 14,6% de l’an passé à la même période.
Sommet inédit depuis la crise monétaire de 2016
La flambée semble propulser les prix vers un sommet encore plus élevé que celui qui avait été atteint lors de la crise monétaire qui avait secoué l’Égypte en 2016. La population assiste à une hausse déconcertante du coût de la vie, mettant ainsi de plus en plus de pression sur les bourses déjà tendues des ménages.
Une tempête inflationniste éclectique
Le phénomène s’explique par une kyrielle d’augmentations échevelées : une escalade de 68,2% du coût des denrées alimentaires et des boissons, un saut de 16,5% dans les secteurs des transports et des communications au mois de juin, comparé à l’année précédente. L’éducation, pour sa part, grimpe de 7,7%, tandis que les soins de santé affichent une envolée de 22,6%. Les restaurants et hôtels, tout aussi touchés, connaissent une inflation frappante de 50,3%.
Inflation cascade
Dans cette spirale infernale, le coût des biens moins essentiels grimpe également en flèche : les boissons alcoolisées et le tabac, avec une hausse de près de 51,9%, la culture et les divertissements enregistrent une ascension de 29,4%. Même le mobilier et l’équipement domestique ne sont pas épargnés, avec une augmentation de 41,5% sur une base annuelle.
Impact diffus
Le logement, l’eau, l’électricité, le gaz et le carburant, éléments incontournables du quotidien, subissent eux aussi une inflation de 6,9% par rapport à l’année précédente en juillet. Les vêtements et les chaussures enflamment les étiquettes avec une augmentation de 23,9%. Même les télécommunications, a priori moins sujettes aux fluctuations, enregistrent une hausse de 1,5%, et les autres biens et services ne sont pas en reste, avec une poussée de 29,7%.
Actions désespérées : Resserrement de la politique monétaire
Le tourbillon inflationniste, qui a déjà sévi pendant trois mois consécutifs, explique en partie la décision inattendue de la banque centrale de relever les taux d’intérêt de 100 points de base (soit de 1%) la semaine dernière. Une tentative désespérée pour maîtriser la frénésie inflationniste qui menace de faire voler en éclats l’économie du pays.
La livre égyptienne : Un équilibre fragile
La livre égyptienne, quant à elle, tente de rester stable mais lutte dans cette mêlée tumultueuse. Côté officiel, elle se maintient à 30,9 pour un dollar, tandis que dans les coulisses du marché noir, elle flirte avec les 38 unités. Un tableau qui n’est pas sans susciter les préoccupations du président Abdel-Fattah El-Sissi. En juin dernier, il a sonné l’alarme sur les répercussions des dévaluations monétaires, avertissant que la nation, forte de plus de 100 millions d’âmes, ne supporterait pas longtemps un affaiblissement supplémentaire de sa monnaie.
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