Égypte: une loi sur le droit de manifester attise les controverses

La semaine dernière, l’Égypte a de nouveau connu de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Jeudi, un étudiant a été tué lors d’une manifestation des pro-Morsi, le président déchu. Néanmoins les manifestations ont continué, ainsi que les violences. Seulement, cette fois-ci, les «révoltés» ne se limitent plus aux islamistes. Deux visages laïcs connus de la Révolution de 2011 ont été arrêtés : Alaa Abdel Fattah et Ahmed Maher, fondateur du mouvement «6 avril». Aujourd’hui les militants égyptiens sortent de nouveau dans la rue protestant contre la loi relative aux manifestations.

 

Dimanche, le gouvernement a décrété une loi exigeant une autorisation délivrée par la police pour pouvoir manifester. La demande de l’autorisation devra être présentée trois jours avant le rassemblement et comporter le lieu et la trajectoire de la manifestation, les revendications, mais aussi les slogans qui y seront scandés.

Les réseaux sociaux égyptiens se sont vite enflammés, jugeant cette initiative comme un retour à l’ère de la dictature. Les Égyptiens sortis protester avant le 2011 pour lutter ne l’ont pas fait uniquement contre le régime de Moubarek, mais également contre le pouvoir militaire et l’État d’urgence dont ils subissaient les abus.

La loi promulguée stipule par ailleurs que les autorités peuvent interdire certaines manifestations pouvant représenter une menace à la sécurité publique. Elle leur permet de sévir contre les contrevenants et d’user de répression policière violente en cas de rassemblement. Le port de cagoule, tout comme le port d’arme lors de manifestations seront punis d’un an à cinq ans de prison. Dans le cadre de l’utilisation graduée de la force en cas de violence de la part des manifestants, les forces de l’ordre peuvent user d’avertissements, tirs de chevrotine, canons à eau, matraques et gaz lacrymogène. Aujourd’hui certains militants expliquent que la loi tend à les empêcher de protester, surtout à la veille d’un referendum national sur les amendements apportés à la  Constitution.

Le comité des 50 se chargeant de la révision de la Constitution a entamé samedi le vote final sur la nouvelle loi fondamentale. Elle sera ensuite soumise à référendum. Certains articles sont déjà critiqués pour avoir maintenu les privilèges de l’armée, tel le jugement d’un civil par les militaires ou le droit de regard sur la nomination du ministre de la Défense pendant deux mandants.

De son côté, le gouvernement égyptien soutient que la loi a été adoptée pour organiser l’exercice de ce droit, sauvegarder la paix civile et mettre fin aux manifestations pro-Morsi.

H.A.

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